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Le remplacement du bitume des routes par un liant végétal

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 401 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 23/06/2020
    • de BIERIN Olivier
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    Nous pouvions lire ce lundi dans la presse que la proposition de remplacer le bitume des routes par une alternative exempte de pétrole avait été faite au sein du Conseil communal de la Ville de Liège. Cette alternative serait composée d'un liant végétal et présenterait de nombreux avantages.

    Premièrement, elle permettrait de s'affranchir davantage des énergies fossiles en supprimant le bitume, fabriqué à base de pétrole, du revêtement des routes. En outre, si le bitume doit être chauffé lors de son placement, la résine, elle, fonctionne à froid, ce qui permet d'économiser beaucoup d'énergie.

    Un autre élément en faveur de cette technique réside dans la transparence du liant végétal. En fonction du granulat choisi, les routes pourraient être plus claires, diminuant leur effet absorbant et permettant de faire baisser la température en ville.

    De plus, le liant végétal a la capacité d'être recyclé dans son entièreté, au contraire du bitume qui se recycle à 40 % seulement. Si le coût de cette nouvelle technique n'est pas encore connu et pourrait être supérieur lors d'une première utilisation, son recyclage pourrait toutefois être avantageux financièrement sur le long terme.

    Cette technique de revêtement étant récente, il lui reste encore à démontrer sa résistance notamment en ville, où la circulation est dense. Elle a déjà été testée, notamment en France. À Liège, la résine a déjà été utilisée pour des voies piétonnes et cyclables. La Ville de Liège se dit ouverte à cette méthode, et pourquoi pas, à être l'objet d'une expérience pilote en Belgique.

    Quelle est l'analyse de Monsieur le Ministre quant à cette proposition ?

    Dispose-t-il d'études concernant l'efficacité de cette technique de revêtement des routes ?

    La Région wallonne met-elle des actions en place afin de diminuer sa dépendance aux énergies fossiles dans le cadre de son réseau routier ?

    Enfin, ce type de revêtement comprenant un liant végétal n'apparaît pas dans le référentiel « qualiroutes », ce qui empêcherait les communes voulant l'utiliser d'obtenir des subsides.

    Quels sont les critères nécessaires pour figurer dans ce document ?

    Une évolution du référentiel est-elle à l'étude ?

    Des projets pilotes peuvent-ils être mis en place dans l'état actuel des choses ?

    Peuvent-ils être financés ?
  • Réponse du 22/07/2020
    • de HENRY Philippe
    Jusqu’à présent, le liant végétal n’a pas été utilisé en Belgique sur les routes régionales. De même qu’aucun mélange bitumineux avec liant végétal n’a été testé dans les laboratoires de Nivelles en Région wallonne ou d’Evere en Région flamande.

    Un chantier a cependant été réalisé en Campine sur une voirie communale, il y a plus de dix ans, avec un liant végétal breveté en 2004. Ce chantier n’a pas donné satisfaction : le liant, résine plus dure que le bitume, a conduit à beaucoup de fissurations du revêtement sur certaines sections ; d’autres sections étant satisfaisantes. La constance et la fiabilité du mélange n’étaient pas assurées. Le revêtement avec liant végétal a d’ailleurs été recouvert ensuite par un enduisage.

    En France, certains chantiers expérimentaux ont été réalisés à la même époque, avec des fortunes diverses.
    Ce liant a été abandonné par les producteurs pendant plusieurs années. Mais actuellement de nouvelles recherches sont en cours, en France, et devraient donner lieu à de nouvelles applications.

    La Direction des Techniques routières du SPW MI, bien consciente des avantages des liants végétaux, mais soucieuse de la qualité des revêtements, notamment sous fort trafic, reste attentive à ces recherches et aux mises en œuvre des produits et recommandera ou non l’utilisation expérimentale de liants végétaux en Wallonie. En fonction des évolutions et des résultats des expériences, ce liant pourrait prendre place à terme dans le Cahier des Charges Type Qualiroutes.

    Enfin, quant à des actions mises en place pour diminuer notre dépendance aux énergies fossiles dans le cadre du réseau routier, je prendrai pour exemple la végétalisation des voiries, ce qui consiste à réaliser une partie « végétale » au centre et deux bandes latérales de pavés pour le passage des roues des voitures. Cette technique ne peut cependant être envisagée que sur des voiries à très faible trafic et/ou des voiries destinées principalement pour les engins agricoles. Elle va être mise en place dans le cadre des travaux de la N5 sur deux ou trois tronçons de voiries annexes.

    Je reste bien entendu très attentif aux évolutions possibles dans ce domaine.