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Le stockage des énergies renouvelables

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 228 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 31/01/2020
    • de HERMANT Antoine
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    Ceci faisait l'objet d'un article de presse dans Le Soir, la production d'électricité par les éoliennes a atteint la puissance d'un réacteur nucléaire, soir plus de 1 gigawatt.

    Manifestement, certains spécialistes ont remis en cause la comparaison entre la production d'électricité éolienne (production intermittente) et l'énergie nucléaire (production stable toute l'année).

    Pour solutionner le problème de la production intermittente des énergies renouvelables, il est nécessaire de stocker cette énergie.

    Monsieur le Ministre a-t-il mis en place une politique de stockage régional des énergies vertes ?

    Quel est le potentiel de stockage sous-terrain de l'hydrogène, pour une réutilisation de l'énergie verte à l'échelle régionale ?

    A-t-il d'autres mécanismes de stockage en projet ?
  • Réponse du 20/02/2020
    • de HENRY Philippe
    L’article paru dans « Le Soir » mentionne que la capacité de production des éoliennes wallonnes a atteint la puissance d’un réacteur nucléaire. Cela montre que cette énergie renouvelable progresse et commence à atteindre des niveaux significatifs.

    Même s’il est important de souligner cette progression, il faut effectivement tempérer le message en rappelant que l’énergie éolienne est, par essence, intermittente. On parle alors de taux de charge dans le cadre des éoliennes, taux qui mesure la mobilisation moyenne des éoliennes présentes sur le territoire wallon. En moyenne, ce taux est d’environ 23 à 25 % en Wallonie.

    Comme le signale l'honorable membre, il est essentiel de pouvoir solutionner le problème de la production intermittente des énergies renouvelables, qu’il s’agisse d’éoliennes ou de panneaux solaires photovoltaïques. Il convient cependant de rappeler que même si le stockage offre une réponse évidente à cette question d’intermittence, la flexibilisation de la consommation de l’électricité facilite aussi l’introduction et l’utilisation de l’énergie renouvelable.

    En ce qui concerne les solutions de stockage à déployer, celles-ci doivent être envisagées à plusieurs niveaux en fonction du service qu’elles rendent au réseau. Typiquement, l’hydrogène pourrait assurer un stockage à long terme en permettant, grâce à sa facilité de transport, une possibilité d’électrifier indirectement certains secteurs d’activités comme le transport ou l’industrie.

    Le stockage d’électricité via la production d’hydrogène par électrolyse se fait en trois étapes : la production d’hydrogène, le stockage physique de cet hydrogène et la réutilisation de l’hydrogène. La technologie est relativement mature, mais nécessite des affinages technologiques et techniques afin d’améliorer les rendements actuellement constatés et de rendre économiquement rentable la filière.

    Plus spécifiquement en ce qui concerne le stockage de longue durée de l’hydrogène, plusieurs pistes sont envisagées : sous pression dans des bonbonnes, sous forme liquide dans des enceintes cryogéniques, sur support solide, via un réseau de transport ou via stockage géologique.

    Je me permets de préciser ces deux derniers points.

    Actuellement, il existe une réflexion avancée au sein des gestionnaires de réseaux de distribution et de transport sur l’injection d’hydrogène dans leur réseau, soit dans le cadre d’un mélange, soit dans le cadre d’un transport sous forme pure, à l’instar de l’hydrogénoduc d’Air Liquide. Techniquement, cette option reste envisageable, mais il serait prématuré de l’envisager à grande échelle en l’état de la règlementation. En effet, la Commission prépare actuellement un paquet règlementaire sur les politiques liées aux gaz à vocation énergétique. Il y a de fortes chances que la Commission y définira un cadre relatif à la production de l’hydrogène, à son injection sur les réseaux existants ou à son transport sur des réseaux spécifiquement dédiés.

    J’attire cependant l’attention sur le fait que certains acteurs européens ont entamé une réflexion sur la conversion d’hydrogène et de CO2 fatal en vue d’une valorisation énergétique future, que ce soit sous forme de e-méthane, de e-éthanol ou de carburants synthétiques plus complexes. En l’état, ce genre de transformation pourrait solutionner en partie les rendements de restitution d’électricité moindres actuellement constatés avec l’hydrogène pur au travers de piles à combustible.

    Une autre option consiste au stockage géologique de l’hydrogène typiquement dans certains aquifères ou d’anciennes mines ou cavernes de sel. Le sous-sol wallon est relativement bien connu. Même si certains sites pourraient offrir un intérêt potentiel, il convient de rappeler que le passé minier wallon pourrait poser des impossibilités techniques à ce type de stockage. En outre, il serait impératif de mieux définir l’usage et l’exploitation du sous-sol wallon afin de permettre une approche mieux concertée sur le stockage géologique de l’énergie sous toutes ses formes.

    Enfin, en ce qui concerne les mécanismes de soutien au stockage, il faut rappeler que les options de stockage tels qu’attendus dans le cas de la production d’hydrogène sont compatibles avec les mécanismes d’enchères mis en place par ELIA dans le cadre de ses capacités de réglages. Typiquement, l’hydrogène produit pourra être soutenu dans le cadre de réserve secondaire ou tertiaire du gestionnaire de réseau de transport.