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La production d'orge brassicole en Wallonie

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 136 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 10/01/2020
    • de BOTIN Frederick
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    La bière est une institution en Belgique et à l'étranger. En effet, nous exportons du malt et des bières partout dans le monde. La grande majorité de l'orge brassicole belge est produite en Wallonie. Cependant, les quantités d'orge brassicole semées ont particulièrement diminué ces dernières décennies et obligent les malteries belges à importer plus de 90 % de l'orge qu'elles utilisent.

    Face à l'augmentation du nombre de mini-brasseries locales ces dernières années (+70 % entre 2010 et 2015), des initiatives visant à produire et utiliser localement des céréales se multiplient et une part non négligeable des consommateurs, des brasseurs et des malteurs sont sensibles à ces démarches.

    Face à cette demande grandissante, un plan stratégique de développement, piloté par le collège des producteurs, l'APAQ-W, Terra Brew et le SPW, a été lancé pour 2017-2027.

    En plus de présenter l'état des lieux de la filière, ce plan entend développer de manière concrète une série de plans d'action visant, à long terme, à envisager que l'ensemble des brasseurs wallons utilise le malt d'orge local.

    À plus court terme, le plan se donnait deux ans (objectif 2019) pour soutenir les différentes initiatives pionnières existantes ou en gestation afin de doubler la superficie d'orge de brasserie, soit environ 400 ha.

    Ce plan semble avoir des retombées positives puisqu'alors que la superficie emblavée en orge brassicole n'avait cessé de diminuer jusqu'en 2015 pour s'élever à 257 ha, elle ne cesse d'augmenter ces dernières années et atteint les 548 ha en 2019.

    Outre ces chiffres encourageants, Monsieur le Ministre dispose-t-il d'une évaluation à court terme de ce plan soutenu par son administration ?

    Quelles sont les prochaines mesures envisagées par son administration pour atteindre les différents objectifs à long terme ?

    Il semblerait que du côté de l'orge brassicole bio - extrêmement demandé dans les brasseries locales (20 % des brasseries wallonnes), un effort certain a été réalisé également. En 2 ans, la surface wallonne emblavée en orge brassicole bio a augmenté de 100 ha, passant de 66 à 166 ha - soit 30 % de l'orge brassicole totale.

    Néanmoins, la demande est encore forte dans ce secteur. Selon l'état des lieux de la filière wallonne en céréales biologiques réalisée par la FWA, la Wallonie produit 25 à 35 % des besoins en orge des brasseries bios pour le secteur brassicole wallon et bruxellois.

    Les freins rencontrés par le secteur sont principalement l'offre insuffisante en malts standards et spéciaux bio produits à partir de céréales wallonnes, le fait que les brasseurs ne sont pas toujours équipés pour le stockage du malt, le prix trop élevé du malt bio et local et la qualité des malts bio locaux qui est moindre et/ou très variable.

    Face à ces constats, quelles mesures supplémentaires peuvent-elles être prises pour lutter contre ces freins à la production ?

    Quel avenir envisage Monsieur le Ministre pour la culture de l'orge brassicole en Wallonie ?
  • Réponse du 30/01/2020 | Annexe [PDF]
    • de BORSUS Willy
    Depuis 2018, en partenariat avec le CEPICOP-POB et l’appui de Biowallonie et du CRA-W, le Collège des producteurs encadre une filière d’orge de brasserie locale et « Prix juste » pour le secteur conventionnel et le bio.

    La filière se développe petit à petit. Deux malteries participent actuellement à la filière et une quinzaine de brasseries achètent du malt « Prix Juste ». Il y a actuellement 3 bières labélisées et 6-7 dossiers sont en cours de labélisation. Les chiffres de production au niveau belge montrent l’évolution de ce secteur : voir tableau en annexe.

