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La protection de l'abeille noire en Wallonie

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 82 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 03/12/2019
    • de CLERSY Christophe
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    L’abeille noire, scientifiquement appelée apis mellifera mellifera, est une abeille présente en Europe du Nord depuis plus de 1 million d’années. Elle s’adapte d’habitude facilement aux climats et paysages, mais aujourd’hui, elle est menacée de disparition.

    En effet, les apiculteurs préfèrent importer des abeilles plus productives en miel et donc plus rentables. Ces importations exposent nos abeilles à des risques d’hybridation et de transmission de maladies.

    Or, l’abeille noire a un rôle indispensable à la pollinisation des végétaux et est, dès lors, essentielle à l’écosystème. Elle est d’ailleurs utilisée pour pratiquer une apiculture respectueuse de la biodiversité et plus durable. C’est pourquoi certaines communes comme celles de Chimay et d’Houffalize ont pris la décision d’interdire la Buckfast pour donner place à l’abeille noire.

    De plus, il est indispensable de protéger les abeilles sauvages également en dehors de l'apiculture, car le défi de sauvegarde est encore plus grave pour ces abeilles qui ne sont pas mellifères.

    Dans ce cadre, est-ce que la Région wallonne dispose de chiffres sur ces importations en Belgique et plus précisément en Wallonie ?

    Madame la Ministre a-t-elle un recensement des apiculteurs qui travaillent la Buckfast et l’abeille noire en Région wallonne ?

    Pour conclure, j’aimerais savoir quels sont les moyens mis en place par ses services pour protéger et sauvegarder ces abeilles.
  • Réponse du 21/04/2020
    • de TELLIER Céline
    La Région wallonne ne dispose pas de données chiffrées sur les importations d’abeilles. Celles-ci sont régies par la Directive 92/65 (transposée par l’arrêté royal du 18/12/2015) et par les règlements (UE) n° 206/2010 et 2016/429, dont la mise en application relève de l’AFSCA.

    De même, il n’existe pas de recensement proprement dit faisant état de la répartition précise des races d’abeilles détenues par les apiculteurs wallons. Pour autant, trois zones dans lesquelles l’élevage d’une race prédomine peuvent être identifiées en Wallonie :
    - l’abeille noire domine dans le Hainaut, la moitié ouest du Brabant wallon et une frange ouest de la Province de Namur ;
    - l’abeille Buckfast domine dans la moitié est du Brabant wallon, une grosse partie de la Province de Namur, dans toute la Province du Luxembourg et dans la moitié est de la Province de Liège ;
    - la Carnica est quant à elle confinée dans la moitié est de la Province de Liège, où elle est affectionnée particulièrement par les apiculteurs germanophones.

    Les proportions de ces races dans la population wallonne pourraient être approximativement de 40, 22 et 16 %, respectivement pour la race Buckfast, l’abeille noire et la Carnica, le reste étant essentiellement composé d’abeilles « tout venant », c'est-à-dire d’hybrides de toutes les populations présentes sur le territoire. Le projet SELAPIS, mené de 2012 à 2017 par l’ULg Gembloux Agro-Bio Tech a confirmé que les populations d’abeilles mellifères wallonnes sont fortement hybridées.

    L’ASBL « Mellifica » assure dans la région de Chimay la conservation, l’élevage et la sélection de l’abeille noire belge, aussi appelée « abeille noire de Chimay ». L’administration réfléchit à la reconnaissance de l’abeille noire de Chimay comme race officielle, ce qui permettrait entre autres, de conférer le statut d’association d’élevage à l’ASBL Mellifica et, par-là, de conforter son action.

    Pour ce qui concerne plus largement la préservation des abeilles sauvages, il convient avant tout de restaurer leurs habitats, ce qui est l’objectif de diverses de nos mesures, telles que les mesures agro-environnementales et climatiques, le projet de plantation de quelques 4 000 km de haies en Wallonie, ou encore le Plan Maya.

    Par ailleurs, il importe également de réduire l’exposition des abeilles sauvages aux contaminations de l’environnement. A ce titre, différentes études menées en Wallonie doivent permettre d’apporter des précisions quant à l’impact des pesticides sur les abeilles et dès lors, de cibler des mesures appropriées et complémentaires aux restrictions récentes d’usages des pesticides, vis-à-vis des particuliers et des pouvoirs publics.