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La baisse de la consommation de viande

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 176 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 31/01/2020
    • de DURENNE Véronique
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Il y a quelques jours, dans son édition du 7 janvier dernier, La Dernière Heure relatait les chiffres concernant la consommation de viande en Belgique. Force est de constater, selon un rapport de Statbel, que celle-ci n'a de cesse de diminuer. Ainsi, depuis 2010, elle a chuté de quelque 8,8 %. Alors que le Belge consommait encore 82,4 kg de viande il y a 10 ans, il en consomme aujourd'hui 72,4 kg par an.

    D'après ce rapport, c'est la viande de bœuf qui est la plus délaissée avec une chute de 19,5 % en 10 ans, suivie de la volaille (-13,6 %) et de la viande de chèvre et de mouton (-11,8 %). La consommation de viande de porc, quant à elle, ne faiblirait que de 2,4 %.

    Plusieurs éléments peuvent expliquer ces chiffres, comme la responsabilité que l'on fait peser sur l'élevage quant à la production de gaz à effet de serre, le souci du bien-être animal ou encore d'autres considérations éthiques et sociales. C'est sur base de ces allégations que sont ainsi créés des amalgames et des comparaisons tout à fait erronées entre ce que l'on peut voir à l'étranger et nos élevages wallons.

    Quelles sont les initiatives prises par Monsieur le Ministre visant à mieux communiquer sur la production de viande dans nos élevages ?

    L'APAQ-W va-t-elle mener une nouvelle action afin de promouvoir les élevages wallons et expliquer les spécificités de nos élevages ?

    Enfin, la mise en place d'un plan d'action sur le long terme visant à redorer le blason de nos éleveurs et à promouvoir notre viande locale est-elle envisagée par Monsieur le Ministre ?
  • Réponse du 21/02/2020
    • de BORSUS Willy
    Même si la situation est plus contrastée à l’échelle européenne, on constate en Belgique et au fur et à mesure des années une érosion importante de la consommation de viande. Cette réduction se fait particulièrement sentir pour la consommation à domicile, de pièces nobles et ce au bénéfice des viandes et plats transformés.

    Cette réduction peut s’expliquer d’une part par les modes de vie changeant du consommateur, accordant moins de temps à la préparation de ses repas, consommant de plus en plus hors domicile et remettant également en cause la place de l’élevage et de la viande dans notre société.

    Si la viande belge est encore bien présente et identifiée en magasin, dans l’horeca et dans les plats préparés, les viandes étrangères sont très présentes, ce qui est d’autant plus pénalisant pour notre élevage wallon.

    Or l’élevage joue un rôle prépondérant au sein de l’agriculture wallonne avec près de ¾ des producteurs wallons qui sont détenteurs d’animaux. Ceux-ci sont lourdement pénalisés par les trop nombreux amalgames qui circulent sur nos productions et nos producteurs et il est donc important de pouvoir réexpliquer les chiffres en tenant compte des conditions de productions locales.

    Partant de ce constat, l’Apaq-W a lancé l’an dernier sa campagne #jecuisinelocal, appelant le consommateur à redevenir acteur de son alimentation : en privilégiant le fait-maison, à base de produits locaux et si possible en circuit court pour recréer du lien avec les producteurs et artisans locaux et les soutenir.

    À cette démarche, s’ajoute la campagne « viande de chez nous », fil conducteur mettant en lumière par des capsules-publireportages la réalité de l’élevage local, l’intérêt d’une consommation de viande issue d’un mode d’élevage respectueux du bien-être animal et lié au sol avec un pâturage omniprésent.

    Le plan d’action 2020 prévoit des actions et concours chez les producteurs locaux, des dégustations en grandes surfaces, de l’information nutritionnelle vers les professionnels de la santé, mais aussi un focus important sur le consommateur et le monde de l’horeca. Le tout sera appuyé par du matériel « je cuisine local » et « viande de chez nous », par de la diffusion d’informations et de publireportages sur les réseaux sociaux et d’émissions culinaires et publireportages en télévision.

    Durant la première quinzaine de mai sera organisée Ma Quinzaine Locale, un élargissement de la traditionnelle Quinzaine du bœuf. Producteurs locaux, artisans, hall-relais seront mis à l’honneur afin d’encourager le consommateur à privilégier le choix local dans ces achats au quotidien. Ce sera aussi l’occasion de lui montrer le nombre de démarches existantes lui permettant de retrouver ces produits et producteurs locaux. Dans le cadre de cette action transversale, les éleveurs seront mis à l’honneur en présentant les multiples facettes de leur production car contrairement à l’agriculture intensive menée outre-Atlantique auquel on veut les associer, ils sont aussi cultivateurs, producteurs de céréales, de lait, de fromages et ont des activités bien diversifiées.

    Face aux amalgames, l’Apaq-W travaillera également avec Celagri, la cellule d’information du Collège des producteurs afin d’éditer des chiffres clés sur le secteur de l’élevage et de la viande que ce soit en terme nutritionnel, économique, de bien-être animal et de durabilité.

    Enfin, l’Apaq-W a obtenu cette année un budget de promotion européen de 1,5 million d’euros sur 3 ans qu’elle va conjuguer à un budget de 100.000euros/an avec le Vlam, afin de communiquer au niveau national sur les valeurs nutritionnelles et le gout des viandes de chez nous. Menée au second semestre, la campagne nommée « Des moments authentiques » aura pour but d’informer et de sensibiliser le secteur Horeca à privilégier les viandes locales et à inviter le consommateur à passer des moments privilégiés autour d’une table avec nos produits locaux.

    Des master class, des concours avec les écoles hôtelières, des livres de recettes seront prévus. Dans ce cadre, les partenariats bouchers/restaurateurs/producteurs locaux seront épinglés et mis à l’honneur et les démarches d’identification et d’étiquetage d’origine seront soutenues.

    Les attentes sociétales recommandent la consommation locale et de produits peu transformés qui sont les seuls aujourd’hui à bénéficier d’un étiquetage d’origine. Pourtant dans les chiffres, on constate que justement ce sont les pièces nobles, dont l’origine est plus identifiable qui sont délaissées. Le focus culinaire sera donc porté sur ces pièces nobles : steak, rosbif, carbonnade… en proposant des recettes revisitées et de nouveaux modes de préparation.

    Privilégier le local, le fait maison, interroger son boucher ou le restaurateur sur la provenance des viandes servies seront autant de réflexes encouragés auprès des consommateurs. Le tout en leur montrant la diversité et les spécificités des modes de production locaux et en réexpliquant qu’en favorisant une consommation éclairée de viandes locales et de qualité, on maintient des élevages familiaux, locaux et liés à la prairie, synonymes d’impact réduit sur l’environnement.