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Les difficultés du secteur de la pomme de terre

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 294 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 03/06/2020
    • de GAHOUCHI Latifa
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    J'ai pris connaissance d'un article de presse de ce mardi 26 mai 2020 qui précise que le confinement risque bien d'avoir raison de la frite.

    En effet, les produits surgelés ne s'écoulent plus. Avec le confinement et la fermeture du secteur HORECA, ainsi que la baisse de l'export, les pommes de terre s'accumulent, ce qui pourrait entraîner le gaspillage de 750 000 tonnes qui attendent d'être transformées en frites ou autres produits surgelés.

    Monsieur le Ministre a-t-il réalisé une enquête auprès des agriculteurs wallons afin de connaître l'impact des mesures de confinement sur leurs exploitations ?

    Un « plan de sauvetage » de la pomme de terre wallonne est-il prévu afin d'éviter que le cours de celle-ci ne s'effondre, vu l'offre importante sur le marché dû au confinement, et ne pénalise une fois de plus les agriculteurs ?
  • Réponse du 25/06/2020
    • de BORSUS Willy
    La crise de la Covid-19 a effectivement perturbé le marché de la pomme de terre et plus particulièrement le secteur de la transformation de produits frais et surgelés à base de pommes de terre à cause notamment de la diminution des exportations, de la fermeture de l’HORECA et de l’annulation des évènements sportifs et culturels. Des volumes importants d’excédents de pommes de terre ont dû et doivent toujours trouver d’autres débouchés.

    Nous constatons aujourd’hui que le marché en Belgique reprend doucement. Le taux d’activité industrielle continue à progresser (45 à 100 %). Les livraisons pour l’alimentation animale se poursuivent. Enfin, les préparateurs-emballeurs pour le marché intérieur travaillent à un rythme supérieur à la normale.

    Sur la base d’informations communiquées par la FIWAP, on peut estimer les stocks de pommes de terre, au 1er juin, à 165 000 T/libre et 215 000 T/filière contractée.

    La crise risque également d’impacter le marché des pommes de terre hâtives et à plus long terme l’ensemble des producteurs wallons de pommes de terre.

    En tant que Ministre de l’Agriculture, j’ai moi-même interpellé mes homologues au niveau européen pour soutenir le secteur de la pomme de terre.

    Par ailleurs, un groupe de travail composé de l’APAQW, de la FIWAP, de la FWA, de SOCOPRO (Collège des Producteurs, Manger Demain) et de Valbiom s’est mis en place pour prendre de multiples initiatives destinées à dégager un maximum de volumes :
    En ce qui concerne l’alimentation humaine :
    - dès le début de la crise, l’APAQW a mis en place une promotion active dans la grande distribution et sur les réseaux sociaux pour amener le consommateur à consommer des pommes de terre locales avec notamment un clip promotionnel, des concours, un site Internet de recettes, une cartographie des friteries ouvertes pendant le confinement (en collaboration avec Navefri, la fédération belge des frituristes). L’APAQ-W a également veillé à se concerter avec le VLAM dans le cadre de sa participation à la campagne SOS PATAT coordonnée par la plateforme « To good to go » et orientée vers la sensibilisation au gaspillage alimentaire. Enfin, une campagne est actuellement en préparation pour le second semestre, qui se concentrera davantage sur l’image du secteur ;
    - le manque de pommes de terre dans plusieurs pays d’Europe de l’Est a généré un flux d’export de pommes de terre fraîches en avril et mai. Entre 30 000 et 50 000 tonnes de production wallonne auraient ainsi été commercialisées ;
    - en parallèle, l’ASBL SOCOPRO (Collège des producteurs et Manger Demain), en collaboration avec la Plateforme digitale Bourse aux dons, a concrétisé une action d’écoulement des pommes de terre wallonnes à destination du secteur de l’aide alimentaire. Ma collègue Christie Morreale et moi-même avons accordé notre soutien à cette action à hauteur de 30 000 euros, ce qui permet le don de 100 000 kg de pommes de terre. Le financement des dons est assuré à hauteur de 0,25 euro/kg : 0,05 euro/kg pour le producteur, 0,15 euro/kg pour l’emballeur, 0,05 euro/kg pour le transport. Cinq emballeurs participent à cette action. Une semaine après le lancement de cette action, 40 000 kg de pommes de terre (40 tonnes) avaient été acquis par les acteurs de l’aide alimentaire.

    L’alimentation animale représente également un débouché considérable pour la pomme de terre, compte tenu du cheptel présent en Belgique, de la raréfaction de plusieurs sous-produits agroalimentaires, et de la sécheresse actuelle qui compromet les coupes d’herbes. L’ensemble des acteurs a sensibilisé les éleveurs et les transformateurs d’aliments pour animaux sur l’intérêt de l’incorporation de pommes de terre dans les rations. La FWA a réalisé une fiche technique et une courte vidéo à destination des éleveurs, elle a également développé une plateforme d’échange entre patatiers et éleveurs (www.fermewallonne.be), mais les agriculteurs utilisent également la presse agricole pour échanger des pommes de terre. On estime qu’entre 50 000 et 100 000 tonnes de pommes de terre wallonnes auront été acheminées vers l’alimentation du bétail.

    Enfin, la FWA, la FIWAP et Valbiom sont en relation avec la Fédération des Biométhaniseurs Agricoles (FEBA) pour valoriser les pommes de terre en énergie verte et digestat. Actuellement, environ 500 tonnes sont valorisées chaque semaine. Cette alternative représente un débouché de 5 000 à 10 000 tonnes. La plateforme internet (www.fermewallonne.be) propose également une option « valorisation en énergie » pour mettre en relation agriculteurs et biométhaniseurs. La liste des biométhaniseurs de la FEBA acceptant des pommes de terre ainsi que les quantités valorisées sont régulièrement actualisées.