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L'impact écologique de la crise sanitaire du Covid-19

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 363 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 09/06/2020
    • de COURARD Philippe
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    Comme Monsieur le Ministre le sait, la crise du Covid-19 impacte considérablement l'économie belge et mondiale.

    Toutefois, s'il y a un aspect sur lequel tout le monde peut s'entendre à l'heure actuelle, ce sont les conséquences écologiques et climatiques positives que la situation provoque. Plusieurs images satellites de Chine et d'Italie ont montré la réduction spectaculaire de la pollution dans les zones de confinement.

    Ainsi dispose-t-il des premiers chiffres en la matière ?

    L'impact sur les émissions de CO2 et le rejet de particules fines notamment est-il quantifiable à l'heure où je dépose cette question ?

    Dispose-t-il d'un tableau comparatif entre les premiers mois de 2019 et 2020 ?
  • Réponse du 15/07/2020
    • de HENRY Philippe
    Je précise d’emblée que la Wallonie et la Belgique n’établissent pas de bilan mensuel des émissions de gaz à effet de serre.

    Les objectifs climatiques actuels se définissent par périodes de 10 ans au niveau européen et de 5 ans au niveau du décret climat wallon. Je rappelle aussi que ces périodes de 5 à 10 ans et les mécanismes de flexibilité interannuels au sein de ces périodes visent notamment à minimiser les impacts sur nos objectifs de certaines variations annuelles non contrôlables, comme par exemple les variations de consommation de chauffage liées à la rigueur ou à la douceur de l’hiver. De même, la plupart des mesures de réduction s’inscrivent dans une perspective pluriannuelle, avec des effets progressifs et à long terme.

    Un monitoring mensuel des émissions n’a donc pas été mis en place pour vérifier le respect de nos objectifs et à ma connaissance aucun pays ne s’est engagé dans ce type d’approche.

    Cependant, plusieurs articles scientifiques se sont penchés sur l’impact de la crise de la Covid-19 ces derniers mois, notamment le Global Carbon Project.

    Dans un article datant de mai 2020, le Global Carbon Project a compilé les politiques gouvernementales et les données d'activités pour estimer la diminution des émissions de CO2 pendant les confinements forcés. Selon les conclusions, les émissions mondiales quotidiennes de CO2 auraient diminué de -17 % début avril 2020 par rapport aux niveaux moyens de 2019, dont un peu moins de la moitié en raison des changements dans le transport de surface. Au maximum du confinement, les émissions dans les pays observés auraient diminué de -26 % en moyenne. L'impact sur les émissions annuelles de 2020 dépendra de la durée du confinement, avec une estimation basse de -4 % si les conditions pré-pandémiques reviennent à la mi-juin, et une estimation haute de -7 % si certaines restrictions demeurent dans le monde jusqu'à la fin de 2020.

    J’attire cependant l’attention sur le fait que même si des différences marquées devaient apparaître pour 2020, celles-ci risquent probablement d’être temporaires. 
    L’impact du confinement sur l’environnement et en particulier la qualité de l’air a fait l’objet de beaucoup d’intérêt notamment de la part des médias et ceci dès le début de la période de confinement. Des chiffres de réduction allant jusque 80 % de réduction ont parfois été avancés prématurément basées sur une simple comparaison des concentrations avant et après la mise en place des mesures de confinement. Qualitativement, dès le début de la période, les mesures du réseau de surveillance de la qualité de l’air semblaient indiquer que les concentrations des polluants directement liés au trafic, tels que le NO2, avaient diminué et étaient proches en semaine des niveaux rencontrés habituellement le week-end, en particulier pour les points de mesure à proximité du trafic. Cependant, cette constatation devait être nuancée par le fait que de façon générale, la qualité de l’air n’est pas déterminée uniquement par les émissions de polluants, mais également par les conditions météorologiques qui jouent en effet un rôle important dans la dispersion et/ou la formation des polluants. D’autre part la période de l’année, le jour de la semaine et l’évolution à long terme influencent également les concentrations et doivent être pris en compte.

    En l’état, il est difficile de tirer des conclusions des chiffres produits par les stations de mesure.
    Sur base des données disponibles, une modélisation de l’impact du confinement sur la qualité de l’air a été réalisée par la cellule interrégionale de l’environnement (Ircel-Celine). L'impact est plus important pour les polluants directement liés au trafic tels que les oxydes d’azote (NO2 et NOx) ou le carbone suie (Black carbon BC) et dans les zones urbaines ou cette diminution a atteint 40 % pour le NO2. Dans les zones rurales, la diminution des concentrations est moindre.

    Par contre l’effet sur les particules fines est beaucoup plus faible. Les concentrations de particules fines ont augmenté pendant la période de confinement en raison notamment de conditions météorologiques plus défavorables.

    L’effet moindre pour les particules n’est en rien surprenant. Même si le transport a fortement diminué durant cette période, l’accroissement du recours au chauffage domestique lié au confinement forcé et en particulier le chauffage au bois a renforcé les concentrations en particules fines.

    Les résultats obtenus par mes services en Wallonie sont, par ailleurs, cohérents avec les observations faites dans les pays voisins ou à l’échelle européenne.

    Si le confinement a eu un effet positif sur la qualité de l’air, tout au moins dans certains cas, l’impact reste ponctuel et limité dans le temps. Cette période particulière démontre, toutefois, que certaines mesures structurelles par exemple sur l’organisation du travail et/ou la mobilité permettraient une amélioration de la qualité de l’air.