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L'augmentation des déchets plastiques liée à la crise du Covid-19

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 250 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 15/06/2020
    • de BIERIN Olivier
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Plusieurs ONG à travers le monde, notamment Ocean Conservancy, s'inquiètent de l'augmentation de la production de déchets plastiques liée à la crise du Covid-19. Qu'il s'agisse de matériel de protection (gants, masque) ou de produits d'usage quotidien (sacs plastiques à usage unique, emballage alimentaire), leur utilisation a augmenté avec la crise. Certains États comme le Royaume-Uni ou des États américains ont suspendu ou retardé la mise en place de certaines législations à cet égard.

    Madame la Ministre a-t-elle connaissance d'une telle volonté au niveau européen ?

    Dispose-t-elle déjà de chiffres reflétant cette augmentation ?

    A-t-elle étudié des moyens de répondre à la fois aux impératifs d'hygiène et à la poursuite de la nécessaire réduction de la production de déchets plastiques ?

    De plus, tous les objets visant à la protection (masques, gants, blouses), dans les unités liées aux soins de santé (hôpitaux, maisons de repos…), doivent être remplacés très régulièrement, pour des raisons sanitaires évidentes, et constituent dès lors des déchets supplémentaires, dont le volume est important. Le Gouvernement wallon est également en train d'étudier des procédures de décontamination des masques à usage médical, qui devraient permettre de les réutiliser de une à trois fois, ce qui permettrait déjà de réduire significativement le volume de déchets produits.

    Existe-t-il des filières afin de recycler les déchets provenant de ces dispositifs médicaux utilisés en grand nombre ?
    Dans le cas contraire, quelles sont les filières afin de les éliminer ?
    Le cas échéant, Madame la Ministre a-t-elle étudié des alternatives en accord avec les principes de l'économie circulaire ?
  • Réponse du 09/07/2020
    • de TELLIER Céline
    À la faveur de la crise sanitaire, les transformateurs de plastique européens ont adressé un courrier à la Commission européenne, dans lequel ils mettent en avant le caractère « hygiénique et protecteur » du plastique et demandent un report d’un an de la directive 2019/904, relative à la réduction de l’incidence de certains produits en plastique sur l’environnement ; ainsi que l’annulation de l’interdiction de mise sur le marché de certains produits plastiques.

    La Commission a très justement répondu que l’épidémie de la Covid-19 ne devait pas servir de prétexte à un retour en arrière dans la lutte contre les produits en plastique à usage unique. Les mesures et les dates de mise en œuvre prévues par la directive ont ainsi été maintenues par les autorités européennes.

    De nombreux chiffres relatifs à l’augmentation des déchets en plastique liée à la crise de la Covid-19 circulent, mais ces données sont rarement officielles et parfois orientées producteurs, raison pour laquelle il n’apparaît pas opportun de les mentionner. La Wallonie ne dispose pas de données chiffrées suffisamment complètes et représentatives pour objectiver l’augmentation du phénomène sur son territoire.

    Le recours à certains ustensiles et équipements en plastique à usage unique pour les besoins médicaux est nécessaire.

    Dans cette période de crise sanitaire, le recours à ces objets en plastique jetables peut sembler rassurant. Pourtant, des chercheurs américains ont publié une étude qui évalue le temps pendant lequel le coronavirus peut rester viable et infectieux sur du plastique jusqu'à 72 heures. (« Aerosol and Surface Stability of SARS-CoV-2 as Compared with SARS-CoV-1 »#, publiée le 17 mars 2020 dans la revue New England Journal of Medicine.)

    Ainsi, le recours excessif au plastique à usage unique n’est pas une solution et les efforts pour diminuer ce type de déchets doivent impérativement se poursuivre. Dans cette optique, plusieurs initiatives sont développées tant en Belgique qu’à l’étranger pour développer des équipements permettant (i) la désinfection des déchets d’activités de soins de santé sur site, (ii) la réutilisation d’une série d’ustensiles et (iii) le recyclage de matériaux plastiques ne présentant plus de caractère infectieux.

    À titre d’exemple, une société wallonne est un des leaders mondiaux dans le traitement des déchets médicaux. La technologie mise en œuvre fournit une solution écologique, simple et fiable pour l’industrie, qui permet de broyer et décontaminer les déchets médicaux infectieux dans un environnement de haute sécurité. Cette même société a développé une machine de décontamination des masques par la technologie de la chaleur sèche qui permet de réutiliser les masques jusqu’à trois fois sans perdre de leur efficacité.

    Ces multiples développements qui sont soutenus par le Gouvernement wallon doivent pouvoir être mis en place notamment au sein des hôpitaux en toute sécurité, ce qui nécessite des adaptations législatives qui sont en cours d’analyse, puisque la seule filière actuellement autorisée d’élimination des déchets hospitaliers infectieux est l’incinération dans des installations spécialisées.