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Le dépistage du cancer du sein

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 64 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 16/12/2019
    • de DURENNE Véronique
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Depuis plus de 30 ans maintenant, le mois d'octobre se pare de rose pour lutter contre le cancer du sein. Une femme sur neuf sera touchée par cette maladie à un moment de sa vie. Un constat interpellant qui montre comme il est important de lutter pour la prévention et contre la forme de ce cancer la plus répandue chez les femmes.

    Pourtant, selon l'ASBL Think Pink, trop peu de femmes se font dépister. Moins de 10 % des femmes effectuent le mammotest. Cela ne veut pas dire qu'elles ne font pas, par ailleurs, une mammographie auprès de leur gynécologue, mais en tout cas au niveau du mammotest, il y en a moins de 10 % qui l'effectuent, alors que, par exemple, on constate qu'en Flandre, la statistique est de 52 %.

    En outre, il y a quelques mois, le Docteur Cusumano, Médecin spécialiste du cancer du sein au CHC de Liège, mettait en lumière le fait qu'il recevait en consultation un nombre croissant de patientes âgées atteintes de cancer du sein à un stade avancé, précisant que la majorité de celles-ci émanait de maisons de repos ou de structures similaires.

    Tout d'abord, la Région wallonne a-t-elle participé, d'une manière ou d'une autre, à la campagne « Octobre rose » ?
    Dans l'affirmative, Madame la Ministre peut-elle me préciser de quelle manière ?

    Ensuite, sur base du constat précité, peut-elle me faire part des données disponibles concernant le dépistage du cancer du sein chez les femmes de plus de 69 ans au cours de ces dernières années ?

    Enfin, quelles mesures prévoit-elle afin d'améliorer le dépistage chez les femmes plus âgées ?

    Un renforcement de la communication concernant le dépistage au sein des maisons de repos est-il prévu ?
  • Réponse du 13/01/2020
    • de MORREALE Christie
    Depuis mars 2018, le Centre Communautaire de Référence pour le dépistage des cancers (CCR) collabore étroitement avec Think Pink. Il a participé activement aux réunions organisées par Think Pink pour préparer le contenu de la campagne d’octobre rose 2018 (réitérée en 2019).

    Le choix de mettre en évidence les garanties de qualité qu’offre le mammotest a été fait de manière conjointe par Think Pink, Brumammo et le CCR. La brochure éditée à cette occasion est disponible sur le site du CCR (Brochure CCR Think Pink https://www.ccref.org/campagneSein/pdf/thinkpink.pdf). Par ailleurs, le CCR a aussi participé à la table ronde organisée par Think Pink le 8 octobre dernier.

    En ce qui concerne le dépistage chez les femmes plus âgées, il s’avère que le risque de cancer du sein est le plus important chez les femmes âgées entre 50 et 69 ans et que c’est auprès de ces femmes que le dépistage est le plus efficace.

    C’est la raison pour laquelle il s’agit du groupe cible du programme de dépistage du cancer du sein en Wallonie.

    Selon l’enquête de santé de 2018 réalisée par Sciensano (Sciensano, Dépistage du Cancer, Enquête de santé 2018 : https://his.wiv-isp.be/fr/Documents%20partages/SC_FR_2018.pdf), en Belgique, 67,3 % des femmes âgées de 50 à 69 ans déclarent avoir eu une mammographie au cours des deux dernières années pour 64,2 % en Wallonie. Toutefois, notons que cette différence n’est pas significative.

    Le taux de couverture en dehors des groupes cibles en particulier pour les femmes âgées de 70-79 ans est utilisé par Sciensano pour évaluer le « sur-dépistage » et est de 41,2 % pour l’ensemble de la Belgique.
    Actuellement, si le dépistage a lieu chez les femmes de plus de 70 ans, il se fait donc hors du programme de dépistage organisé sous forme de mammographie diagnostique prescrite.

    De plus, pour les femmes de plus de 74 ans, il n'y a aucune « Evidence Based » de l'utilité du dépistage du cancer du sein.

    Par ailleurs, le nombre de consultations des patientes âgées, en supposant que l’honorable membre fait référence aux patientes de plus de 69 ans, pourrait en partie aussi s’expliquer par différents faits :
    - le vieillissement de la population ;
    - l’augmentation du taux d’incidence des cancers tous types confondus avec l’âge et du fait que le cancer du sein est le plus fréquent chez la femme (sur base des 5 dernières années, on observe ainsi que le % de stades inconnus est de 12 % et 21 % pour les femmes respectivement âgées entre 80 et 89 ans et celles âgées de 90 ans et plus. Pour les femmes plus jeunes, ce taux est de 6 à 7 %) ;
    - un effet indirect des campagnes médiatiques pour le dépistage du cancer du sein sur la population non ciblée par les programmes organisés.

    Enfin, rappelons que l’introduction d’une nouvelle tranche d’âge pour le dépistage organisé ne dépend pas uniquement de la Région wallonne, cela implique aussi le niveau fédéral, car une modification de la nomenclature INAMI pour un remboursement adapté à ce potentiel nouveau public cible est nécessaire.

    S’il existe actuellement des recommandations européennes de dépistages du cancer du sein publiées par l’ECIBC (European Commission Initiative on Breast Cancer European guidelines on breast cancer screening and diagnosis (2019) https://healthcare-quality.jrc.ec.europa.eu/european-breast-cancer-guidelines/screening-ages-and-frequencies) qui prennent en compte les 70-74 ans (mise à jour d’octobre 2019), pour les femmes de plus de 74 ans, il n'y a aucune preuve de l'utilité du dépistage du cancer du sein.

    L’opportunité de mettre en place une conférence scientifique, regroupant les experts en la matière afin de mettre à jour le protocole du programme de dépistage organisé du cancer du sein afin de le renforcer, est à l’étude.