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Les suites données au projet d'écozoning du parc d'activités économiques de Baileux

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 187 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 04/02/2020
    • de CLERSY Christophe
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Dans l'axe stratégique de soutien au redéploiement et au développement de l'économie, la Déclaration de politique régionale 2009-2014 de la Région wallonne a marqué la volonté de son Gouvernement de favoriser la coopération entre les petites entreprises via notamment des groupements d'employeurs ou l'organisation des activités économiques en économie circulaire, ainsi que d'intégrer et développer l'écologie industrielle dans la stratégie de l'ensemble des acteurs concernés (par exemple les sociétés régionales et intercommunales de développement économique) de telle sorte que l'on tende peu à peu vers une optimisation des flux entrants et sortants (énergie, matières, déchets, chaleur, et cetera) entre entreprises voisines.

    Cette volonté a été mise en œuvre l'année suivante dans le Plan prioritaire wallon, dit Marshall 2.Vert. C'est dans ce cadre que le Gouvernement a lancé un appel à projets pour développer les écozonings, avec un budget de 2,5 millions d'euros, destiné à développer cinq expériences pilotes.

    Ces projets devaient réunir à la fois un opérateur d'équipement et des représentants des entreprises des zones d'activités économiques (ZAE) concernées, l'objectif étant de favoriser la mise en œuvre concrète sur le territoire au travers des crédits d'équipement.

    Parmi ces projets figurait le dossier du parc industriel de Chimay-Baileux qui, en partenariat avec la Fondation Chimay Wartoise, entendait valoriser les drêches de brasserie dans la production de méthane afin de produire de la chaleur et de l'électricité par cogénération pour ses entreprises demanderesses.

    Je souhaiterais en savoir un peu plus sur l'affectation des montants du subside qui a été octroyé à ce projet.

    Qu'en est-il du projet aujourd'hui ?
    Le cas échéant, quelles mesures Monsieur le Ministre a-t-il prises afin de renforcer l'écosystème industriel au sein de ce zoning ?
  • Réponse du 27/02/2020
    • de BORSUS Willy
    L’appel à projets écozonings, lancé le 7 septembre 2010 (candidatures attendues pour le 31 janvier 2011), avait pour objectif de développer des expériences pilotes ambitieuses et exemplaires, dont l’approche a été réfléchie sur le plan de l’intégration des principes de l’écologie industrielle, en développant au moins 4 thèmes sur les 6 proposés qui étaient :
    - la gestion et l’utilisation de la matière (en ce compris les coproduits et les déchets) ;
    - la gestion et l’utilisation de l’énergie ;
    - la gestion et l’utilisation de l’eau ;
    - le transport de marchandises et la mobilité des personnes ;
    - l’aménagement et l’équipement de la zone et des abords ;
    - la gestion, l’organisation et l’animation de la zone.

    L’appel à projets s’adressait uniquement à des partenariats définis, à savoir des partenariats fixés entre des opérateurs publics et au moins une représentation de trois entreprises privées disposant d’un siège d’exploitation en territoire wallon, localisés sur la ZAE ou situés dans la zone géographique couverte par l’opérateur.

    Treize projets ont été déposés, dont huit ont été retenus après sélection par un jury indépendant.

    Une enveloppe budgétaire de 263 000 euros a été allouée au projet « expérience écozoning à Chimay Baileux ». Sur la période 2012-2013, seul un budget de 183 000 euros a été dépensé. En effet, les premières études relatives à l’approvisionnement en eau démontrant que la quantité d’eau technique était trop faible pour envisager sa mise en réseau, il était dès lors inutile de poursuivre l’étude de faisabilité technique. Par ailleurs, un changement de règles et de priorité au niveau de l’exploitation et de la mise à niveau de la station d’épuration, communiqués par la SPGE en cours d’étude, n’a pas permis aux partenaires d’approfondir la question des flux y entrant.

    De même, malgré un intérêt certain de la part des partenaires, la dernière thématique portant sur « L’identification des besoins et la mutualisation de différents services en faveur des employeurs et de leurs travailleurs » n’a pu être abordée dans le cadre du projet. La programmation des études entendait en effet davantage privilégier les études relatives à la gestion des énergies et matières et celles relatives à l’approvisionnement en eau, suivant en cela la demande du jury.

    Cela étant, la réflexion sur ce point n’a pas été abandonnée et a été poursuivie sous d’autres formes par le gestionnaire du parc, suivant le souhait et l’implication des partenaires actuels et futurs, au vu de la dynamique impulsée par le projet écozoning et de la collaboration renforcée autour de la thématique de l’écologie industrielle.

    Concernant les études qui ont pu être menées à terme, l’étude technico-économique relative à la réalisation d’une unité de biométhanisation constitue sans aucun doute, le fil conducteur de ce projet d’écozoning. Il s’agissait d’un marché unique à deux phases suivant le principe GO/NO-GO.

