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Les castors en Wallonie

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 226 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 05/06/2020
    • de MATHIEUX Françoise
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    En Wallonie, le fort taux d'occupation de l'espace par les activités humaines et le nombre élevé de castors rend la cohabitation parfois difficile. Cette présence est confirmée par plusieurs trous profonds dans le sol qui servent d'entrée dans les galeries des animaux.

    Prochainement, des castors vont être réintroduits dans la région de Spy notamment afin de favoriser la biodiversité.

    Natagora souligne l'intérêt de la bête pour la biodiversité et les cours d'eau. Le castor européen est une espèce protégée par l'Europe.

    Cependant, ils détruisent ou font des dégâts à certaines parties d'exploitations forestières…

    Comme le castor est protégé, la Direction de la Nature et des Espaces verts de la Région wallonne ne peut agir que sur base d'une dérogation et uniquement de deux façons. En cas de construction d'un barrage qui provoque des inondations, on peut détruire l'habitat, mais l'animal va en construire un nouveau aussitôt. Sinon, on peut le déplacer. Le problème est que tous les milieux qui pourraient en accueillir sont actuellement saturés.

    Comment agir afin de tenter de rétablir la meilleure cohabitation possible entre le castor et les exploitants forestiers ?

    Qu'en est-il de l'occupation des lieux pouvant accueillir des castors ? Ceux-ci sont-ils saturés ?

    Madame la Ministre pourrait-elle faire le point sur le dossier ?

  • Réponse du 29/06/2020
    • de TELLIER Céline
    Le castor, qui avait disparu de nos contrées, a largement réoccupé l’espace de vie qui lui revient au sein des cours d’eau wallons, profitant d’une série de lâchers non autorisés à la fin des années 90.

    Le castor est une espèce qui adapte son habitat afin que celui-ci lui assure sécurité et accès aux ressources alimentaires, notamment ligneuses. Cette activité laisse des traces qui ont une influence globalement positive pour la biodiversité (oiseaux, insectes, batraciens…), notamment les barrages, qui induisent une modification de l’écoulement et la création d’une mosaïque de milieux humides.
    Néanmoins, ces travaux entrent parfois en conflit avec l’occupation humaine.

    Ainsi, les principales sources de conflits proviennent des atteintes à des plantations ou des digues et des inondations qui ennoient des parcelles et fragilisent les infrastructures.

    Le castor étant protégé, toute intervention risquant de porter atteinte aux individus ou à leur habitat ne peut s’envisager que par la voie d’une dérogation aux mesures de protection des espèces telle que prévue par la loi sur la conservation de la nature.

    L’obtention d’une dérogation est subordonnée au respect des critères suivants :
    - s’appuyer sur un des motifs admissibles (parmi lesquels la sécurité publique, des dommages importants aux cultures, récoltes, forêts ou à d’autres formes de propriété et la préservation d’espèces) ;
    - être octroyée uniquement s’il est démontré qu’il n’existe pas d’autre solution satisfaisante (telles que des mesures de prévention) ;
    - s’assurer que l’autorisation n’affectera pas négativement l’état de conservation de la population tant à l’échelle locale que régionale.

    Ces conditions de délivrance sont généralement rencontrées lorsqu’il s’agit de barrages problématiques qui pourront, selon les cas, être équipés, aménagés, écrêtés ou démantelés.

    Chaque cas est évalué sur le terrain, et les mesures proposées sont adaptées à la situation locale. L’enlèvement des animaux d’un site problématique n’est envisagé qu’en dernier recours, afin de solutionner des problèmes majeurs.

    En effet, cette mesure n’offre généralement qu’une solution temporaire, car, si des mesures correctives ne sont pas prises sur place, d’autres individus occuperont assez rapidement le territoire rendu disponible. La cohabitation est certes une démarche plus difficile à intégrer, mais plus efficace à long terme. Celle-ci peut s’envisager en préservant les plantations au moyen de protections, en laissant un peu d’espace non planté en bord de cours d’eau …

    À cette fin, une brochure technique intitulée : « Cohabiter avec le castor en Wallonie » a été éditée en 2015 par le DNF et le DEMNA. Cette brochure, accessible sur le site internet (http://biodiversite.wallonie.be), présente différentes mesures permettant d'atténuer ou d'anticiper les dommages.

    Le projet de réintroduction de l’espèce à Spy que l’honorable membre mentionne n’est pas connu de mes services et ne correspond pas à la philosophie qui prévaut au DNF. Une réintroduction ne peut être envisagée que dans des zones où l’aire historique de dispersion de l’espèce n’est plus occupée.

    En effet, le castor est présent sur l’Orneau depuis 2007, ce qui exclut, au vu de la biologie de l’espèce et d’une territorialité forte, tout apport d’individus étrangers à la famille en place. En outre, le déplacement d’animaux présente également des risques aux niveaux génétique et sanitaire.

    En ce qui concerne l’état d’occupation des cours d’eau, la situation globale est évaluée dans le cadre du rapportage auprès de la Commission européenne.

    Les différentes observations de présence permettent d’en apprécier l’évolution. Il ressort du dernier exercice mené pour la période 2012-2018 que l’aire de distribution n’évolue plus beaucoup, mais de nouveaux sites sont venus compléter les territoires déjà occupés. Ces nouveaux sites sont souvent moins optimaux pour le castor et présentent un risque de conflits accentué. En effet, le castor a une bonne capacité d’adaptation et peut s’installer dans des structures artificielles ou en milieu urbanisé.

    Globalement, le castor est largement présent dans toute la zone située au sud du sillon Sambre-et-Meuse ainsi que dans le bassin de l’Escaut (bassins de la Dyle et de la Gette) où il a progressé récemment sur un canal affluent de l’Escaut.

    Les bassins les plus densément occupés sont les zones dans lesquelles le castor a été réintroduit initialement, comme le bassin de l’Ourthe depuis ses sources jusqu’aux portes de Liège. Sa présence est également dense dans les bassins de l’Amblève, de la Semois et de la Houille.

    Pour finir, sa présence dans le bassin de la Sambre n’est que ponctuelle, limitée en cela par les infrastructures et la disponibilité en habitats.