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Le Conseil européen des affaires étrangères de l'Union européenne du 20 janvier 2020

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 57 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 03/03/2020
    • de BASTIN Christophe
    • à DI RUPO Elio, Ministre-Président du Gouvernement wallon
    Le 20 janvier 2020 se tenait une réunion du Conseil des affaires étrangères de l'Union européenne (UE). Les ordres du jour et les conclusions sont disponibles sur le site du Conseil de l'UE, mais Monsieur le Ministre-Président pourrait-il nous faire part de son analyse des dossiers discutés en matière de relations internationales ?

    L'Europe a une grande influence sur notre politique en matière de relations internationales et une implication forte de notre région est importante dans ce cadre. Par ailleurs, il est important pour le débat démocratique de connaître avec précision la position du Gouvernement sur ces dossiers.

    Quelle a été la position défendue par la Belgique sur chacun de ces points ?

    Quelle a été la position défendue par la Wallonie lors de la consultation intrabelge préparatoire ?

    Il nous paraît intéressant et pertinent également d'avoir l'analyse de Monsieur le Ministre-Président sur la position belge, et les éventuelles divergences au sein du Conseil, ainsi que les éventuelles divergences des instances des entités qui composent notre pays, et des compromis qui auraient été trouvés, le cas échéant, car ces entités ont parfois des intérêts divergents.
  • Réponse du 25/06/2020
    • de DI RUPO Elio
    Le Conseil affaires étrangères du 20 janvier 2020 a discuté essentiellement des points suivants :

    Le Sahel :

    Le Conseil affaires étrangères a procédé à un échange de vues sur la dégradation de la situation humanitaire et sécuritaire au Sahel. Le rôle que l'Union européenne peut jouer en tant que partenaire et donateur de premier plan dans la région a également été abordé. Un sommet France-G5 Sahel s'est tenu à Pau le 13 janvier 2020.

    Le Conseil affaires étrangères a exprimé son soutien au renouvellement et au renforcement de l'actuelle stratégie pour la région du Sahel. Cette stratégie vise à accroître l'impact de l'action de l'Union européenne en faveur de la sécurité, de la stabilité et du développement. Les ministres ont insisté sur l'importance que revêt une approche intégrée assurant un maximum de synergies entre les différents acteurs concernés et les ressources déployées, ainsi qu'une plus grande prise en charge du processus par les pays du G5 Sahel.

    La position belge sur ce point :
    - réaffirmer l’engagement volontaire de la Belgique au Sahel, notamment dans le domaine sécuritaire (le Sahel est le premier théâtre d’opérations de la Défense belge), mais dans le cadre d’une approche intégrée ;
    - accueillir favorablement la révision de la stratégie européenne pour le Sahel et appeler notamment à un débat sur les questions d’ordre juridique, stratégique, sécuritaire et politique liées au risque de voir l’Union européenne devenir, de facto, partie au conflit armé ;
    - insister sur l’importance d’une action européenne plus robuste par rapport au volet politique des crises sahéliennes (crises de légitimité, de représentativité et de gouvernance) notamment via la tenue de dialogues politiques de haut niveau et par l’utilisation de tous les leviers à la disposition de l’Union européenne ;
    - souligner la nécessaire coordination des différentes initiatives, notamment de l’articulation des décisions prises lors du sommet de Pau avec la révision à venir de la Stratégie européenne pour le Sahel ;
    - prendre en compte le risque de débordement du conflit vers les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest et la coopération avec la CEDEAO et les acteurs locaux.

    La diplomatie climatique :

    Le Conseil a examiné les moyens d'accélérer et de renforcer sa diplomatie climatique et a adopté des conclusions à ce sujet.

    Les conclusions sur la diplomatie climatique précisent que l'Union européenne utilisera tous les moyens dans tous les secteurs concernés pour s’attaquer à l'urgence climatique et agira comme un partenaire constructif, mais aussi actif. Les conclusions demandent également d’élaborer d’ici juin 2020 une approche stratégique pour opérationnaliser la diplomatie climatique.

    La position belge sur ce point :
    - la Belgique soutient les conclusions sur la diplomatie climatique, telles que proposées ;
    - il est problématique que certains pays tiers revoient leurs ambitions climatiques à la baisse. Atteindre les objectifs de l'Accord de Paris requiert un effort collectif au niveau mondial ;
    - la nécessité du respect des droits de l'homme doit également être prise en compte dans le contexte climatique.

    Le processus de paix au Proche-Orient et dans la région dans son ensemble :

    Au cours d'un déjeuner de travail, les Ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont débattu de manière informelle du processus de paix au Proche-Orient (PPPO) et de la région dans son ensemble. Ce débat s'est fondé sur les résultats de la réunion extraordinaire du Conseil des affaires étrangères tenu le 10 janvier 2020, qui a principalement porté sur la situation actuelle en Libye et en Irak.

    La position belge sur ce point :
    - les positions de l'Union européenne concernant le processus de paix au Proche-Orient devraient être maintenues et être menées d’une même voix, y compris dans les forums multilatéraux. La Belgique reste donc engagée pour une solution juste et globale pour le conflit israélo-palestinien sur base de deux États impliquant l'État d'Israël et un autre État indépendant, démocratique, continu, souverain et viable, la Palestine, qui cohabitent dans la paix, la sécurité et la reconnaissance mutuelle ;
    - la Belgique est préoccupée par la politique permanente de construction et d'expansion des colonies et la politique insidieuse d'annexion. Cela sape la solution à deux États ;
    - la Belgique condamne le nombre croissant de démolitions et de saisies de projets humanitaires dans la zone C, dont des projets financés par l'Union européenne et la Belgique ;
    - les éventuelles élections législatives et présidentielles palestiniennes doivent contribuer à la réconciliation intrapalestinienne et à une légitimité démocratique accrue de l'Autorité palestinienne ;
    - la Belgique soutient les efforts du représentant spécial de l'Union européenne pour la Processus de paix au Proche-Orient, Susanna Terstal ;
    - il est nécessaire de poursuivre la désescalade dans la région du Golfe. La diplomatie doit reprendre l'initiative et de nouvelles actions qui aggravent la situation doivent être évitées ;
    - la Belgique continue à s’investir pour obtenir une contribution active de l'Union européenne qui doit conduire à des pistes concrètes pour soutenir la stabilité à long terme dans la région ;
    - il reste important de sauvegarder le Plan d'action global conjoint (PAGC) et convaincre l'Iran de revenir à la mise en œuvre complète de l'accord.

    La Wallonie a soutenu la position belge pour les trois points cités.

    Enfin, le Conseil affaires étrangères a été informé des résultats de la conférence de Berlin sur la Libye, qui s'était tenue le 19 janvier. Le Conseil a débattu de la manière dont l'Union européenne peut s'investir plus énergiquement dans le processus devant mener à une solution politique, en particulier pour contribuer à mettre en œuvre le cessez-le-feu convenu et à faire respecter l'embargo sur les armes décrété par les Nations unies.

    La situation en Bolivie a également été abordée. Les ministres ont réaffirmé leur soutien au processus qui conduira à des élections législatives le 3 mai 2020.

    Les ministres ont également abordé la question du Venezuela, à la suite d'une nouvelle aggravation de la crise dans le cadre de développements intervenus récemment à l'Assemblée nationale. Ils ont réaffirmé leur soutien à Juan Guaidó en tant que président de l'Assemblée nationale.