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Le renflouement de la Mer morte

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 85 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 26/06/2020
    • de GARDIER Charles
    • à DI RUPO Elio, Ministre-Président du Gouvernement wallon
    Le niveau de la Mer morte recule d'année en année, à tel point qu'elle fait l'objet d'un projet de renflouement. Située au cœur du conflit israélo-palestinien, elle pourrait constituer un enjeu majeur de coopération régionale entre Israël, la Palestine et la Jordanie. L'exploitation accrue de son seul affluent en eau douce, le fleuve Jourdain, par la Jordanie et Israël, jusqu'à en réduire par six le débit en l'espace de 70 ans, représente inévitablement une source d'inquiétude quant à l'approvisionnement en eau potable dans la région.

    En décembre 2013, un accord avait été signé entre Israéliens, Palestiniens et Jordaniens en vue d'un renflouement. Outre les tensions diplomatiques, les moyens financiers semblent constituer le principal obstacle à la réalisation du projet. Au regard des objectifs affichés par le Gouvernement dans la DPR, "La Wallonie est une région ouverte sur le monde pleinement inscrite dans une vision multilatérale. Dans cette optique, le Gouvernement fera plein usage de ses compétences en matière internationale, de coopération au développement et de commerce extérieur."

    A la lumière de l'importance majeure de ce chantier et du contexte stratégique actuel dans la région, Monsieur le Ministre-Président peut-il me présenter l'état actuel du projet de renflouement de la Mer morte ?

    A-t-il récemment abordé ce sujet au cours de discussions bilatérales et multilatérales ? Si oui, qu'en est-il ressorti ?

    Parmi les prêts que l'Union européenne est prête à accorder aux acteurs dans la région, à quelle hauteur la Wallonie est-elle jusqu'ici intervenue ?

    Qu'est-il prévu à l'avenir à cet égard ?
  • Réponse du 23/10/2020
    • de DI RUPO Elio
    Le projet de renflouement de la Mer morte est vital dans cette région stratégique.

    Dans environ cinquante ans, le volume de la mer Morte aura diminué de plus de 10 %. Les conséquences négatives pour les industries locales, le tourisme et l'environnement sont évaluées par la Banque mondiale à environ 33 milliards de dollars.

    Cet assèchement est aggravé par deux autres facteurs.

    Le détournement de l’eau du Jourdain, situé plus au nord, par Israël, la Jordanie, la Syrie et le Liban.

    Et l’extraction de minéraux à l’usage des consommateurs (cosmétiques) et de l’agriculture par des entreprises israéliennes et jordaniennes.

    L’accord tripartite signé en 2013 était porteur d’espoirs.

    Après une étude de faisabilité conduite par la Banque mondiale, il était prévu de lancer une première phase du projet en 2017-2018.

    Ce projet prévoit de pomper 300 millions de m³ dans la Mer rouge. Cette eau serait ensuite dessalée en Jordanie. L’eau potable ainsi produite serait transférée via un pipeline dans la mer Morte.

    En outre, deux usines hydroélectriques seraient également construites.

    Cependant, cette première phase du projet n’a pas encore démarré pour des raisons essentiellement financières.

    Le coût total du projet est évalué à près de 10 milliards de dollars, dont 400 millions de fonds publics. Israël doit apporter 140 millions de dollars dans le projet, mais semble moins disposé qu’auparavant à y contribuer.

    Par ailleurs, quelque 120 millions de dons ont été promis, notamment par les États-Unis et le Japon. La France, l’Italie, l’Espagne, l’Union européenne et la Banque européenne d'investissement ont également annoncé prêter 140 millions de dollars à des taux avantageux à la Jordanie.

    L’Union européenne, qui soutient le projet politiquement et financièrement, a demandé à Israël de réaffirmer son intérêt pour celui-ci. L’Union le considère comme essentiel compte tenu de son potentiel environnemental et politique.

    En revanche, ni la Wallonie ni la Belgique n’interviennent dans le financement de ce projet.
    Par ailleurs, depuis ma prise de fonction, le sujet n’a pas été abordé au niveau des réunions de concertation entre le fédéral et les entités fédérées, qui préparent les Conseils relations extérieures de l’Union européenne.