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La réutilisation des terres excavées comme matériaux de construction

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 263 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 23/06/2020
    • de LENZINI Mauro
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    On excave chaque année en Belgique des millions de tonnes de terres lors de chantiers dont la majorité sont déversées ou enfouies en tant que déchets.

    Ces opérations, nécessitant des procédés de dépollution, sont coûteuses pour les budgets tant privés que publics, mais aussi pour l'environnement puisqu'elles impliquent de nombreux transports.

    Or, il existerait d'autres débouchés possibles pour les terres excavées.

    La presse faisait l'écho récemment d'un projet d'une société bruxelloise « BC architects » qui a mis au point des procédés qui permettent l'utilisation des terres excavées pour fabriquer des blocs de terre comprimée, des enduits et du pisé pour les murs et dalles de sol.

    Pour cela, ils utilisent la « terre crue » et s'inspirent notamment des Allemands qui seraient plus avancés en matière de construction avec ce type de matériaux.

    Les premières applications concrètes ont débuté il y a quelques années et ont débouché, sur la création d'un spin-off nommée BC materials qui dispose d'un site de production dans le quartier du Canal à Bruxelles. La société possède aussi une unité mobile capable de fabriquer directement les matériaux sur le chantier, ce qui permet de réduire les transports.

    Selon BC materials, les matériaux en terre produits regroupent plusieurs qualités. Ils pourraient s'intégrer dans de nombreux projets, se distingueraient par leur esthétique particulière, mais aussi au travers de leurs vertus environnementales. De plus, ils pourraient être réutilisés, recyclés ou biodégradés et proviennent des ressources locales.

    À ce jour ces matériaux issus des terres excavées ont été utilisés notamment pour un projet de salles de classe à Edegem et pour divers partenariats public-privé, essentiellement en Flandre.

    Madame la Ministre a-t-elle connaissance de ce projet et qu'en pense-t-elle ?

    La société porteuse de ce projet est située à Bruxelles et a des clients essentiellement basés en Flandre. Elle espère augmenter sa production par 10 par rapport à 2019. De tels projets sont-ils envisagés ou envisageables en Wallonie ?

    En ce qui concerne plus spécifiquement l'appellation de terres dites « crues », que recouvre-t-elle ? S'agit-il de terre noire, d'argile, de sable ?

    De combien de ressource de terres dites « crues » disposerait la Wallonie ?

    Si de tels projets devaient être initiés en Wallonie, qui effectuerait le contrôle des matériaux vendus, et en particulier, qui contrôlerait leur teneur en polluants divers ?

    Existe-t-il des normes encadrant l'utilisation de ces « terres crues » dans notre région ?

    Ce procédé de « terres crues » n'est-il pas une manière de diluer la pollution par mélange ?

    Enfin, les promoteurs évoquent le caractère « biodégradable » du matériau.
    Un argument commercial ou un véritable plus environnemental ?
  • Réponse du 24/07/2020
    • de TELLIER Céline
    J’ai pris connaissance de ce projet innovant qui consiste à utiliser des « terres crues » (terres constituées d’un mélange variable de sable, limon et argile) comme matériau de construction. Sur le principe, ce type de projet est à encourager, car il s’inscrit dans une démarche environnementale et d’économie circulaire, puisqu’il permet de réutiliser des terres excavées assimilées à des déchets, tout en limitant la pollution de l’air et les émissions atmosphériques de gaz à effet de serre.

    À notre connaissance et à l’heure actuelle, il n’existe pas encore de projets similaires en Wallonie pour recycler les terres non réutilisées en matériaux de construction, mais ce type d’initiative est tout à fait envisageable, vu la diversité des sols wallons et leurs propriétés.

    Il est difficile de répondre à la question des gisements disponibles pour mener ce type de projet. On estime à 10 millions de tonnes les quantités de terres excavées par an en Wallonie, mais toutes ces terres excavées ne sont pas exploitables pour produire des matériaux en terre crue, du fait de leurs caractéristiques très variées.

    Il n’existe pas de normes concernant l’utilisation de ces terres dans cette application spécifique, mais les normes présentes dans le décret sol pourraient être une base de départ, car elles sont définies sur le principe de l’étude de risque, notamment pour la santé humaine.

    En tout état de cause, si des conditions de propriétés chimiques des matériaux sont clairement établies en aval du processus de fabrication, il n’y a pas de raison a priori que les procédés utilisés permettent la dilution de pollutions. Par ailleurs, pour pouvoir être commercialisés, les matériaux fabriqués à partir de terre crue devront respecter une série de propriétés et de normes établies par les autorités fédérales, en matière de biodégradabilité également si cette caractéristique est utilisée comme argument de vente.