/

Le nombre d'exploitations agricoles en Wallonie

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 168 (2019-2020) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 27/01/2020
    • de CASSART-MAILLEUX Caroline
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    L'agriculture wallonne est en difficulté, je n'apprends rien à Monsieur le Ministre. Nous avons un phénomène d'abandons d'activités (et d'abandons d'activités d'élevage viandeux) conséquent. Concrètement, en 1980, la Wallonie comptabilisait un peu plus de 37 000 exploitations agricoles. En 2016, il en restait 12 950.

    Combien reste-t-il d'exploitations agricoles en Wallonie en 2019 et quel pourcentage cela représente-t-il au niveau belge ?

    Quelle est la superficie moyenne des exploitations ?

    Existe-t-il un lien de corrélation entre la disparation des fermes et une filière bien déterminée ou le déclin concerne-t-il tous les secteurs ?

    Quelles sont les pistes de solution pour enrayer ce fléau ?
  • Réponse du 17/02/2020
    • de BORSUS Willy
    Si l’on se réfère aux informations contenues dans le rapport sur l’évolution de l’économie agricole et horticole de la Wallonie, rédigé par la Direction de l’Analyse économique agricole, et aux données de Statistics Belgium, on observe que le nombre d’exploitations décroît de manière continue dans le temps tant en Wallonie qu’en Flandre. Il s’élevait respectivement à 29 178 et à 57 934 en 1990. En 2019, le nombre d’exploitations wallonnes atteint 12 747 unités, soit 35 % des exploitations belges.

    Si, en valeur relative, il n’y a guère de différence entre les régions institutionnelles prises dans leur ensemble (-59 % et -56 % entre 1990 et 2019), l’ampleur du phénomène de diminution du nombre d’exploitations varie selon la région agricole. En effet, une diminution plus importante est à souligner pour la Haute Ardenne (-4,3 %/an) et la région herbagère liégeoise (-3,6 %/an), régions plus particulièrement orientées vers la production laitière dont on connaît les difficultés rencontrées durant la période concernée. Par contre, la réduction a été relativement moins importante dans les régions limoneuses (-2,5 %/an) et sablo-limoneuses (-2,4 %/an), régions davantage tournées vers les grandes cultures.

    La superficie agricole wallonne évoluant relativement peu dans le temps, la diminution des exploitations a pour effet une augmentation substantielle de la superficie moyenne des exploitations. En 1990, elle était de 25,8 ha. En augmentation continue depuis lors, elle atteint 57,7 ha en 2019, soit un accroissement de plus de 120 % ou de 2,8 % l’an.

    Cette augmentation de superficie et des structures en général entraîne une mécanisation, ainsi que des frais fonciers plus importants. Ces charges pèsent lourd dans le revenu des agriculteurs, car les prix reçus par les agriculteurs n’évoluent pas dans les mêmes proportions voire pas dans le même sens ; ils sont éminemment fluctuants.

    La situation de surproduction et la spéculation sur les marchés mondiaux mettent en concurrence des produits n’ayant pas nécessité les mêmes moyens de production et n’ayant pas été soumis aux mêmes règles environnementales, sociales et sanitaires. Nos agriculteurs sont donc confrontés à des prix mondiaux qui ne tiennent pas compte de leurs propres coûts de production.

    Depuis 2010, nous pouvons citer plusieurs événements, sans toutefois chercher l’exhaustivité, qui ont impacté le monde agricole et ont fait et font évoluer le paysage agricole :

    - 2009 : Crise du lait ;
    - 2015 : Fin des quotas laitiers ;
    - 2016 : Année catastrophe pour les grandes cultures et le lait ;
    - 2017 : Fin des quotas betteraviers ;
    - 2018 : Sécheresse ;
    - 2019 : Peste porcine africaine (PPA) ;
    - 2019-2020 : Crise dans le secteur de la viande bovine.

    Nous pouvons également évoquer une nette tendance à la baisse de consommation de viande bovine au profit de viandes blanches ou de préparations composées de bas morceaux dont les prix, plus faibles, sont plus accessibles pour certaines catégories de la population.

    Les secteurs axés sur la production bovine ont donc été confrontés à de nombreux problèmes qui se sont traduits par une nette diminution du nombre d’exploitations. On observe en effet, entre 2010 et 2016, une réduction sensible du nombre d’exploitations spécialisées en production laitière (-22 %) et de celles spécialisées en élevage et production de viande (-35 %). En revanche, on souligne une augmentation du nombre d’exploitations spécialisées en grandes cultures (+20 %) ; cette orientation de production étant notamment alimentée par des exploitations ayant arrêté l’élevage bovin.

    Par ailleurs, les particularités socio-démographiques des exploitants diffèrent selon les spécialisations. Ainsi, les exploitations grandes cultures sont caractérisées par des agriculteurs relativement jeunes, 43 ans contre 51 ans en spéculation bovine, et par une proportion plus importante de sociétés qui sont généralement de grande taille et tendent à être plus stables dans le temps.

    Dans quelques semaines, le nouveau rapport chiffré de la SPW ARNE sera accessible. Ce rapport constituera une mise à jour des données disponibles.

    Une prise de conscience du consommateur pourrait aussi contribuer, si pas à enrayer le phénomène de disparition des exploitations, du moins à l’amortir. Selon une étude menée par le VLAM (Vlaamse Centrum Voor Agro en Visserij Marketing), il apparaît en effet que le prix figure au second rang des critères de choix des consommateurs après la fraîcheur des produits.

    Plusieurs actions ont déjà été mises en place afin de lutter contre ce phénomène  :
    - le soutien à la diversification via Diversiferm, qui a pour but d’accompagner les agriculteurs-transformateurs et les artisans de l’agroalimentaire dans leurs productions de denrées alimentaires artisanales et la commercialisation via les circuits courts. ;
    - le soutien aux jeunes agriculteurs ;
    - les aides couplées, qui favorisent les producteurs bovins ;
    - l’aide au démarrage pour les groupements de producteurs et les organisations de producteurs, qui peuvent avoir un véritable poids dans les négociations de prix ;
    - les coefficients de fermage reposant en grande partie sur l’évolution des revenus agricoles et visant à la fixation du fermage maximum légal ;
    - le programme de cofinancement européen pour la promotion de nos produits agricoles, ce qui implique une meilleure collaboration avec les agences de promotion.

    Enfin, concernant la réforme de la prochaine PAC, il convient à mon sens de renforcer les mesures de soutien aux jeunes agriculteurs qui sont les plus exposés aux aléas des marchés agricoles. Les jeunes demandent une certaine continuité des dispositions réglementaires leur permettant une perspective d’avenir. Par ailleurs, il convient également de réformer les mesures de soutien aux agriculteurs en temps de crise. À titre d’exemple, la mesure exceptionnelle volontaire de limitation de la production laitière de septembre 2016 fut un instrument intéressant pour rééquilibrer le marché.