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Le coût des infrastructures

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 302 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 10/03/2020
    • de HEYVAERT Laurent
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    La Déclaration de politique régionale prévoit une révision du Plan infrastructures 2020-2024. Comme Monsieur le Ministre l’annonçait, cela se fera dans quelques mois.

    En attendant, je voudrais faire avec lui le point sur le coût de ces infrastructures.

    Plusieurs études étrangères ont essayé de comparer les prix des infrastructures. Pour une route à vélo, on est en moyenne à 1 million d'euros par kilomètre, pour un contournement routier à 10 millions d'euros, pour des bandes bus en site propre à 5 millions et pour sécuriser un centre-ville à 1 million.

    Peut-il me confirmer que ces chiffres peuvent être utilisés en Wallonie ?

    Avec le budget annoncé pour le Plan infrastructures du Gouvernement, nous pourrions sécuriser tous les centres des communes wallonnes et faire de nombreuses infrastructures vélos.
    Quelle est son analyse politique de cette situation ?
  • Réponse du 14/05/2020
    • de HENRY Philippe
    Il n’est pas facile d’évaluer une moyenne du coût des infrastructures, car de nombreux paramètres entrent en jeu. Le choix des aménagements (ex. : giratoire, carrefour à feux, nombre de bandes de circulation) et la réalité du terrain ont un impact conséquent sur le prix final au km.

    Le contournement de Couvin a ainsi coûté 10 millions d’euros/km (il comprend de nombreux ouvrages d’art tels que tunnels, ponts, passages à gibiers …). L’entretien des ouvrages d’art est également parfois très coûteux et c’est particulièrement le cas lorsque les entretiens de base n’ont pas été réalisés régulièrement. Ainsi, l’ensemble des coûts de rénovation des tunnels les plus urgents à entretenir en Wallonie est actuellement estimé à 100 millions d’euros. Un autre exemple est le viaduc d'Yves-Gomzée dont le coût de rénovation est estimé à 15 millions d’euros.

    Le SPW travaille avec des prix moyens au m². Une réfection complète de la voirie comprenant la démolition de l’ancienne route, la nouvelle voirie (avec bordures canalisations, etc.) et trottoir en agglomération, est de l’ordre de 196 euros/m² et hors agglomération d’environ 114 euros/m².

    Le chercheur français économiste et urbaniste, Frédéric Héran, estime qu’une « 4 voies » de contournement sans carrefours dénivelés revient à 10 millions d’euros/km et qu’une autoroute urbaine (2x2 voies) revient quant à elle à 100 millions d’euros/km.

    Au niveau des aménagements cyclables, pour les aménagements les plus simples tels que le marquage de pistes cyclables, le coût est de quelques milliers d’euros du km. Un kilomètre de RAVeL revient quant à lui à environ 250 000 euros/km. Les estimations pour des « autoroutes » vélo sont, elles, de l’ordre de 400 000 euros/km. Atteindre ou dépasser le million d’euros/km n’arrive que lorsqu’il y a des ouvrages d’art ou d’importants travaux de terrassement.

    Selon Frédéric Héran, en termes de débit identique, une piste cyclable est environ 200 fois moins chère au km qu’une autoroute urbaine.

    Ainsi, pour le coût d’un seul kilomètre d’autoroute urbaine, il est possible de créer 150 km de pistes cyclables ou 10 000 km de bandes cyclables ou encore 100 km de zones 30 très bien aménagées, soit de toute façon un réseau cyclable complet dans une grande ville.

    Si l’on regarde également le coût du stationnement, pour le prix d’un parking souterrain de 400 places de voitures, on réalise 10 000 places pour vélo couvertes.

    Et ces chiffres ne représentent que les coûts directs de l’infrastructure sans tenir compte de l’entretien et des coûts indirects engendrés par de telles infrastructures (pollution de l’air, congestion, coût de l’accidentologie, réchauffement climatique, et cetera).

    L’accent mis dans la DPR de privilégier l’infrastructure pour les vélos a donc tout son sens et est encore plus pertinent au vu du contexte actuel qui démontre bien l’efficience et résilience de la mobilité à vélo.

    C’est pourquoi la révision du plan infrastructure consacre une enveloppe supplémentaire de 80 millions/an pour les modes actifs et le transport en commun. L’allocation des enveloppes entre les différents modes est en cours , ais il y a clairement une priorité aux projets vélo en particulier dans les centralités.