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Le rôle du transport aérien dans la diffusion des épidémies

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 97 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 23/03/2020
    • de CLERSY Christophe
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
    Dans un article intitulé «Le rôle du réseau de transport aérien dans la prédiction et la prévisibilité des épidémies mondiales », publié en 2006 dans les Actes de la National Academy of Sciences, Alain Barrat met en avant le fait que les réseaux mondiaux de trafic aérien jouent un rôle clé dans l'importation mondiale des maladies infectieuses émergentes.

    Dans une récente interview sur le site internet Ricochet, le même scientifique déclarait que « lorsque l'hiver s'est terminé, le Covid-19 était déjà bien implanté dans de nombreux pays et il se propage maintenant au sein des communautés mais au début de l'hiver, les avions constituaient de très importants vecteurs de diffusion du virus et l'industrie aéronautique ne pouvait l'ignorer ».

    L'Association du transport aérien international, qui représente la plupart des grandes compagnies aériennes du monde, a en effet participé à une étude de Barrat et de ses collègues sur le rôle des avions dans la propagation des maladies infectieuses.

    Quelle est l'analyse politique de Monsieur le Ministre par rapport aux conclusions d'Alain Barrat?
    Quelles mesures avez-vous entreprises afin de diminuer la potentielle diffusion de virus via le trafic aérien ?

    Quelles sont les concertations qui ont été menées avec l'État fédéral et à l'échelon européen sur cette question ?
  • Réponse du 06/05/2020
    • de CRUCKE Jean-Luc
    Préalablement, il me semble nécessaire de rappeler que la compétence de la Région wallonne en matière de transport aérien porte sur l’équipement et l’exploitation des aéroports et des aérodromes publics. Comme le sait l'honorable membre, la question de la gestion du trafic aérien n’est ainsi pas de son ressort.

    Il convient par ailleurs de laisser Monsieur Barrat responsable de ses conclusions et il ne m’appartient pas de les commenter.

    La problématique qui mérite d’être soulevée et investiguée est celle de savoir pourquoi les états européens et d’autres également, ainsi que la CE, ont échoué dans leur mission de garant de l’ordre et de la santé publics, en informant pas plus rapidement et plus utilement les sociétés commerciales et autres de l’apparition du Covid-19 et de sa dangerosité. Cette question, l'honorable membre en conviendra, dépasse largement mes compétences ministérielles et celles des aéroports wallons, mais est une des conclusions qu’il conviendra de tirer de la crise. Tenir les aéroports pour responsables de ce que les États n’ont pas été capables de faire semble réducteur !
    Toutefois, qu’on le veuille ou non, le transport aérien est devenu un élément essentiel dans notre société aussi bien au niveau du secteur passagers que du cargo. Dans le cadre de la crise sanitaire que nous vivons actuellement, il est d’ailleurs utile de souligner l’importance que représente ce dernier.

    Sans celui-ci, des produits de première nécessité provenant d’au-delà des frontières de l’Union européenne ne pourraient être livrés, ce qui aurait des conséquences désastreuses sur la situation déjà difficile que nous rencontrons. On peut prendre pour exemple les fournitures et équipements sanitaires qui nous viennent de Chine et qui arrivent quotidiennement à Liege Airport.

    Si nous ne pouvons nier que les aéroports offrent un très grand nombre de dessertes internationales pouvant être des sources de propagation du virus, il me semble cependant réducteur de lier la diffusion des épidémies au seul transport aérien.

    À l’heure où le monde entier est confronté à un fléau d’une ampleur jamais connue ou imaginable, il convient de lutter ensemble contre celui-ci afin de pouvoir l’endiguer, faire les constats objectifs une fois qu’ils pourront être faits et en tirer les enseignements, que ce soit au niveau de la mondialisation des échanges ou de la dépendance sanitaire et économique de la Belgique et même de l’Europe.

    Ces analyses ne manqueront pas d’être faites, que ce soit au niveau belge, européen ou mondial et une concertation sera indispensable afin d’envisager notamment des mesures de surveillance sanitaire.

    Les multiples acteurs du secteur aérien concernés participent déjà et participeront aux différentes études qui sont et seront menées en vue d’éviter la propagation de maladies infectieuses.

    À l’heure actuelle, Liege Airport, dont seule l’activité cargo est maintenue, a pris des mesures strictes à l’égard de son personnel afin d’éviter tout risque de propagation en interne.

    BSCA est en train de finaliser un plan de reprise des activités qui veillera à protéger tant les passagers que le personnel.

    Il est évidemment que pour être efficaces, ces mesures devront être en concordance avec les mesures prises par les autres États.

    À cet égard, j’ai récemment relayé les préoccupations de nos aéroports à la Délégation générale Wallonie-Bruxelles auprès de l’Union européenne, en vue d’un prochain Conseil informel portant sur le transport.
    Parmi celles-ci :
    - demande de position de l’UE quant à des mesures sanitaires uniformes au niveau des aéroports européens ;
    - demande de précisions quant aux aspects liés à la sureté et plus particulièrement à la palpation des passagers ; 
    - demande de position de l’UE quant à d’éventuelles mesures sanitaires à imposer de manière uniforme aux compagnies.