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Les techniques d'enfouissement du CO2 dans le sol wallon

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 376 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 11/06/2020
    • de GARDIER Charles
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    Dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, le Gouvernement affiche ses objectifs dans la Déclaration de politique régionale, à savoir « la neutralité carbone au plus tard en 2050, avec une étape intermédiaire de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 55 % par rapport à 1990 d'ici 2030. » Cette même DPR avance « qu'afin de concrétiser la réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990, la Wallonie pourra émettre au maximum 25 198 millions de tonnes équivalent CO2 en 2030, à répartir selon les mécanismes du décret « climat ». »

    À cet égard, la pratique d'enfouissement du dioxyde de carbone dans le sol constituerait un palliatif partiel contre l'augmentation des gaz à effet de serre. Selon mes informations, le système « carbon capture utilisation & storage » permettrait en effet de stocker le CO2 dans le sous-sol à condition de disposer de sols basaltiques pour garantir un stockage sûr et pérenne.

    Quel regard porte Monsieur le Ministre sur une telle pratique ?

    La Wallonie dispose-t-elle de sols basaltiques adaptés au stockage du CO2 ?

    Ses services ont-ils déjà envisagé de développer cette pratique ?
    Si oui, selon quel agenda ?

    A-t-il déjà eu l'occasion d'évoquer l'avenir de cette technique avec ses homologues flamands, bruxellois, de même que la Ministre fédérale de l'Énergie ?
    Si oui, qu'en est-il ressorti ?

    Existe-t-il une coopération européenne en la matière ?
    Si oui, peut-il nous la présenter ?
  • Réponse du 17/06/2020
    • de HENRY Philippe
    Les règles spécifiques à l’enfouissement géologique de CO2 sont régies par le décret du 10 juillet 2013 relatif au stockage géologique du dioxyde de carbone pris en application de la directive 2009/31. Pour les approches plus spécifiques liées à la gestion du sous-sol wallon et aux conditions spécifiques liées à l’enfouissement, ma collègue, la Ministre Tellier, ayant en charge l’Environnement sera probablement plus à même de pouvoir répondre à l’honorable membre.

    La question de la capture et de la séquestration du CO2 a pris une part croissante dans le débat sur la temporisation des émissions de gaz à effet de serre. Même si, d’un point de vue climatique, cette option offre de bonnes perspectives, il convient de rappeler quelques éléments qui ne plaident pas directement en sa faveur au niveau continental et, plus spécifiquement, en Wallonie.

    D’une part, la morphologie géologique wallonne ne semble pas propice en l’état. Couplée à une exploitation minière importante durant plusieurs siècles, les gisements intéressants se trouvent souvent plus difficile d’accès ou soumis à de plus grands risques de fuites. Pas que les possibilités n’existent pas, mais il serait nécessaire de pouvoir disposer d’une cartographie mieux détaillée du sous-sol wallon pour identifier les zones à plus fort potentiel sans, à ce stade, parler du volume entreposable. Cette situation est évidemment moins problématique lorsqu’il s’agit de stockage en mer comme on le constate dans certains projets en mer du Nord.

    Une autre option, a priori, intéressante reste la substitution du gaz de houille dans les veines de charbon, à l’instar de ce que l’entreprise Gazonord a pu réaliser dans le Nord de la France. Dans ce cas, il ne s’agit pas à proprement parler de stockage géologique, mais bien de substitution de méthane dans les couches ligneuses d’anciennes concessions minières. Dans ce cas aussi, une évaluation plus spécifique serait nécessaire même si certains gisements semblent plus propices, par exemple, du côté de Charleroi.

    L’autre point qui nécessite une évaluation approfondie touche au transport du CO2. Idéalement, le stockage géologique, pour offrir un certain seuil de rentabilité pour son exploitant, doit pouvoir être réalisé à proximité de sa source, sans quoi, une logistique du transport du CO2 devient nécessaire. Il y a quelques années, une étude cofinancée par le Fédéral et les Régions avait montré le caractère fragile du modèle sur la Belgique identifiant le transport du CO2 comme l’élément le plus fragile de l’économie de la CSC.

    Enfin, l’exploitation du sous-sol wallon à des fins énergétiques et climatiques doit être consciencieusement évaluée. En effet, nombre de gisements potentiels se situent dans des zones à potentiel géothermique. Il serait donc impératif de pouvoir évaluer au mieux les orientations énergétiques de ces zones afin d’éviter tout hasard malencontreux.

    À ce jour, au-delà de l’étude que je mentionne plus haut et qui a été menée il y a une dizaine d’années maintenant, les discussions avec nos homologues des autres Régions et le Ministre en charge de la Mer du Gouvernement fédéral n’ont pas été prolongées. Celles-ci pourraient être réactivées dans le cadre d’un futur projet d’intérêt économique commun européen (PIEC) sur les industries « bas-carbone » que la Commission envisage de lancer prochainement. À ce stade, aucune piste n’est évoquée pour ce projet à venir, mais je pense qu’il sera capital d’y évaluer les pistes de valorisations indéniables que constitue le carbone ressource au travers de filières de type « capture et utilisation du carbone ». À ce niveau, je tiens à rappeler l’excellence du travail réalisé il y a quelques années par le pôle de compétitivité GreenWin dans le cadre du projet européen SCOT sur la valorisation du CO2. Nul doute que nos décisions futures sur cette question importante devront se baser sur cette expertise remarquable que GreenWin continue à développer.