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La pollution provoquée par les souffleurs de feuilles

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 85 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 03/12/2019
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    La RTBF consacrait, ce jeudi 21 novembre 2019, un reportage sur les souffleurs de feuilles. Si l’appareil est bien pratique, il semble toutefois qu’il présente des désavantages qui ne sont pas sans conséquence sur l’environnement.

    En effet, les feuilles qui tombent en automne participent au cycle naturel par les fonctions que celles-ci devraient normalement remplir en se décomposant. Renouvellement du substrat, abris et nourriture pour les insectes et petits rongeurs, développement de champignons.

    De plus, les souffleurs de feuilles semblent, en plus de la pollution sonore de l’ordre de 85 à 105 dB pour les plus puissants, provoquer de la pollution par hydrocarbures, qui serait jusqu'à 299 fois plus importante pour ces petits appareils qu’une camionnette dont le moteur tournerait pendant une demi-heure selon une étude américaine relayée il y a quelques années par le « Washington Post », sans compter le renvoi de poussière dans l’air.

    Madame la Ministre a-t-elle connaissance de cette problématique ?

    Quelle lecture en a-t-elle ?

    Est-ce qu’une législation visant à réduire ou supprimer ce type d’appareil est-elle en cours ?

    Est-ce que des alternatives existent ?

    Enfin, en vue de laisser le cycle naturel s’exécuter, est-ce qu’une campagne de sensibilisation est inscrite à son agenda ?
  • Réponse du 21/04/2020
    • de TELLIER Céline
    L’administration wallonne a pris connaissance de cette étude américaine, déjà assez ancienne puisque datant de 2011, et relayée par le Washington Post en 2013.

    Au demeurant, il parait utile de mentionner que le Washington post ne manquait pas de traiter le sujet avec une certaine dose d’humour et d’ironie, parlant d’un risque de disparition de la civilisation occidentale (si les feuilles mortes n’étaient plus ramassées) et s’étonnant du fait que les tondeuses à gazon ne fassent pas l’objet de critiques de la même ampleur que les souffleurs de feuilles.

    Les émissions COV et CO de certains souffleurs de feuilles, en particulier à moteur 2temps, dépassent celles des camionnettes essence et à fortiori diesel. Pour les NOx la situation est différente. Le problème est donc lié aux motorisations deux temps, et peut être étendu à d’autres équipements utilisant ce type de motorisation, tels que les tondeuses à gazon, par exemple.

    Dans les deux cas, Il faut dès lors privilégier les appareils électriques fonctionnant sur secteur ou sur batterie, d'autant qu'elles sont moins bruyantes. Mieux encore, on préférera les systèmes mécaniques : balayage ou ramassage manuel dans la mesure du possible. Evidemment, l'évacuation des feuilles sera évitée là où leurs propriétés de régénération sont essentielles, en particulier sur les sols boisés.

    Il convient de laisser aux communes le soin de réglementer l'usage des souffleuses de feuilles, comme elles le font pour les tondeuses à gazon.

    Concernant le cycle naturel, effectivement, en conditions naturelles, la litière, soit « l’ensemble des matières constituées des feuilles mortes et de débris végétaux provenant de la végétation arborée et arbustive », est une source essentielle de nourriture pour la faune du sol ainsi que pour des communautés de champignons et de bactéries. Les collemboles, acariens, lombrics, cloportes notamment mais aussi des mollusques tels des limaces et escargots en sont directement dépendants. Eux-mêmes constituent la base de l’alimentation de plus gros insectes, qui nourrissent de nombreux oiseaux (accenteurs, merles, grives, etc.) et micromammifères (taupe, musaraignes).

    Enfin, la limite du niveau de puissance acoustique de ce type d’appareil est une norme « produit » et relève donc de la compétence du SPF Santé Publique, Sécurité de la Chaîne Alimentaire et Environnement. Il existe différents arrêtés royaux déterminant le niveau sonore de véhicules, engins ou appareils mais les souffleurs de feuilles n’y sont pas encore visés.

    Cependant, un marquage indiquant le niveau de puissance acoustique garanti par le fabricant doit être apposé sur chaque appareil afin d’informer l’utilisateur et de lui permettre de choisir le modèle le moins bruyant possible.

    La nuisance sonore liée à l’utilisation de ce type de matériel n’est pas réglementée par la législation régionale et relève des troubles de voisinage pouvant être encadrés par les pouvoirs communaux dans leurs règlements.