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L'aide alimentaire dans le contexte de crise du coronavirus

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 153 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 09/04/2020
    • de DELPORTE Valérie
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Le 19 mars, la Fédération belge des banques alimentaires alertait sur l'impact de la crise sur la distribution des denrées alimentaires aux plus démunis. En effet, l'absence d'excédents alimentaires dans les supermarchés ainsi que la fermeture des établissements HORECA ont un impact direct sur l'approvisionnement des banques alimentaires. L'appel aux dons des citoyens lancé en réaction, par des associations et ensuite par le SPP-IS, ne parviendra pas à pallier le manque occasionné.

    Le 3 avril, le Ministre fédéral de l'Action sociale a annoncé avoir débloqué 3 millions d'euros pour les CPAS en vue de soutenir ceux-ci dans leurs actions visant à offrir de l'aide alimentaire aux personnes précarisées. Ce montant semble toutefois très insuffisant au vu du contexte économique. En effet, en plus des bénéficiaires « habituels » de l'aide alimentaire, nous pouvons nous attendre à une augmentation substantielle du nombre de demandeurs du fait de la conjoncture économique actuelle et à venir.

    En outre, cette crise du coronavirus a fait resurgir l'idée d'une aide alimentaire octroyée à travers un mécanisme de chèque alimentaire. Cette solution est préconisée par le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté et la Fédération des services sociaux notamment. L'idée est d'offrir une aide alimentaire au bénéficiaire sous forme de « chèques nourriture » à dépenser dans les commerces où se rend toute la population. Cette solution a de nombreux avantages en particulier celui d'être moins stigmatisant et d'offrir plus de liberté aux personnes précarisées. Toutefois, la fédération des CPAS note que le système pose des problèmes pratiques et demande une mise en œuvre rapide de celui-ci dans ce contexte d'urgence. Ajoutons, plus globalement, que si l'objectif est d'augmenter le pouvoir d'achat des ménages, augmenter les allocations sociales, plutôt que de complexifier davantage le système d'aide sociale complémentaire semble être une réponse plus structurelle et plus égalitaire.

    Comment Madame la Ministre envisage-t-elle le système d'aide alimentaire dans le contexte de crise du coronavirus ?

    A-t-elle prévu un soutien financier régional complémentaire au budget insuffisant du niveau fédéral pour fournir une aide alimentaire aux ménages précarisés ?

    Quelle est sa position quant au système de chèques alimentaires fournis par les CPAS préconisés par certains dans ce contexte de crise ?
  • Réponse du 24/09/2020
    • de MORREALE Christie
    La crise sanitaire est lourde de conséquences et force est de constater que les besoins d’aide alimentaire ont augmenté.

    Sur ma proposition et sur la base des conclusions d’un groupe de travail consacré à l’aide alimentaire, une première enveloppe de 1 million d’euros a été dégagée par le Gouvernement wallon. Un appel à projets a été adressé aux épiceries et restaurants sociaux, ainsi qu’à l’ensemble des CPAS. Les moyens libérés visaient à rencontrer directement les besoins des bénéficiaires (récolte et stockage de denrées, achat de denrées et de produits de première nécessité, préparation de repas/colis, bons alimentaires, chèques, livraison, et cetera).

    J’ai fait le choix de soutenir toutes les candidatures recevables (seules 10 ne l’étaient pas), à savoir 171 opérateurs. Le montant octroyé à chaque bénéficiaire, variant entre 2 500 euros et 11 000 euros, a été déterminé sur la base du nombre de bénéficiaires visé par l’organisation, sur la base des besoins et de l’offre du ou des territoire(s) concerné(s) et, enfin, sur la base du recours ou non aux producteurs locaux. J’ai souhaité marquer mon soutien à ces derniers. Avec mon collègue, le Ministre Borsus, nous avons aussi soutenu financièrement la distribution de 100 000 kg de pommes de terre depuis les producteurs vers les plateformes et les banques alimentaires. La crise Covid-19 a en effet entraîné une saturation des capacités de stockage, en raison de la diminution de la demande HORECA et de la transformation pour l’export ; cette situation pouvant entraîner en outre un grave gaspillage alimentaire. Cette offre en surplus permettait de répondre à l’augmentation des demandes d’aide alimentaire en période de crise sanitaire.

    En outre, un budget de 164 000 euros pour le matériel de protection des travailleurs issus des services agréés de l’Action sociale a été dégagé à mon initiative. Les travailleurs des épiceries et restaurants sociaux agréés en ont notamment bénéficié.

    Nous continuons, avec l’administration, d’accompagner les secteurs dans le cadre de la reprise des activités, même si bon nombre d’épiceries et restaurants sociaux sont restés ouverts et ont réorganisé leur offre en distribuant des colis alimentaires et des repas sous forme de « take away » pendant la période de confinement, afin de répondre aux nombreuses demandes des personnes les plus fragiles.

    Ainsi, dans le cadre de la relance économique et consciente des besoins en la matière, un nouvel appel à projets dédié à l’aide alimentaire a été lancé et s’est clôturé le 31 août dernier. 158 candidatures ont été réceptionnées et seules 2 d’entre elles ne sont pas éligibles. Les candidats se répartiront une enveloppe d’au moins 2 millions d’euros. Le Gouvernement sera chargé d’approuver la répartition de l’enveloppe dans les prochains jours.

    Enfin, en ce qui concerne les chèques alimentaires, les subsides octroyés dans le cadre des appels à projets permettent la prise en charge de ceux-ci. Il s’agit, à mon sens, d’une formule intéressante, mais qui ne peut être exclusive, notamment eu égard aux spécificités de certains publics et qui ne pouvait être généralisée dans les délais requis au moment fort de la crise.