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La mise en place d'un abri de nuit 100 % féminin à Charleroi

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 101 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 07/02/2020
    • de CLERSY Christophe
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    La Ville de Charleroi veut être à la pointe de la lutte pour l'égalité entre les hommes et les femmes. Dans ce cadre, l'association Vie Féminine s'est livrée à une analyse intéressante des avancées qui sont constatées sur le terrain. Par ailleurs, ce groupe met également régulièrement en avant l'augmentation de la précarité féminine sur le territoire de Charleroi.

    Face à ce constat, Vie Féminine milite pour la mise en place d'un abri de nuit 100 % féminin à Charleroi. Si des dispositifs permettant l'accueil des sans domicile fixe existent dans cette ville, l'absence d'un abri de nuit exclusivement destiné aux femmes constitue un frein pour bon nombre de femmes fragilisées à Charleroi. Celles-ci se masculinisent d'ailleurs de plus en plus pour se protéger de leur environnement afin d'éviter des violences physiques et/ou sexuelles.

    Dans ce cadre, quel est l'état des lieux des abris de nuit actuels pouvant accueillir convenablement les femmes (douches et toilettes séparées des hommes… ) ?
    Nos policiers sont-ils formés pour intervenir dans des situations de violences faites aux femmes dans la rue ?

    Des expériences-pilotes d'abris exclusivement féminins existent-elles en Wallonie ?

    De manière plus spécifique, quelles mesures Madame la Ministre a-t-elle prises afin de rencontrer les propositions formulées par cette association en vue de mettre en place un abri 100 % féminin à Charleroi ?

    Dans le cas contraire, l'accessibilité des toilettes dans l'espace public est-elle suffisamment simple pour ces femmes ?

    Existent-ils des fonds spécifiques pour que les associations puissent distribuer des nécessaires de toilettes utiles aux femmes ?
  • Réponse du 05/03/2020 | Annexe [PDF]
    • de MORREALE Christie
    Si l’image médiatique des femmes sans logement interpelle inévitablement, elle révèle surtout une augmentation du nombre de personnes sans abri ou mal logées. En effet, le nombre absolu des femmes mal logées a augmenté, mais pas la part des femmes parmi l’ensemble du public.

    En effet, la précarité tend malheureusement à augmenter et les femmes représentent environ 20 % du public accueilli au sein des services proposés par les relais sociaux. Il faut toutefois aussi tenir compte du caractère dit « invisible » de la situation des femmes en rue ; le phénomène est en effet sous-estimé. Les femmes ont tendance à trouver d’autres solutions que celles de fréquenter les accueils de jour et les abris de nuit, comme l’hébergement chez un tiers ou au sein de la famille pour celles qui ne sont pas totalement isolées.

    Les raisons qui freinent les femmes à fréquenter les abris de nuit sont multiples et peuvent concerner : la peur du refus, la mixité des publics (en termes de difficultés liées à la santé, en termes de genre, et cetera), la peur de perdre la garde de leurs enfants, l’insécurité, la distance par rapport au centre urbain…

    De façon générale, presque tous les abris de nuit accueillent des hommes seuls et des femmes seules. À ce jour, il n’existe pas d’abri exclusivement féminin. Il est à noter que les femmes (accompagnées ou non d’enfant(s)) sont prioritairement envoyées vers les maisons d’accueil.

    Concernant les maisons d’accueil, il en existe plusieurs situées à Charleroi ; chacune a ses spécificités au niveau des modalités d’accueil et du public hébergé.

    L’honorable membre trouvera en annexe la description des maisons d’accueil sur la région de Charleroi.

    Ce tableau atteste qu’un nombre de places important est consacré aux familles, principalement aux femmes accompagnées d’enfants.

    En ce qui concerne les abris de nuit, il en existe deux permanents sur Charleroi : le Triangle (12 places) qui accueille des familles et le CPAS de Charleroi (33 places) qui accueille, quant à lui, des hommes seuls et des femmes seules. Leur infrastructure respective leur permet d’accueillir des femmes dans des conditions adaptées. De plus, à Marchienne-au-Pont, 5 places sont également disponibles pour l’accueil d’hommes et de femmes qui présentent une fragilité physique ou mentale importante. Une des deux chambres est réservée aux femmes.

    Force est de constater que le taux d’occupation des lits disponibles pour les femmes n’est pas à son maximum, à l’inverse de celui des hommes ; très probablement pour les différents motifs exposés précédemment.

    La mise en place d’une structure qui leur serait spécifiquement réservée n’est pas à exclure et il appartient au pouvoir organisateur de définir son public cible. Néanmoins, il semble fondamental de questionner davantage la pertinence d’une telle offre de service au regard des attentes du public féminin.

    En outre, les femmes ont des besoins spécifiques en matière notamment d’hygiène, d’intimité, et cetera. et il est évidemment utile de leur assurer un accompagnement qui en tienne compte. L’offre de solution au sans-abrisme doit continuellement être pensée entre le général et l’exclusif, entre les solutions de réduction des inégalités et, ici, celles dédiées au public féminin sans abri et mal logé.

    Quant aux difficultés liées à l’accessibilité des toilettes dans l’espace public, elles concernent tant les femmes que les hommes, même si les besoins propres aux femmes sont plus évidents. En effet, aucune toilette n’est accessible 24 heures sur 24 et les lieux accessibles gratuitement, comme la gare, les commerces et les centres commerciaux, sont limités. Par ailleurs, les relais-santé distribuent des kits de toilette utiles aux femmes.

    Enfin, concernant la formation des policiers potentiellement amenés à intervenir dans les situations de violences faites aux femmes dans la rue, aucune information particulière du terrain ne m’est parvenue à ce jour et cela relève par définition de la formation qu’ils doivent impérativement recevoir lors de leur consensus.