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La reprise du site d'Eckert Ziegler à Seneffe

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 255 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 17/04/2020
    • de CLERSY Christophe
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le 3 avril, le site de l'entreprise Eckert Ziegler à Seneffe a été racheté par la firme pharmaceutique australienne Telix.

    Monsieur le Ministre pourrait-il m'en dire plus sur les projets de cette société au niveau de l'exploitation du site et sur le volume d'emplois qu'elle compte créer en Wallonie ?

    Par ailleurs, la production sur ce site à Seneffe a cessé en 2008. Des experts en Belgique affirment que le site n'est plus pleinement opérationnel. La firme Telix s'engage-t-elle à déclasser et à nettoyer le site efficacement et immédiatement après l'acquisition ?

    En outre, la société Telix Belgium a-t-elle apporté toutes les garanties suffisantes pour gérer le passif nucléaire que représente le site de Seneffe ?

    A-t-il plus de détails sur ce volet spécifique ?
  • Réponse du 07/05/2020
    • de BORSUS Willy
    Telix est une société pharmaceutique dont le siège social est situé à Melbourne. Elle est cotée sur la Bourse australienne et possède des filiales opérationnelles dans huit pays, dont la Belgique. Telix est une société d'oncologie qui dispose d'un pipeline avancé de produits de médecine nucléaire pour le diagnostic et le traitement ciblé des cancers, notamment, celui de la prostate, des reins et d’un type agressif de cancer du cerveau appelé glioblastome.

    Bien qu’ayant son siège social en Australie, Telix compte la plus grande partie de ses employés en dehors du pays et notamment en Wallonie, suite au rachat fin 2018 de la spin-off liégeoise ANMI. Les activités actuelles de Telix en Wallonie concernent déjà environ 40 employés et sous-traitants qui mènent des activités de R&D et de fabrication avancées. En outre, la société mène régulièrement des activités en laboratoire au sein des installations du cyclotron de l'Université de Liège (CRC).

    Telix a finalisé, par l'intermédiaire de sa filiale locale belge, détenue à 100 %, l'acquisition d'une installation de production d'isotopes médicaux à Seneffe, auprès d'Eckert & Ziegler Strahlen und Medizintechnik AG (EZAG). Telix avait déjà annoncé publiquement cette transaction, y compris sur la bourse australienne, en octobre 2019, lors de la signature de l'accord entre Telix et EZAG. L’acquisition porte également sur la licence de production d’isotopes médicaux liée au site. Le site de Seneffe a pour vocation de devenir le site de production européen pour l’entièreté des produits radio-pharmaceutiques de la société. Telix s’approvisionnera en isotopes particuliers produits en Belgique (qui en est l’un des principaux producteurs au monde). Le site de Seneffe sera également la plateforme privilégiée pour ses activités de R&D avec les hôpitaux et universités au niveau européen.

    Les projections de création d’emplois à court terme fournies par Telix portent sur 35 emplois suite à l’acquisition du site (dont environ 15 emplois lors de son installation et 20 emplois supplémentaires dans les deux ans suivant le démarrage des activités). Les projections à moyen terme de la société portent sur une création de 70 à 100 emplois hautement qualifiés, une fois les installations pleinement opérationnelles, sans préjuger des emplois indirects supplémentaires dans les domaines de la logistique, de la chaîne d'approvisionnement et des services annexes.

    Les installations de production d’isotopes médicaux pour applications anticancéreuses appartenant au précédent propriétaire (EZAG) sont restées dormantes et partiellement déclassées depuis plusieurs années. Ce site était donc inactif, mais pas à l’abandon, dans la mesure où il a été maintenu et contrôlé selon les règles strictes en vigueur en Belgique pour ce genre de site.

    Telix a l’intention d’utiliser la licence de production d’isotopes médicaux liée au site, et maintiendra donc le site de Seneffe actif dans ses fonctions et destinations premières de production radio-pharmaceutique.

    Sur la base des informations en notre possession fournies par la société, deux cyclotrons obsolètes sont actuellement encore présents dans les bunkers et seront déclassés et démantelés selon un plan approuvé par l’ONDRAF et exécuté par le SCK/CEN. Un nouvel équipement de production moderne (cyclotrons) sera ensuite installé dans ces mêmes bunkers. Tous les espaces de laboratoires et de production ont été entièrement décontaminés et certifiés, prêts pour une installation d’équipements neufs. Les opérations sur le site de Seneffe suivent strictement les prescriptions de l’autorité belge nucléaire (AFCN pour la sécurité nucléaire) et l’ONDRAF (pour la gestion des déchets nucléaires).

    Le plan opérationnel de la société et les accords avec les autorités de contrôle prévoient une obligation immédiate de procéder au démantèlement et au déclassement de l’un des deux cyclotrons dès l’acquisition finalisée. La première phase du plan prévoit l’exécution de ces opérations sur une période entre 9 et 12 mois, immédiatement après l’acquisition du site. Le coût de ces opérations a été provisionné par la société sur la base d’expertises indépendantes.

    L’acquisition du site de Seneffe couvre contractuellement également la responsabilité totale et les obligations qui y sont associées en matière de démantèlement et de sécurité. Telix a provisionné son bilan du montant estimé pour ses obligations qui apparaîtront lors de la prochaine publication des comptes consolidés. En tant que société cotée en bourse, Telix est en effet soumise à une obligation de publication de ses comptes et obligations. Ses obligations en matière de gouvernance d'entreprise et financière s'étendent - conformément au droit australien des sociétés - à ses filiales d'exploitation internationales. Le passif de démantèlement contracté lors de l'achat de l'installation de Seneffe sera un passif entièrement public de la société mère, sur la base des estimations de coûts fournies par SCK-CEN et d'un plan technique détaillé qui a été communiqué à l'ONDRAF dans son intégralité.

    J’ai personnellement reçu des assurances directement de la société australienne, qui a réitéré son engagement et son intention de mener de manière responsable ses activités de R&D en médecine nucléaire et de fabrication de produits radio-pharmaceutiques en Wallonie. La volonté annoncée de Telix est de s’intégrer dans l’écosystème belge et wallon de rang mondial dans ce domaine, et de continuer à être un acteur positif et un employeur solide de ce secteur d’avenir.

    Nous estimons qu’un tel investissement permettra à terme, outre la réhabilitation d’un site industriel dans sa fonction première, d’exploiter et de valoriser à notre avantage les atouts et les forces de l’écosystème belge de la médecine nucléaire. Cette implantation préfigure potentiellement le développement d’un pôle d’activité de recherche et de production industrielle de premier rang dans un domaine de pointe, avec comme effet positif le positionnement de la Wallonie à l’échelle européenne.

    Enfin, ce projet favorise l’implantation et l’ancrage en Wallonie de plusieurs maillons essentiels et stratégiques d’une chaîne de haute valeur ajoutée, sujet éminemment critique dans le contexte actuel.