    Les objectifs visés étaient d’une part, de déterminer les meilleures voies de valorisation des sous-produits en termes économiques et environnementaux et d’autre part, de valider la faisabilité d’une unité de biométhanisation commune approvisionnée par des matières locales et ce faisant, de définir les modalités de mise en œuvre en termes techniques, économiques et juridiques.

    La phase 1 de cette étude a mis en évidence la pertinence technico-économique de développer une unité de biométhanisation sur la base des déchets issus notamment du PAE (lactosérum) et des environs (tontes de pelouses, boues, effluents agricoles, et cetera). Il est toutefois à souligner, pour répondre à la question de l’honorable membre, que l’utilisation des drèches n’a pas fait l’objet de l’étude en raison de la volonté des Bières de Chimay de garder son mode de valorisation actuel.

    En vue d’évaluer la rentabilité économique de cette unité, deux scénarios ont été retenus :

    1. Travailler de manière « autonome », c’est-à-dire que l’électricité est entièrement injectée sur le réseau et la chaleur est utilisée pour sécher le digestat, lui-même donnant lieu à une plus-value économique.

    2. Dédier la production d’électricité et de chaleur à 1 ou 2 consommateurs (groupe Chimay/Chimay Tradition)

    Pour sa parfaite information, en l’absence d’un réseau de distribution de chaleur à l’échelle du PAE, de consommateurs multiples et à ce stade, d’informations sur le profil et les besoins des futurs investisseurs de l’extension, le scénario consistant à injecter l’électricité et la chaleur sur un réseau de distribution à l’échelle du PAE n’a pas été étudié.

    La phase 2 de cette étude, a permis de conclure à la non-rentabilité du premier scénario et qu’il était par contre tout à fait envisageable de placer une unité de biométhanisation d’une puissance de 1 200 MWe décentralisée sur les bâtiments du groupe Chimay (Fromages et Bières), ce scénario se justifiant par le fait que ces deux partenaires sont, à l’heure actuelle, les deux plus gros consommateurs d’énergie du PAE et que le solde consommé par les autres partenaires est insignifiant. Les promesses de rentabilité sont encourageantes. En effet, de par la mise en œuvre de cette unité, le groupe Chimay pourrait produire annuellement près de 8.5 GWhe utiles et 9.3 GWhth utiles, permettant de couvrir une grande partie des consommations actuelles des entités du groupe. Cependant, considérant que le groupe Chimay serait in fine le seul bénéficiaire de ce projet, la mise en œuvre de cette unité est actuellement laissée à ses bons soins.

    Ensuite, l’étude technico-économique relative à l’approvisionnement en eau du PAE de Chimay-Baileux visait à vérifier la faisabilité technico-économique de la réalisation d’un réseau de distribution en eau en vue d’approvisionner de manière suffisante le PAE et garantir une utilisation parcimonieuse des ressources en eaux à l’échelle du parc. Le marché était subdivisé en deux phases, avec GO/NO GO.

    La première phase a permis de mettre en évidence le potentiel des ressources en eaux au regard des besoins identifiés au sein du PAE et des moyens de réduction de consommation à mettre en œuvre.
    AÀl’issue de celle-ci, plusieurs pistes ont été envisagées :
    - développer un réseau d’approvisionnement à partir des eaux d’exhaure de la carrière voisine et des eaux pluviales ;
    - développer un réseau d’approvisionnement des eaux pluviales uniquement ;
    - développer un réseau d’approvisionnement à partir d’un nouveau captage sis à Lompret.

    La seconde phase de l’étude a mis en évidence la pertinence de récupérer les eaux pluviales des bâtiments existants et futurs , mais également de capter les eaux d’exhaure et de procéder à leur traitement par les infrastructures existantes sises à Boutonville. Ce dernier scénario étant toutefois conditionné à la durée d’exploitation de la carrière.

    Les autres pistes envisagées en phase 1 n’ont pas été retenues soit en raison de leur coût important soit parce qu’elles cadraient moins au concept d’écologie industrielle et ont été jugées moins pertinentes dans le cadre de l’appel à projets.

    Enfin, dans le cadre de l’étude technico-économique relative à la réalisation d’un réseau d’échange thermique sur le PAE, un inventaire a été réalisé afin d’identifier les différentes sources et besoins de chaleur et de froid des entreprises sises sur le parc d’activités économiques. Sur la base des informations collectées, il a été mis en exergue qu’aucun échange thermique n’était possible dans la situation actuelle hormis celui déjà existant entre les différents partenaires du groupe Chimay. Dès lors, seule une amélioration limitée du réseau existant pourrait être envisagée.