/

Le virus Usutu et ses conséquences sur les merles

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 155 (2019-2020) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 17/02/2020
    • de LENZINI Mauro
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Le virus Usutu est présent depuis 2016 en Belgique.

    Ce virus attaque les oiseaux, principalement les merles, et semble continuer de sévir sur notre territoire.

    Depuis l'arrivée du virus en 2016, il y a eu beaucoup de cas en Flandre et au nord du sillon Sambre et Meuse, ainsi qu'à Bruxelles.

    Selon Natuurpunt, les populations de merles auraient connu une diminution comprise entre 10 et 15 %, ce qui est assez conséquent.

    Madame la Ministre pourrait-elle faire le point sur la situation ?

    Quel est l'impact aujourd'hui mesuré de ce virus chez les populations des oiseaux, en particulier celle des merles ?

    Si l'on sait qu'il ne semble pas y avoir de risque sur la biodiversité et que les oiseaux développeront à terme une forme de résistance contre ce virus, les derniers monitorings réalisés permettent-ils déjà de constater une stagnation et/ou une diminution de la propagation du virus à ce stade ?
  • Réponse du 09/03/2020
    • de TELLIER Céline
    Le virus Usutu est un virus encéphalitique transmis par les piqûres de certains moustiques aux oiseaux et aux mammifères. Ce virus a touché l’Europe une douzaine de fois durant les 50 dernières années. La première épizootie d’Usutu ayant provoqué des mortalités perceptibles d’oiseaux en Europe a été rapportée en 1996 en Italie, puis en 2001 en Autriche et en 2005 en Hongrie, avant de se répandre vers l’ouest du continent.

    En Belgique, les deux premiers cas avérés datent de 2012 et ont été observés dans la vallée de la Meuse. Après une pause apparente de quelques années, le virus a réémergé en Belgique durant l’été 2016, avec une souche virale différente de celle de 2012, avec des mortalités importantes de merles noirs principalement dans l’est de la Flandre.

    Durant l’été 2017 et puis 2018, de nouvelles épidémies ont ensuite été observées chez le merle en Flandre, en Région Bruxelles-Capitale et dans l’extrême nord de la Wallonie, avec une progression d’Est en Ouest jusqu’en France. Les données du site www.observations.be indiquent un retour à la normale en 2019, avec très peu d’individus retrouvés morts ou malades chez cette espèce (retour à un niveau pré- épidémique).

    Si le merle noir est l’oiseau dont la maladie ou la mortalité a été le plus souvent rapportée durant ces épizooties estivales d’Usutu, il a été récemment démontré que plusieurs espèces d’oiseaux sont au moins aussi sensibles à ce virus que le merle.

    Ainsi, pendant l’épisode de mortalité des merles en Flandre de 2016 à 2018, le moineau friquet et la poule d’eau ont vu leurs populations s’effondrer de respectivement 85 % et 60 % dans la zone infectée alors que, à la même période, l’espèce augmentait de respectivement 38 % et 57 % en dehors de cette zone. Ces écarts entre les zones infectées ou non sont nettement supérieurs à ce qui a été observé chez le merle noir durant la même période (-11 % dans la zone infectée versus, +24 % à l’extérieur de cette zone).

    D’autres espèces, telles que l’accenteur mouchet, le troglodyte mignon et les grives musiciennes et draines, paraissent également assez fortement affectées par le virus Usutu, même si leur mortalité passe souvent inaperçue du fait que ces espèces sont plus discrètes ou moins proches des habitats des êtres humains que le merle.

    En outre, le déclin de ces oiseaux s’est révélé fortement influencé par le type d’habitat, avec les mortalités les plus élevées constatées dans les milieux urbains ou périurbains, agricoles et dans les milieux humides, alors que les populations de ces espèces observées en forêt ou dans les landes sont restées stables, voire ont augmenté durant la même période.

    Par ailleurs, il apparaît que les conditions microclimatiques qui stimulent le développement des moustiques (chaleur et humidité) favorisent aussi la circulation du virus dans les écosystèmes, et ses effets néfastes sur les oiseaux qui y sont sensibles.

    Finalement, malgré le fait que ce virus soit largement répandu depuis 2017-2018 dans l’avifaune du sud du pays, une bonne partie de la Wallonie semble pour l’instant moins exposée aux effets dévastateurs du virus. En effet, étant située principalement au sud du sillon Sambre & Meuse, qui est en moyenne moins urbanisée, plus boisée et plus fraîche (du fait de l’altitude plus élevée), la région est donc moins favorable aux moustiques qu’en Flandre.