/

La présence de perturbateurs endocriniens dans les tickets de caisse

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 100 (2019-2020) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 05/02/2020
    • de MAUEL Christine
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Nous le savons, nous sommes dans une époque charnière où nous devons repenser nos habitudes quotidiennes afin de penser à un monde meilleur pour demain.

    Cette question des habitudes doit également se poser pour les tickets de caisse qui représentent un coût non négligeable pour l'environnement, mais aussi pour la santé.

    En effet, les tickets de caisse thermosensibles contiennent des perturbateurs endocriniens, en particulier du bisphénol A, placé sur la liste des substances extrêmement préoccupantes de l'Agence européenne des produits chimiques, qui est absorbé par la peau.

    Des études ont-elles été faites sur ce sujet ?

    Le Gouvernement compte-t-il prendre des mesures visant à sensibiliser leurs citoyens à la présence de bisphénols ?
  • Réponse du 09/03/2020
    • de MORREALE Christie
    Le bisphénol A (BPA) est en effet utilisé dans les papiers thermiques depuis la fin des années 1970 (ANSES (2015) Les tickets de caisse sans bisphénol A sont-ils sans risque ? Retrivied from : https://bvs.anses.fr/sites/default/files/BVS-mg-027-Bouslama.pdf).
    Depuis 2017, le bisphénol A est reconnu comme un perturbateur endocrinien par l’Agence européenne des produits chimiques. À la suite de ce classement, des producteurs de plastique ont saisi le Tribunal de l’Union européenne qui a confirmé en septembre dernier qu’il s’agissait bien d’un perturbateur endocrinien.

    À ce sujet, l’honorable membre n’ignore pas que le Sénat et le Parlement de Wallonie se sont saisis de ce dossier au cours de la législature 2014-2019.
    C’est ainsi que le 23 mars 2018, le Sénat a publié son rapport d’information sur les perturbateurs endocriniens.

    Le Parlement a, quant à lui, adopté, le 23 mai 2018, la résolution visant à prévenir les impacts des perturbateurs endocriniens sur la santé humaine et l’environnement.

    Parmi les recommandations figurant dans cette résolution figurait la demande suivante : « réaliser un programme de biomonitoring humain wallon, afin d’évaluer le degré d’exposition à des substances nocives et leurs effets et de disposer de données sur le long terme, à l’instar de celui effectué en Région flamande avec une analyse spécifique au genre ».

    Au niveau international, plusieurs études ont été menées sur les BPA notamment aux États-Unis étudiant les concentrations de BPA dans le sérum humain et dans l’urine après avoir tenu un papier thermique et mangé (Annette M. Hormann 2014 (Annette M. Hormann and all. (2014) Holding Thermal Receipt Paper and Eating Food afterUsing Hand Sanitizer Results in High Serum Bioactiveand Urine Total Levels of Bisphenol A (BPA) Retrieved from : https://journals.plos.org/plosone/article/file?id=10.1371/journal.pone.0110509&type=printable)), mais aussi sur ses alternatives dont les toxicités complètes n’ont pas encore été faites (ANSES 2015 (ANSES (2015) Les tickets de caisse sans bisphénol A sont-ils sans risque ? Retrivied from : https://bvs.anses.fr/sites/default/files/BVS-mg-027-Bouslama.pdf)) démontrent que ces substances ont effectivement une activité oestrogénique et qui catégorisent les bisphénols comme perturbateurs endocriniens.

    C’est pourquoi, avec ma collègue, Céline Tellier, nous avons lancé le 17 janvier dernier le bio monitoring de l’ISSeP dont l’objectif est de déterminer les niveaux d’imprégnation de la population wallonne aux substances chimiques présentes dans l’environnement (perturbateurs endocriniens (dont le bisphénol A), pesticides, métaux, hydrocarbure, composé organique volatil, polychlorobiphényles …). Cette étude va se dérouler sur plusieurs années et nous permettra de mettre en place des politiques publiques idoines afin de limiter les impacts négatifs de ces substances.

    Enfin, il convient de rajouter que le Parlement de Wallonie a également demandé au Gouvernement wallon de solliciter le Gouvernement fédéral pour envisager une interdiction des bisphénols, des propylparabènes, des butylparabènes et des phtalates dans tous les contenants alimentaires, jouets et produits de soins, ou du moins à ceux destinés aux jeunes enfants de 0 à 3 ans, et interdire le bisphénol S et F dans les tickets de caisse thermosensibles.

    Mais cela, nous ne pourrons le faire que lorsque nous aurons un Gouvernement fédéral de plein exercice.