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La coopération en matière de mobilité entre la Région wallonne, l'État fédéral et la SNCB

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 316 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 23/03/2020
    • de COURARD Philippe
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    En octobre 2019, je me permettais d'attirer l'attention de Monsieur le Ministre sur la situation du rail en Province de Luxembourg. Le souhait est toujours le même : obtenir une offre ferroviaire plus attractive, et ce, afin de répondre non seulement au besoin d'une mobilité plus durable pour un avenir plus vert, mais aussi pour répondre aux nombreux défis à venir. Je pensais notamment à la construction d'un nouvel hôpital à Houdemont.

    Tout naturellement, je demandais quelles étaient les pistes de réflexion qui étaient à l'étude pour le rail en Wallonie, et singulièrement en Province de Luxembourg.

    J'en profitais pour rappeler l'importance du dossier pour la Province de Luxembourg, qui a la superficie la plus importante du pays, que les distances à parcourir d'un village à un autre, d'une ville à une autre ou encore d'une commune à une autre sont importantes.

    Dans sa réponse, Monsieur le Ministre avait développé le contenu de l'Accord de coopération entre l'Etat et les Régions, tout en ajoutant être prêt à défendre le rail wallon et à faire respecter les engagements des différentes parties. Il avait également informé de la demande formulée en Province de Luxembourg (desserte minimale d'un train par heure) et établi un état des lieux du futur hôpital de Houdemont.

    En ce qui concerne les trajets de moins de 5 kilomètres, je suis dans l'obligation de lui exprimer l'exact opposé de son argument : beaucoup de déplacements font plus de 5 kilomètres. Pour obtenir de plus amples détails, je l'invite à prendre connaissance du Livre blanc en Province de Luxembourg.

    Quand bien même la distance serait acceptable, encore faut-il faire preuve d'une endurance et d'une condition physique suffisantes pour faire ces trajets. En ma qualité d'élu luxembourgeois, ce dernier développement me laisse perplexe.

    Dès lors, dans son argumentaire, Monsieur le Ministre parle d'un horizon, plus précisément de l'horizon 2031. Néanmoins, pourrait-il me développer les mesures concrètes qui seront prises durant la législature ?

    Peut-on espérer des mesures fortes à l'horizon 2024 ? Si oui, de quelle nature sont-elles ?

    De nombreuses communes ont adopté un Plan communal de mobilité (PCM). La Région ne peut-elle pas appuyer ces initiatives locales mais également informer et aider les communes qui ne disposent pas de ce plan ?

    L'utilisation du service Cambio pourrait-il évoluer et se développer dans le Centre-Ardenne, mais également dans les gares de Marche-en-Famenne et Bomal par exemple ?

    Enfin, pourrait-il m'informer de l'évolution des dossiers liés aux aires de covoiturage qui doivent voir le jour un peu partout dans notre province ?
  • Réponse du 07/05/2020
    • de HENRY Philippe
    La coopération en matière de mobilité entre la Région wallonne, l’État fédéral et la SNCB est un sujet souvent traité dans les échanges avec le Parlement.

    J’indiquais à l’honorable membre entre autres que je souhaitais que le train, de compétence fédérale, soit la colonne d’un réseau de transport intégré. En Province de Luxembourg, la demande du Gouvernement wallon dans le cadre du plan de transport 2017 a enfin été entendue. Depuis le 6 avril dernier, la boucle du Luxembourg est enfin terminée. Toutes les gares entre Arlon-Libramont-Bertrix-Virton-Arlon jouissent dorénavant au minimum d’un train par heure. Cette offre concerne aussi le futur hôpital de Houdemont qui se situera à +/- 5 km des gares de Habay et de Marbehan ; cette dernière disposant également d’un train IC.

    L’objectif de la Wallonie est donc de développer une offre multimodale visant à réduire la part modale de la voiture de 83 % à 60 % et nous inscrire dans une vision durable de la mobilité, la vision FAST.

