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L'exportation de bois wallon vers l'Asie

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 211 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 21/02/2020
    • de LENZINI Mauro
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    L'exportation du bois wallon vers l'Asie aurait été multipliée par 600 depuis 2018. Cette augmentation peu négligeable représenterait un impact important sur l'économie wallonne. Or, le secteur de la transformation du bois et, plus largement, tout ce qui concerne l'activité liée au bois représente une importance économique non négligeable, notamment en termes d'emplois, dans notre pays.

    Ainsi, il semblerait qu'actuellement, les scieries wallonnes ne fonctionneraient qu'à 50 % de leur capacité à cause notamment de difficultés d'accès en matière première.

    De plus, le bois exporté en Chine reviendrait sur le marché européen, et donc wallon, en produit fini comme des meubles, du parquet, et cetera à des prix défiants toute concurrence.

    En dehors de l'impact économique, les retombées écologiques ne sont pas négligeables et ne peuvent être ignorées puisque au lieu d'être envoyé en Chine, ce bois pourrait être directement transformé en Wallonie, permettant d'éviter autant d'allers-retours jusqu'en Chine.

    Monsieur le Ministre confirme-t-il les conséquences que l'augmentation des exportations du bois wallon vers l'Asie auraient sur le marché du bois wallon ?

    À cet égard, dispose-t-il de données chiffrées sur le sujet ?

    Enfin, afin de trouver un nécessaire équilibre entre les exportations et l'économie régionale du secteur du bois, des mesures sont-elles envisagées pour corriger ces conséquences et favoriser l'économie circulaire ?
    Si oui, quelles sont-elles ?
  • Réponse du 11/03/2020 | Annexe [PDF]
    • de BORSUS Willy
    La multiplication des exportations de bois vers l’Asie depuis 2018 n’est pas structurelle, mais conjoncturelle. Elle est liée à la seule exportation massive des résineux scolytés dont la grande majorité provient d’ailleurs des pays limitrophes : Allemagne, France et Grand-Duché de Luxembourg. C’est ainsi que sur les 10 premiers mois de 2018 et 2019, le volume de résineux exportés est passé de 9 600 m³ à 4 108 000 m³ dont moins de 400 000 m³ (à peine 10 %) provenait de Wallonie. Durant la même période, le volume de bois feuillu exporté est resté stable, voire en légère régression pour le chêne notamment. Le facteur 600 (pour les résineux) annoncé par la presse à la mi-année 2019 s’est donc réduit à 430 sans que cela n’affecte outre mesure les scieries de résineux wallonnes.

    Concernant un lien éventuel entre les difficultés d’approvisionnement en matière première et taux de fonctionnement des scieries wallonnes, il y a lieu de distinguer le cas des scieries de feuillus et celui des scieries de résineux.

    Les scieries de feuillus - 60 000 m³ de grumes sciées par an et fondamentalement focalisées sur le chêne - tournent à régime modéré depuis plusieurs années du fait de la concurrence asiatique sur la matière première. À ce niveau, 2019 leur a été un peu plus favorable avec un tassement de la demande chinoise à l’automne. Si leur situation ne s’est pas améliorée, elle ne s’est pas dégradée en matière d’approvisionnement. Les autres essences feuillues comme le hêtre (1ère production wallonne en volume) ou le frêne ne sont quasiment plus transformées en Wallonie à cause d’une disparition quasi complète de leurs marchés. Leur exportation est quasiment leur seule voie actuelle de valorisation hors bois d’industrie (Burgo Ardennes) et de chauffage.

    Côté résineux, les énormes volumes mis sur les marchés européens du fait des tempêtes à répétition et de la crise des scolytes ont saturé les scieries wallonnes - dont la consommation en grumes de plus de 2 200 000 m³/an est plus que respectable et très largement orientée vers l’épicéa - qui disposent de ce fait d’une matière première abondante et bon marché bien que parfois de qualité inférieure. L’export représente donc dans ce secteur une réelle bouée de sauvetage sans laquelle beaucoup de bois resterait en forêt avec les conséquences que l’on devine. Par contre, cette situation va influer très fortement sur la disponibilité future de bois résineux dont la demande est énorme avec un réel risque de pénurie.

    Par ailleurs, a contrario des idées reçues, il faut savoir que seule une petite partie des bois que nous exportons vers l’Asie nous revient sous forme de produits transformés, car les besoins du marché intérieur asiatique (Chine, Inde…) sont immenses. Même si les volumes que nous exportons actuellement semblent énormes, ils ne représentent qu’une petite part des importations à l’échelle de la Chine, Inde, Vietnam… On peut raisonnablement dire que les résineux qui constituent la plus grande partie des exportations actuelles sont consommés sur place. Il en va de même pour la plus grande partie des chênes et des hêtres. Une petite partie nous revient certes sous la forme de produits transformés (parquet, moulures, panneaux contreplaqués…), mais d’autres productions proviennent de bois d’autres provenances, sur lesquels nous n’avons pas prise.

    D’un point de vue écologique, il est clair que l’on ne peut qu’encourager la transformation locale. Côté résineux, l’outil en place est performant et suffisant. Seule la perturbation actuelle du marché vient en affecter le bon fonctionnement. Pour ce qui concerne les feuillus, la situation est plus critique, car l’outil est en train de disparaître comme on le constate également et dans une même mesure en France ou en Allemagne.

    Enfin, la Belgique et a fortiori la Wallonie ne peut (et ne veut) pas prendre unilatéralement des mesures protectionnistes au niveau de l’exportation des bois vers la Chine. Ce genre de mesure doit être pris à l’échelle européenne, mais cette approche n’est pas vraiment soutenue par tous les États membres ; notamment les pays nordiques.

    Côté résineux, l’industrie de transformation en place est bien développée : chantiers de découpe, scieries, industrie du papier et du panneau, paletteries, construction bois …

    L’effort se concentre donc sur les bois feuillus insuffisamment valorisés en Wallonie.

    Diverses actions sont menées à l’échelle wallonne par le DNF, l’Office économique wallon du bois… en vue de favoriser l’approvisionnement des scieries de bois feuillus par l’organisation de ventes de gré à gré à leur intention, le développement de projets visant à intégrer le bois feuillus dans la construction, le développement de produits, techniques et traitements permettant la valorisation des bois feuillus (bois de terrasse, bardage, traitement thermique, fixation sans colle…), le soutien logistique à la campagne « Bois local Notre Savoir-Faire »…

    Enfin, l’honorable membre trouvera en annexe les données chiffrées sollicitées.