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L'impact de la baisse des taux d'intérêt sur le coût de la dette

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 84 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 27/02/2020
    • de HAZEE Stéphane
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
    Depuis plusieurs années, les taux d'intérêt sont caractérisés par un mouvement de baisse structurelle et continue. Le taux belge à 10 ans est même descendu pour la première fois à un niveau négatif au début du mois de juillet 2019. C'est un événement important puisque cela signifie que le Gouvernement fédéral a pu alors emprunter de l'argent gratuitement à des investisseurs pour une période de dix ans.

    Il importe de suivre l'impact de cette évolution pour les finances régionales.

    En août 2019, Monsieur le Ministre m'indiquait que le « spread » de la Région par rapport à l'État fédéral était passé en deux ans de 45 points de base, en juillet 2017, à 28 points de base, en août 2019.
    Il m'indiquait également que l'économie en charge d'intérêts pour les emprunts refinancés depuis le 1er janvier 2019 pouvait être estimée alors à 7,3 millions d'euros. Il ajoutait que l'estimation pour le reste de l'année n'était pas évidente, compte tenu de la volatilité des conditions de marché.

    Monsieur le Ministre peut-il nous informer de l'évolution du « spread » par rapport à l'État fédéral depuis le mois d'août 2019, de même que l'évolution du taux à long terme auquel la Wallonie peut actuellement se financer ?

    Compte tenu du refinancement de crédits conclus antérieurement à des taux plus élevés, peut-il nous indiquer les économies réalisées :
    - pour les emprunts refinancés durant l'ensemble de l'année 2019 ?
    - pour les emprunts refinancés durant les deux premiers mois de l'année 2020 ?

    Enfin, sans préjudice de la volatilité des conditions de marché, peut-il estimer les économies espérées pour les emprunts refinancés durant l'année 2020 ? Sont-elles en phase avec les estimations établies lors de l'élaboration du budget 2020 ?
  • Réponse du 18/05/2020 | Annexe [PDF]
    • de CRUCKE Jean-Luc
    Je confirme que le Gouvernement fédéral a bénéficié de taux négatifs pour certains de ses financements à 10 ans notamment. Cela signifie concrètement que des investisseurs recevront un montant inférieur à celui investi au départ pour prêter de l’argent à la Belgique. Il est néanmoins nécessaire de préciser que les indications du marché secondaire et des taux faibles, voire négatifs pour certaines maturités, n’impliquent pas que le Gouvernement fédéral emprunte systématiquement à taux négatif. Celui-ci a également émis à des maturités plus longues telles que 2038 (OLO76 au rendement moyen pondéré de 0.237 % en date du 23/09/19), voire 2031 (OLO75 au rendement moyen pondéré de 0.076 % en date du 18/11/2019).
    Même pour l’État fédéral, l’intérêt du marché pour des maturités à taux négatifs est à temporiser, les investisseurs prônant davantage l’allongement des maturités. Le marché des emprunts institutionnels/souverains répond à l’équilibre de l’offre et de la demande. Pour pouvoir réaliser un emprunt, il faut que des investisseurs soient intéressés par le taux et la maturité proposée, ce qui n’est pas nécessairement le cas lors de taux historiquement bas. Cet impondérable est d’autant plus vrai pour la Région, acteur actuellement moins connu que les Souverains sur les marchés.

    Pour la Région, 2019 a été marquée par un montant emprunté historiquement haut, ce sont 2 209 millions d’euros qui ont été levés en 31 opérations.
    Ces différents financements ont un spread moyen pondéré (all in) par rapport à l’OLO de 33.11, cette marge porte le taux d’intérêt moyen pondéré (all in) à 1.05 % pour une durée moyenne pondérée (années) de 19.96.

    L’évolution du spread wallon appliqué aux OLO a continué sa diminution jusqu’au début de la crise, avec un spread historique de 24,5pb en All In. Au premier mai, 12 opérations ont eu lieu pour un total de 1,056 milliard à un taux moyen pondéré de 0,722 % et pour une durée moyenne de 23, 24 ans.
    Bien qu’indicative au regard du montant actuellement levé de 130 millions d’euros, l’évolution du spread n’en reste pas moins éclairante sur la manière dont le marché évalue la Région wallonne

    Afin de répondre aux questions de l’honorable membre, la cellule de la dette a effectué une simulation sur base des taux d’intérêts des emprunts venus à échéance l’année de référence, pondérés en fonction du montant desdits emprunts. Ce taux a été comparé au taux moyen pondéré (all in) des opérations conclues durant la période de référence. Cette simulation fait apparaître une diminution du coût du stock de dettes échu qui peut être présenté dans le tableau en annexe.

    Le montant de cette économie est purement théorique au vu de la volatilité des taux actuels. Néanmoins, force est de constater que la Région emprunte à des taux largement inférieurs pour des maturités beaucoup plus longues. Les emprunts venant à échéance ayant une durée moyenne pondérée de moins de 10 ans sont refinancés par des emprunts dont la maturité moyenne pondérée dépasse les 30 ans.

    En l’état, les montants amortis en ce compris les emprunts venus à échéance au 19/03/2020, ne sont pas relevant. Il est, à ce jour, peu illustratif de calculer les économies pour ces emprunts.

    Ces économies sont purement illustratives et ne se traduisent pas par une baisse de la charge d’intérêts de la dette dans le budget wallon. En effet, le financement des déficits successifs a un impact supérieur aux baisses des charges d’intérêts.