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Les traînées de condensation des avions

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 119 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 15/06/2020
    • de BIERIN Olivier
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
    Selon le GIEC, l'aviation ne serait responsable « que » de 2 à 3 % des émissions de CO2 dans le monde. Cependant, une récente étude publiée par l'Impérial college de Londres en février 2020 stipule que ces chiffres ne prennent pas en compte l'impact des traînées de condensation, appelées contrails dans le jargon, dégagée par les avions.

    Ces mélanges de vapeurs d'eau et de suies de combustion ont pourtant un impact sur le climat : sous certaines conditions, les traînées blanches qui d'habitude se dissipent très vite et n'ont pas d'effets significatifs peuvent se transformer en nuages plus persistants, formant une couverture nuageuse artificielle pouvant persister dans l'atmosphère jusqu'à plusieurs dizaines d'heures. Dès lors, elles modifient les circulations énergétiques et accentuent certains phénomènes dont notamment l'effet de serre.

    Les chercheurs de cette étude estiment que ces traînées contribueraient autant au réchauffement climatique que l'ensemble des émissions de CO2 des avions. Heureusement, ces déclarations sont également accompagnées de propositions de solutions.

    En effet, la plupart des traînées de condensation se forment lorsque les gaz d'échappement chauds des avions sont émis dans des zones sursaturées en glace (quand l'humidité relative est supérieure à la saturation). Or ces zones sont généralement distribuées sur de vastes bandes horizontales qui se développent peu en hauteur. L'idée des chercheurs serait de décaler l'altitude des vols susceptibles de créer des contrails, d'environ 600 m vers le haut ou vers le bas, selon les conditions, afin d'éviter de circuler dans des zones sursaturées.

    L'étude précise que seuls 2,2 % des vols, principalement des vols cargo, seraient responsables de 80 % des traînées de condensation persistantes. Dans ce contexte, il serait possible d'étudier de nouvelles trajectoires pour ces vols qui, associées à une réflexion autour des contraintes techniques et celles liées à la surconsommation de carburant, permettraient de réduire jusqu'à 60 % des traînées de condensation et dès lors, réduire sensiblement l'impact de l'aviation sur le réchauffement climatique.

    Monsieur le Ministre a-t-il pris connaissance de cette étude ?

    Les vols partant des deux aéroports wallons sont-ils concernés par ce phénomène ?

    Serait-il envisageable d'étudier les stratégies de vols des avions au départ et en provenance de ces aéroports à la lumière de cette étude ?
  • Réponse du 11/08/2020
    • de CRUCKE Jean-Luc
    L’influence de l’aviation sur le climat fait l’objet de nombreuses publications scientifiques.

    Les auteurs de l’étude à laquelle la question fait référence ont fondé leurs conclusions sur 42 jours d’observation du trafic aérien au-dessus du Japon entre mai 2012 et mars 2013.

    Il y aurait donc lieu de vérifier que ces résultats se confirment dans d'autres endroits du monde.

    Comme tous les jets du monde, les avions fréquentant les aéroports wallons génèrent des traînées de condensation, mais vu l’altitude propice à la formation de ces nuages, les vols long-courriers sont de loin les plus concernés par le phénomène.

    Toutefois, lier la formation de ces nuages ou la propension à en former au cargo semble bien réducteur dans la mesure où un long courrier « passagers » en émettra aussi.

    Au vu des altitudes concernées, il ressort ainsi de l’étude que pratiquement 90 % des traînées de condensation se forment à des altitudes comprises entre 7 500 mètres et 18 700 mètres, ni les aéroports, ni même Skeyes ne peuvent exercer une quelconque influence sur la gestion des plans de vol. Ceux-ci étant en effet du ressort des compagnies aériennes et d’Eurocontrol.

    En effet, dans notre pays, le contrôle aérien est confié à Skeyes qui gère les Services Tour et Approche des cinq aéroports contrôlés (Anvers, Ostende, Bruxelles, Liège et Charleroi) ainsi que le trafic « en route » (les couloirs aériens) réparti sur le territoire belge et le Grand-duché de Luxembourg jusqu’à l’altitude de 24 500 pieds. Au-dessus de ce niveau de 24 500 pieds, la gestion de l’espace aérien belgo-luxembourgeois est déléguée à l’organisme européen Eurocontrol qui dispose d’un centre de contrôle « en route espace supérieur » à Maastricht.

    À ce sujet, Eurocontrol a mis en place le programme SESAR (Single European Sky ATM Research) dont l’objectif est d’optimiser la gestion de l’espace aérien européen, notamment afin de réduire l'impact environnemental, en adoptant des trajectoires optimisées, plus directes et en limitant les changements d'altitude.