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L'impact sur la santé du plastique à usage unique

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 235 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 12/06/2020
    • de MAUEL Christine
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Depuis le début de la pandémie de Covid-19, notre mode de vie a changé. En effet, tant les restaurateurs qui ont poursuivi leurs activités via un système de « take-away » ou de livraison, mais aussi les particuliers adeptes du « zéro-déchet » ont modifié leurs habitudes de consommation. En cause, la volonté de limiter le risque de contamination par contact avec une surface potentiellement infectée. Dès lors, l'utilisation de plastique à usage unique a été privilégiée.

    Cependant, d'après une étude publiée en mars dans la revue américaine The New England Journal of Medicine (NEJM), le coronavirus est détectable jusqu'à deux à trois jours sur les surfaces en plastique, contre 24 heures sur les surfaces en carton. De plus, le plastique à usage unique a un impact néfaste sur la santé. En effet, chaque type de plastique comporte des additifs chimiques qui peuvent causer de nombreux problèmes de santé : infertilité, cancer...

    Dès lors, quant à l'augmentation de l'utilisation du plastique à usage unique, Madame la Ministre pourrait-elle en préciser l'impact en matière de santé ?
    Si des matériaux réutilisables étaient privilégiés, existerait-il un risque plus important de contamination ?
  • Réponse du 06/07/2020
    • de TELLIER Céline
    L’étude mentionnée est probablement celle menée par des chercheurs américains et intitulée « Aerosol and Surface Stability of SARS-CoV-2 as Compared with SARS-CoV-1 », qui a été publiée le 17 mars dernier dans le « New England Journal of Medicine » (Universités de Californie, LA, Princetown).

    Cette étude démontre que le coronavirus peut survivre dans l'air et sur différentes surfaces. En fonction de la concentration en charge virale des gouttelettes émises, de la température ou de l'humidité ambiante, la durée du virus dans l'air peut varier de 0 à 3 heures. Le virus de la Covid-19 peut rester viable et infectieux de plusieurs heures à plusieurs jours sur différentes surfaces : jusqu'à trois jours sur du plastique, jusqu’à deux jours sur de l'acier inoxydable, jusqu’à un jour sur du carton et jusqu’à quatre heures sur du cuivre.

    Par ailleurs, au cours de la fabrication des plastiques, de nombreux additifs chimiques sont utilisés afin, notamment, de donner certaines caractéristiques au produit final : couleur ou transparence, souplesse ou rigidité, imperméabilité à la lumière ou à l’oxygène, retardateurs de flammes, et cetera.

    La matière brute servant de base aux thermoplastiques ne pourrait être exploitée sans l’adjonction de certains constituants dont le rôle consiste à permettre la transformation de la matière plastique. Ces additifs spécifiques portent le nom de « plastifiants ». Il a été démontré que la plupart des plastifiants sont susceptibles de migrer vers la surface de l’objet fini, de s’évaporer à l’air ou bien d’être extraits en partie par l’eau ou d’autres liquides en contact avec la matière plastique. C’est pourquoi leur utilisation dans les plastiques à usage alimentaire fait l’objet d’une réglementation précisant les produits autorisés et leur taux limite.

    Comme il a été démontré que le coronavirus peut rester virulent plusieurs heures sur une surface de type plastique ou métal, l’utilisation de contenants à usage unique par les restaurateurs qui se sont tournés vers le « take away » pour poursuivre leurs activités était une alternative sensée ; pour autant que cette recommandation ne soit que temporaire.

    Compte tenu également de la problématique plus générale des déchets plastiques qui, par-delà la question santé, posent des problèmes aux écosystèmes en lien avec leur dégradation, la démarche aurait gagné en efficacité si les alternatives « non-plastiques » avaient été mieux mises en avant (p.ex. usage d’assiette en carton, récipient et paille en carton, emballage papier, et cetera), d’autant que la durée de vie du virus sur ces types d’emballages est assez limitée, selon les résultats de l’étude mentionnée (24 h).

    Toutefois, faute de résultats plus précis et validés scientifiquement pour les autres types d’emballages ou d’ustensiles, tels que le verre ou la céramique, il aurait été hasardeux d’émettre des recommandations concernant l’utilisation de ces types de matériaux réutilisables en période de crise sanitaire.