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L'adultération des miels

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 131 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 08/01/2020
    • de FLORENT Jean-Philippe
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    L'adultération des miels est une pratique qui consiste en l'ajout d'une substance étrangère au miel (sucre, sirop, eau …). Il est bien sûr interdit de vendre du miel si celui-ci a été coupé de la sorte. Or, de nombreux miels présents en masse sur les rayons de nos supermarchés qui ont été analysés contiennent des ajouts et sont donc frauduleux.

    Il existe deux pratiques d'adultération du miel, la première consiste en l'ajout pur et simple d'une matière sucrée pour augmenter la quantité de miel et donc en vendre plus. La seconde est plus subtile et parfois accidentelle, elle consiste à alimenter les abeilles pendant la période de miellée. Elles produisent alors plus de miel, mais avec une teneur en glucose ajouté qui reste interdite. C'est également une pratique plus difficile à détecter.

    Par ces nombreux miels présents en supermarché, les consommateurs sont grugés sur la qualité du miel et les apiculteurs font face à une concurrence déloyale avec des miels qui affichent des prix défiant toute concurrence!

    Il apparaît dès lors essentiel de sensibiliser d'une part les consommateurs et, d'autre part, les apiculteurs.

    Quelles sont les initiatives qui ont été prises pour encourager la production de miel local, de qualité ?

    Quels en sont les résultats ?

    Monsieur le Ministre a-t-il saisi le comité de concertation à ce sujet ?

    Quelles initiatives ont été prises pour sensibiliser les apiculteurs professionnels et amateurs pour éviter des adultérations accidentelles ?

    Est-ce que les appellations d'origine ou les labels de qualité ne constituent pas des pistes de solution ?
  • Réponse du 22/01/2020
    • de BORSUS Willy
    L’adultération des miels par ajout de sucres est en effet un phénomène préoccupant. Le CARI (Centre apicole de Recherche et d’Information à Louvain-la-Neuve) y consacre régulièrement des analyses dans les pages de sa revue Abeilles & Cie.

    Je tiens cependant à préciser que l’on ne parle d’adultération que lorsqu’un ajout volontaire est réalisé dans un objectif de profit, avec pour résultat un produit qui trompe le consommateur. 

    Le cas de la remontée accidentelle de sirop dans les hausses ne correspond donc pas à cette définition de l’adultération, bien qu’elle doive faire l’objet d’une amélioration des pratiques apicoles et d’une information spécifique.

    Notons également que l’adultération ne relève pas d’un problème de santé publique, mais bien de pratique commerciale déloyale et trompeuse pour le consommateur. En cas de fraude, les sanctions appliquées sont celles prévues par le Code de droit économique. Les - seuls - contrôles officiels mis en œuvre le sont dans le cadre du Plan européen de contrôle des miels ; le SPF Economie prélève et analyse pour la Belgique une centaine d’échantillons par an. Étonnamment, le taux de fraudes est deux fois plus important pour les miels UE (20 %) que pour les miels d’importation (10 %). Ceci est probablement dû à la technique analytique utilisée qui permet de détecter de faibles contaminations (involontaires) du miel par du sucre de nourrissement d’hiver, alors que les sirops utilisés frauduleusement par de gros industriels, essentiellement dans certains pays tiers, demeurent indétectables. Pour preuve, lors des 3 jours de conférences organisés par le CARI sur le miel les 9, 10 et 11 novembre derniers, au cours desquels les problèmes de marché et d’adultération ont été au cœur des débats, un responsable d’un laboratoire d’analyse chinois y a présenté la situation - catastrophique du point de vue de la fraude - dans son pays. Il a indiqué que, pour un miel vendu à l’exportation à 2 euros le kg (!), les fraudes ne sont pas détectables même avec du matériel sophistiqué...

    Ce sujet (marché et adultération) a fait dernièrement l’objet du point principal du groupe de travail Miel du COPA COGECA présidé par Étienne Bruneau du CARI (représentant de la FWA) et des propositions d’actions ont été présentées à la Commission lors du groupe de dialogue civil apiculture (étiquetage des pays d’origine, nouvelle série de contrôles sur les gros lots de miels importés, mise en place d’un centre d’authentification des miels, et cetera).

    Quant au problème des remontées accidentelles de sirop au printemps dans les hausses, il est pris à bras le corps par le secteur via notamment l’information des apiculteurs : de récents numéros de la revue Abeilles & Cie (171 et 178) ont traité spécialement de la problématique. Des recommandations sont données tant sur la qualité des sirops que sur les bonnes pratiques d’apport de ces sirops.

    En matière de valorisation de la qualité, le laboratoire du CARI, soutenu par un cofinancement UE - Région wallonne, permet à chaque apiculteur de faire analyser la fraîcheur et l’origine botanique de son miel. Les apiculteurs peuvent, en fonction des résultats, apposer des étoiles sur leur étiquette qui prouvent la totale traçabilité du miel et garantissent son origine et sa qualité. 

    Le concours « miel » organisé par le CARI tous les ans a eu lieu le 9 novembre dernier. 85 miels y ont été présentés. L’événement, organisé en collaboration avec l’APAQ-W, a remporté un réel succès.

    Enfin, depuis de très nombreuses années, la Région wallonne soutient l’élaboration d’un dossier « Miel wallon IGP » qui regroupe plusieurs apiculteurs importants de notre région. Par l’obtention de cette reconnaissance, les apiculteurs wallons souhaitent faire reconnaître la qualité de leur travail, leur souci continu de l’amélioration de la qualité du produit et leur savoir-faire. Ils espèrent incidemment rassurer le consommateur sur l’origine et la pureté de leur miel, en réaction aux fraudes qui ternissent régulièrement l’image du produit.