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L'impact de la crise Covid-19 sur les petits fournisseurs énergétiques

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 333 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 30/04/2020
    • de HERMANT Antoine
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    La semaine dernière, le prix de l'électricité a été négatif. Cela serait entre autres dû à la consommation des entreprises qui a diminué de 15 à 20 %. Si la consommation a diminué, il n'en est pas de même pour la production. Les centrales nucléaires continuent de tourner au détriment des énergies renouvelables que l'on doit couper pour éviter de surcharger le réseau alors qu'il y a du vent et du soleil.

    Engie-Electrabel a donc inondé le marché de l'électricité. Dans ce contexte d'offre supérieure à la demande, les grands perdants sont les petits fournisseurs d'électricité qui doivent revendre une partie de l'électricité achetée à un prix plus élevé que le prix auquel ils la vendent. Cette situation n'est également pas favorable aux investissements dans les énergies renouvelables. Cette situation montre bien l'impasse dans laquelle la politique énergétique se trouve.

    En cette période de crise, que va mettre en place Monsieur le Ministre pour garantir un mix énergétique qui donne une place importante au renouvelable ?

    Comment compte-t-il favoriser l'accès de l'électricité produite par les énergies renouvelables au marché de l'électricité ?

    Est-il faisable d'encadrer ou de réguler le marché de manière à ce que les petits fournisseurs ne soient pas pénalisés de par leurs positions moins dominantes sur le marché ?
  • Réponse du 08/05/2020
    • de HENRY Philippe
    La crise que nous traversons actuellement ébranle véritablement notre société et touche également l’ensemble des acteurs du secteur de l’énergie.

    En tant que Ministre de l’Énergie, j’ai à cœur de rester à l’écoute de l’ensemble de ces acteurs en prenant en compte leurs préoccupations dans les réflexions que je mène pour soutenir le secteur et les ménages wallons dans cette crise.
    J’ai d’ailleurs eu plusieurs contacts avec les fournisseurs, en direct ou à travers les représentants de leur fédération, et ceux-ci m’ont fait part des moments difficiles qu’ils traversent actuellement.

    En effet, la baisse significative de la demande et des prix de gros, l’augmentation drastique des factures impayées, l’arrêt du « business development » et des services mettent la situation des fournisseurs en péril. À ce niveau, des réflexions sont en cours au sein de mon Cabinet pour mettre en place des mesures concrètes pour limiter l’impact des impayés, que ce soit ceux de ménages en situation précaire ou d’entreprises qui seraient amenées malheureusement à la faillite.

    En ce qui concerne la baisse actuelle des prix de l’énergie provoquée par une baisse sensible des consommations, ENGIE a communiqué (communiqué de presse du 22/4/2020) récemment sur la situation actuelle du marché de l’énergie et sur la disponibilité de ses capacités de production, affirmant sans aucune équivoque qu’ils agissent avec le plus grand professionnalisme et dans le respect absolu des règles de marché, en modulant au maximum ses capacités de production. Il est d’ailleurs intéressant de constater qu’ENGIE affirme, preuves à l’appui, que le prix de l’électricité n’est pas dépendant du fonctionnement, ou non, de ses centrales nucléaires, mais bien de la situation globale au niveau européen.

    Plus concrètement, la baisse importante du prix de l’électricité actuelle résulte notamment du phénomène particulier suivant. Les fournisseurs achètent des volumes à l’avance afin de pouvoir approvisionner leurs clients. Compte tenu de la forte baisse de la consommation, ces volumes sont supérieurs à ce qui est nécessaire et tous les fournisseurs essaient de revendre de l’électricité sur le marché de gros où les acheteurs font défaut.

    Cet effet sera donc temporaire. Mais si les prix devaient rester bas, l’impact serait positif pour les clients d’abord, mais aussi pour les producteurs d’électricité renouvelables, car ce sont eux qui, à l’exception de la biomasse, ont le prix marginal de production d’électricité le plus faible. Ce sont donc les autres producteurs qui devront réduire leur production en premier.