    C’est ainsi que je lui indiquais que je veillerai, premièrement, à ce que l’offre « bus » soit étudiée pour être en correspondance avec les trains et en rabattement vers le futur hôpital. Deuxièmement, je souhaite encourager les vélos lorsque les distances le permettent par des aménagements cyclables de qualité. Cela concerne bien entendu aussi les zones rurales même si les distances sont plus importantes et que le train doit donc d’autant plus jouer son rôle d’épine dorsale de la mobilité.

    En ce qui concerne le vélo, si je reconnais que le caractère rural de la Province de Luxembourg fait que les déplacements sont en moyenne plus longs que dans les autres provinces wallonnes, il n’empêche que certains trajets ou qu’une partie de ces trajets, le last ou first mile par exemple, pourraient se faire à vélo ou à vélo à assistance électrique tendant de la sorte vers plus de déplacements multimodaux.

    Les plans communaux et intercommunaux de mobilité ont été progressivement mis en œuvre depuis 2004 sans obligation. Aujourd’hui 60 % des communes de la Province de Luxembourg disposent d’un PCM dont 4 sont en cours d’actualisation. Les 19 communes ne disposant pas de PCM représentent 30 % de la population de la Province. Cet outil a été particulièrement utile pour permettre de sensibiliser les communes aux enjeux de la mobilité et pour amorcer une culture de travail conjointe entre élus, services communaux et intervenants régionaux ainsi que, lorsque c’est pertinent, avec les acteurs en charge du ferroviaire.

    Tel qu’indiqué dans la Déclaration de politique régionale, le SPW MI a entamé une réflexion sur le devenir de la planification de la mobilité en Wallonie. Un des éléments pris en compte est en effet la nécessité de passer à une vision à une échelle plus large autour de la réflexion sur des « bassins de mobilité ». Cette réflexion débute ; il est donc impossible, à ce stade, d’en décrire les orientations, sinon en insistant une fois encore sur la volonté d’une réflexion de nature plus stratégique. La question du soutien financier pour des outils supra communaux en fera partie.

    Le service de carsharing, tel que Cambio, vient compléter la marche, le vélo, le train/tram/bus comme alternative à la voiture personnelle ou secondaire. Le développement de Cambio, qui par ailleurs est une entreprise commerciale, se fait en priorité là où le potentiel d’utilisation est élevé, c’est-à-dire dans les lieux à forte densité de population. Une station est active à Arlon et j’invite les villes désireuses d’accueillir ce service, comme par exemple Marche-en-Famenne ou Virton qui présentent la plus forte densité de population de la province après Arlon, à demander une étude d’opportunité auprès de Cambio. Par ailleurs, une alternative que je souhaite développer dans les prochains mois est l’autopartage, tel que celui proposé par Taxistop sous l’appellation « Cozycar ». À titre d’exemple, les communes et CPAS pourraient partager leurs véhicules lorsqu’ils ne sont pas utilisés, comme le propose le CPAS de Héron depuis le début de cette année.

    Au niveau du covoiturage, je vais relancer dans les prochains mois une dynamique de développement des parkings de covoiturage en partenariat avec les entreprises privées, en particulier sur les parkings de grandes surfaces commerciales, qui sont sous-utilisés en semaine. Cette politique permet de diviser par dix le coût des parkings de covoiturage. D’autres parkings de covoiturage continueront à être financés par le SPW et la SOFICO, et le tout intégré dans un réseau de parking couvrant toute la Wallonie. Ces parkings devront être articulés au réseau de mobipôles afin de rendre le covoiturage combinable avec d’autres modes de transport. Les bandes de covoiturage constituent également un incitant important à la pratique du covoiturage. Une évaluation des expériences pilotes menées en Wallonie doit m’être communiquée pour la fin mai. Il est donc encore trop tôt pour lui dire quelles mesures seront prises à ce niveau, mais il est vraisemblable que l’augmentation du nombre de places de parkings de covoiturage, notamment dans la Province de Luxembourg, soit une des clefs du succès.