Chine - Surplus commercial - Situation de la Belgique - Et la Wallonie ?
Session : 2005-2006
Année : 2006
N° : 41 (2005-2006) 1
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Question écrite du 09/03/2006
de BERTOUILLE Chantal
à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Emploi et du Commerce extérieur
Au début de cette année, la presse économique a fait état du surplus commercial chinois qui a triplé l'année dernière, renforçant les pressions à la hausse sur la monnaie chinoise. A 102 milliards de dollars, l'excédent chinois pulvérise son record.
La situation de la Belgique a été rendue publique à l'occasion de cette information et on peut lire dans cette presse spécialisée que l'excédent commercial chinois avec le partenaire belge, en milliards de dollars, est, de janvier à octobre 2005, de 3,08.
Que signifie cette situation ? Est-elle préoccupante ?
On doit constater, par exemple, que les pays qui nous entourent ont un excédent commercial beaucoup plus important, les Pays-Bas totalisant 18,42, le Royaume-Uni 10,96, l'Espagne 5,24, l'Italie 4,01, par rapport à la Belgique 3,08.
Après cette remarquable réponse concernant les actions de l'AWEx en Chine, Monsieur le Ministre peut-il me fournir ses commentaires au sujet de cet excédent chinois qui pulvérise son record ?
Réponse du 05/04/2006
de MARCOURT Jean-Claude
La Chine a depuis près de vingt ans mené une politique agressive et efficace d'attraction des investissements directs étrangers. Alors que ces IDE étaient de 40 milliards US dollars par an en 1990, ils atteignaient 60,3 milliards US dollars en 2005. La Chine est devenue à l'échelle mondiale un lieu de production de plus en plus important, principalement pour des marques étrangères. Deux exemples :
1. alors qu'auparavant une grande partie des lecteurs vidéo de marque japonaise étaient produits au Japon, ils sont désormais produits en Chine. Dès lors le déficit commercial de la Belgique avec le Japon a baissé et celui avec la Chine a augmenté ;
2. de même dans le textile, des articles que la Belgique importait de pays d'Afrique du Nord et d'Asie du Sud-Est sont désormais importés de Chine.
Ce phénomène touche non seulement la Belgique, mais tous les pays consommateurs de tels produits : les pays développés principalement dans le cas des lecteurs vidéo ; tous les pays (y compris les pays producteurs) dans le cas du textile. Vu le dynamisme de l'économie chinoise, ce phénomène a toutes les chances de continuer et de s'amplifier. La Belgique respectant les règles du libre-échange international, elle n'a aucune influence sur ce phénomène macro-économique à l'échelle mondiale.
Mais ce dynamisme de l'économie chinoise est une opportunité pour nos entreprises :
1. les immenses besoins en produits semi-finis (une de nos spécialités) vont croissant et la Chine n'a pas la capacité de tout produire elle-même. Les importations de ces produits sont en hausse constante ;
2. l'élévation du niveau de vie d'une part grandissante de la population oriente les goûts et les besoins vers des produits de plus haut niveau, en partie d'importation. Cette nouvelle classe moyenne d'environ 300 millions de personnes est concentrée dans les villes. La population urbaine s'accroît de 1,2 million de personnes par mois, soit 4,8 % par an.
Les cinq pays que l'honorable Membre cite dans sa question parlementaire ont tous connu, en 2005, un déficit commercial avec la Chine. En matière de commerce extérieur, la comparaison est souvent faite entre les performances de la Belgique et des Pays-Bas. Les derniers chiffres disponibles (12 mois 2005, source : Eurostat) sont les suivants:
1. déficit commercial par pays : la Belgique se classe en première place avec le plus petit déficit commercial avec la Chine alors que les Pays-Bas ont le plus grand. Le déficit commercial des Pays-Bas est égal à quatre fois celui de la Belgique :
2. déficit commercial par habitant : l'Italie se classe première avec le plus petit déficit commercial par habitant avec la Chine, la Belgique se classe quatrième, devant les Pays-Bas. Le déficit commercial par habitant des Pays-Bas est égal à 2,57 fois celui de la Belgique :
Le résultat défavorable de la Belgique s'explique par la valeur très élevée de nos échanges commerciaux avec la Chine. Le Belge se classe en effet de loin premier comme exportateur vers la Chine, devant les Pays-Bas (exportations par habitant) :
Ce résultat reflète tant la très grande ouverture de notre pays au commerce extérieur que les bonnes performances de celui-ci quant aux exportations vers la Chine.
3. taux de couverture (rapport entre les exportations et les importations) : l'Italie est en première place, devançant de peu la Belgique, les Pays-Bas étant derniers :
Alors que la Belgique et l'Italie exportent vers la Chine environ un tiers de la valeur de leurs importations en provenance de Chine, le Royaume-Uni et l'Espagne n'en exportent qu'un sixième et les Pays-Bas un dixième. Malgré ce bon taux de couverture, la combinaison de celui-ci avec une très forte exportation explique un fort déficit commercial par habitant.
En conclusion, comparativement aux quatre autres pays cités dans la question de l'honorable Membre, la Belgique se comporte très bien, étant deux fois en première position, une fois en deuxième et une fois en quatrième.
Pour ce qui concerne les exportations wallonnes vers la Chine, elles ont, au cours de ces dix dernières années, comme le démontre le tableau ci-dessous, connu une forte croissance passant de quelque 53,4 millions d'euros à 249,61 millions d'euros, même si nos ventes au cours de ces trois dernières années fléchissent.
C'est principalement les secteurs machines et équipements électriques et électroniques et surtout les produits des industries chimiques et pharmaceutiques qui tirent nos exportations à la baisse.
Malgré le déficit enregistré avec la Chine, la balance commerciale totale de la Région wallonne est fortement excédentaire. Le surplus commercial global engrangé par la Wallonie s'élève à 8,1 milliards d'euros en 2004 (dernière année complète), ce qui représente environ 12 % de son PIB. C'est une performance tout à fait remarquable qui n'est surpassée que par l'Irlande dans les pays de l'UE15, laquelle réalise un excédent commercial équivalent à 25 % de son PIB.
L'amplitude du surplus commercial wallon prouve sans équivoque que le commerce extérieur réalisé par nos entreprises représente une source considérable de croissance pour l'activité économique en Wallonie.