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L'opportunité du développement de l'e-commerce local

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 313 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 11/06/2020
    • de TZANETATOS Nicolas
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    L'e-commerce a souvent une connotation négative. En effet, quand on parle d'e-commerce, cela fait bien souvent référence aux géants mondiaux que sont AliExpress, Amazon et d'autres qui sont des réelles menaces pour le commerce local.

    Et pourtant, le développement de cette pratique n'est en rien en opposition aux circuits courts et aux commerces locaux si ces derniers savent se saisir de cette opportunité.

    La crise sanitaire a montré la nécessité du développement de l'e-commerce. En effet, l'e-commerce offre davantage de sécurité face à la crise sanitaire que le fait de se rendre physiquement dans un magasin et cette pratique s'est dévoilée comme véritable réponse à la fermeture des enseignes. Beaucoup de commerces ont d'ailleurs créé leur propre plateforme en ligne suite à la crise.

    L'e-commerce est également compatible avec l'objectif de limitation des déplacements qui est une opportunité en matière d'environnement et de mobilité.

    Cependant, malgré les efforts déjà réalisés par les outils wallons et les avantages qu'apporte cette pratique, l'e-commerce ne fait toujours pas partie de la norme dans notre région.

    Donner davantage de moyens pour la transition numérique de nos commerces sera, j'en suis convaincu, une réelle opportunité de résilience de nos PME wallonnes après la crise.

    En termes d'emplois, cela est également une opportunité, car cela demandera une nouvelle logistique, du marketing numérique, le besoin de nouvelles compétences, etc.

    Compte tenu des dérives de certains sites d'e-commerce (arnaques, pratiques frauduleuses, etc.), certains consommateurs et PME se montrent réticents à utiliser cet outil. La création d'une certification « e-commerce local » pourrait être une réponse à cette problématique. Également afin d'éviter une « uberisation » de l'emploi.

    Monsieur le Ministre a-t-il davantage de pistes de réflexion afin de développer la sensibilisation, la formation, l'encadrement de cette pratique par le remaniement des outils wallons déjà existants à la lumière de la crise sanitaire ?
  • Réponse du 06/07/2020
    • de BORSUS Willy
    La pandémie de la Covid-19 n'est pas seulement une crise sanitaire, c'est aussi un drame économique dont on ne connaît pas encore l'ampleur. Une crise d’autant plus sévère pour tous les « petits commerces » fermés pendant plusieurs mois. Pour nombre d’entre eux, l’e-commerce s’est imposé comme un canal intéressant. Malheureusement, selon le dernier baromètre « Entreprises » de l’Agence du Numérique (# https://www.digitalwallonia.be/fr/publications/entreprises2018), seuls 20 % des détaillants wallons disposaient déjà de ce canal de vente avant la crise. Ce qui veut dire que les autres ont dû y recourir précipitamment, souvent sans accompagnement.

    Pour ce qui concerne le comportement d’achat durant la période de confinement, il est important d’observer que selon l’association belge des entreprises actives dans la vente à distance, BeCommerce (https://www.becommerce.be), les Belges ont dépensé 2,7 milliards d’euros sur Internet au premier trimestre 2020, soit 8 % de moins qu’il y a un an et 15 % de moins qu’envisagé, ceci alors que l’e-commerce enregistrait une croissance presque constante d’environ 7 % par an. Cette tendance s’explique notamment par le fait que la vente de services en ligne s’est retrouvée complètement paralysée. Et pour cause, on retrouve dans ce segment les réservations de voyages, d’hôtels et de billets d’avion. C’est ainsi que les dépenses relatives à l’achat de services en ligne ont diminué de 10 % (197 millions d’euros) en Flandre et de 4 % (39 millions d’euros) en Wallonie et à Bruxelles. Du côté de l’achat de produits, les choses sont évidemment différentes puisque l’achat de produits alimentaires en ligne a enregistré une croissance spectaculaire de 18 %, toujours selon le BeCommerce Market Monitor.

    Concernant la crainte d’arnaques en ligne et l’impact de cette crainte sur le comportement d’achat en ligne, précisons que selon le dernier baromètre « Citoyens » de l’Agence du Numérique, 97 % des citoyens ayant effectué un achat en ligne en ressortaient satisfaits ou très satisfaits.

    Je souhaite avoir cependant avoir une attention particulière sur cette problématique, car cela touche tant les entreprises que les consommateurs.

    J’attire l’attention sur les instruments développés au Fédéral afin de lutter contre les arnaques en ligne, ainsi, le SPF Économie conseille à cet effet de signaler de telles arnaques et comportements frauduleux auprès de l’Inspection économique. Ce signalement permettra à l’Inspection économique d’avoir une vue globale sur les pratiques suspectes visant les consommateurs en Belgique. L’Inspection dispose en effet de moyens légaux pour agir et collabore avec d’autres autorités de contrôle quand la matière n'est pas de son ressort.
    À cet égard, je souhaite également rappeler que l’Inspection économique a mis en place un point de contact spécifique : https://pointdecontact.belgique.be/meldpunt/.
    Si le recours à l’achat de produits en ligne en période de confinement à certainement participé à faire entrer l’e-commerce dans les habitudes des consommateurs wallons, il reste que nous devons encore travailler à ce que ces achats puissent profiter à l’e-commerce local. Ce travail doit passer par l’élaboration d’un parcours client « frictionless », depuis la commande en ligne jusqu'à la livraison à domicile ou en point relais, mais aussi par une augmentation de la sensibilisation des commerçants aux opportunités qu’offre le numérique pour leur activité ainsi qu’à l’accompagnement et la formation de ceux qui feront le choix de s’en saisir.
    C’est pour répondre à cet objectif que Digital Commerce, en tant que programme de Digital Wallonia, participe à former gratuitement les commerçants de proximité à l’usage des technologies numériques. À ce jour, Digital Commerce a permis de former 2 000 commerçants indépendants dont 1 000 ont déjà fait le choix de se spécialiser davantage au travers des 20 modules de formation à distance que propose la plateforme développée à cet effet.

    C’est aussi dans le cadre de ce programme que l’Agence du Numérique a élaboré une cartographie de plus de 1 000 e-commerçants wallons référencés sur la plateforme Digital Wallonia. Une seconde cartographie, celle-ci à destination des commerçants eux-mêmes, a été élaborée de manière à répertorier toutes les entreprises du secteur numérique qui proposent des services et produits de marketing en ligne, de logistique et de plateformes de vente prêtes à l’emploi.

    Il est évident que Digital Commerce 2020 devra intégrer les enseignements de la crise que nous traversons. Pour ce faire, j’ai chargé l’Agence du Numérique de coordonner une réflexion sur l’avenir de ce programme qui intégrera l’ensemble des acteurs de la chaîne de l’e-commerce wallonne.