    Le Collège des producteurs coordonne la mise en œuvre du Plan stratégique Orge de Brasserie et encadre l’ensemble de la filière dans le cadre de la labélisation Prix juste. En parallèle, le CEPICOP-POB et Biowallonie accompagnent les producteurs d’orge brassicole d’un point de vue technique (conseils, visites d’essais, réunions d’échange techniques…).

    Les résultats sont encourageants, mais des actions restent à mener en 2020 et les années suivantes pour dynamiser encore davantage la filière. Un axe important sera d’augmenter l’intérêt des brasseurs pour s’investir dans une bière basée sur de l’orge local à prix juste. Il y a peu de communication sur l’origine des matières premières locales dans le malt et la bière et le consommateur est trop peu informé. Pourtant, le surcoût pour de l’orge local n’a qu’une très faible répercussion sur le prix final de la bière payé par le consommateur (quelques cents par bière). Il sera donc important d’investir, au travers de l’APAQ-W, dans une communication ciblée. En outre, il faut noter qu’en Wallonie, hors des analyses de routine classique, il n’y a plus de laboratoire neutre pour analyser de manière approfondie la qualité des céréales et de l’orge de brasserie. Un autre axe d’intervention à mener visera à mettre en place les capacités de recherche/développement pour aligner la qualité de l’offre aux attentes de l’industrie et apporter un accompagnement aux entreprises et aux artisans qui souhaitent développer des filières de qualité en blé alimentaire et en orge de brasserie.

    Un autre axe d’intervention sera, au travers du Collège des producteurs, d’assurer le maintien de la confiance commerciale entre les agriculteurs, stockeurs, malteurs et brasseurs. En effet, la durée entre le semis et la fabrication de la bière est de plus de 18 mois et le respect des engagements de chacun sur une telle période est fondamental à la continuité de la croissance de l’initiative.

    En termes de promotion, l’ambition de APAQ-W via le concept Local Beer est de promouvoir les produits issus de l’agriculture wallonne et du savoir-faire wallon. Les brasseries retenues dans cette action sont celles qui ont un siège d’exploitation et de production en Région wallonne et qui brassent leur bière en propre. En 2019, 60 brasseries ont montré leur intérêt.

    Les actions étudiées par l’APAQ-W en concertation avec le Collège des producteurs sont les suivantes :
    - création d’un logo spécifique pour identifier les Local Beer à base d’orge locale ;
    - focus sur les bières à base d’orge locale dans la communication vers le grand public et l’HORECA ;
    - mise en avant privilégiée des bières produites avec de l’orge locale dans les foires et manifestations ;
    - ouverture d’une catégorie « bières à base d’orge locale » lors du concours bisannuel des Best Local Beer - prochaine édition en octobre 2020.

    En orge brassicole bio, la production est en effet bien inférieure aux quantités nécessaires pour répondre à la demande en malt au niveau des brasseries.

    Les difficultés de développement de cette filière sont liées aux coûts et à la garantie de pouvoir proposer de l’orge répondant à des critères technologiques stricts liés à sa bonne transformation.

    Le premier frein à considérer est le contexte pédoclimatique assez variable d’une année à l’autre dans notre région. Ce contexte impose une grande technicité de manière à mener correctement la culture à son terme. L’importance de maîtriser l’itinéraire technique est capitale et nécessite un bon encadrement technique.

    Le second frein est le manque de malteurs de petite dimension. Actuellement seules deux malteries maltent de l’orge bio en Belgique, une en Wallonie malte par lots de minimum 80 tonnes et une en Flandre malte par lots de 20 ou 30 tonnes. Vu les nombreux risques élevés de déclassement (soit lors de la culture, soit lors du stockage), peu de producteurs prennent le risque de produire autant d’orge brassicole sur une saison.

    Enfin, le prix garanti pour cette production ne couvre pas la technicité demandée, le rendement plus faible et le risque de déclassement.

    Les Services d’encadrement ont organisé fin décembre 2019 une soirée technique à l’attention des producteurs bio intéressés, et celle-ci a rencontré un beau succès.