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L'explosion du nombre de jeunes en stage d'insertion au FOREm

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 196 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 29/06/2020
    • de PAVET Amandine
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    La crise du coronavirus a un impact catastrophique sur l'emploi des jeunes. Ce 22 juin, nous apprenions dans la presse que le nombre de jeunes en stage d'insertion en Wallonie a augmenté de 21 %.

    Nous savons également qu'une génération qui sort des études durant une période de récession sera discriminée durant de nombreuses années sur le marché de l'emploi.

    Madame la Ministre a-t-elle plus d'informations sur le profil de ces jeunes qui arrivent en masse au FOREm ?

    Une réflexion est-elle en cours pour que le FOREm puisse faire face à cette crise ?

    A-t-elle prévu un budget ou des emplois supplémentaires afin d'encadrer ces jeunes au mieux ?
  • Réponse du 31/08/2020 | Annexe [PDF]
    • de MORREALE Christie
    L’augmentation, liée à la crise de la Covid-19, des jeunes en stage d’insertion n’est pas synonyme d’arrivée massive de jeunes dans la demande d’emploi, mais est davantage liée au ralentissement économique et à la diminution des sorties de la demande d’emploi.

    Le groupe des NEETS, selon Eurostat, représente 10 % de la population active des moins de 25 ans. Il est de composition hétérogène. Il peut s’agir à la fois de demandeurs d’emploi mettant toute leur énergie à (re)trouver du travail ou de personnes inactives, peu voire non engagés dans une démarche d’insertion sur le marché de l’emploi.

    Pour rappel le nombre de jeunes en stage d’insertion en mai 2016 (35 606) et 2017 (33 554) est similaire à celui de mai 2020 (35 264) alors que l’on constate une diminution du nombre de NEETS depuis 2013 (lancement de la Garantie Jeunesse) (voir graphique en annexe).

    Par ailleurs, en se basant sur les chiffres couvrant la période allant de début mars à début juin 2020, on enregistre un recul des primo-inscrits de moins de 25 ans (jeunes inscrits en stage d’insertion ou comme demandeurs d’emploi libres) par rapport à 2019. Ceux-ci passent d’environ 2 300 en 2019 à environ 1 300 en 2020 soit une diminution de 45 %. La tendance est en effet que les jeunes restent plus longtemps inscrits dans l’enseignement.

    Rappelons que, les dernières années, suite aux changements de législation relative aux allocations d’insertion, les moins de 21 ans sans CESS ont quand même été invités et sensibilisés à venir s’inscrire comme demandeurs d’emploi, pour profiter des services offerts par le FOREm, mais également des aides à l’emploi.

    Si de manière globale, il y a hausse de la demande d’emploi depuis le mois de mars, celle-ci est davantage liée au ralentissement des sorties de la demande d’emploi. Ainsi, les personnes qui passaient rapidement d’un emploi à l’autre ont pour l’instant tendance à rester dans la demande d’emploi, au vu de la baisse des opportunités d’emploi proposées (-21 % en avril, -45 % en mai).

    Un des indices permettant d’illustrer le ralentissement des sorties de la demande d’emploi est la baisse du turnover des demandeurs d’emploi : -28 % en avril et
    -46 % en mai.

    Néanmoins, même si les jeunes sont particulièrement « sensibles » au contexte conjoncturel et s’ils sont souvent les premières « victimes » d’un ralentissement de l’activité économique (ainsi qu’observé en 2008), ils sont aussi les premiers « bénéficiaires » d’une reprise (notamment via l’intérim).

    Certains secteurs qui paraissent plus particulièrement porteurs d’emploi pour les jeunes (l’intérim, le commerce, l’HORECA, l’enseignement, la construction, etc.) ont noué des partenariats sectoriels avec le FOREm et sont des clients réguliers des services aux entreprises du FOREm pour le recrutement de leurs collaborateurs.
    Par ailleurs, le dispositif d’aide à l’emploi Impulsion -25, qui cible les jeunes les moins qualifiés (avec maximum un CESS) sont des mesures particulièrement incitatives pour les employeurs qui les recrutent, dès lors qu’ils permettent d’activer une aide qui s’étale sur maximum 3 ans, d'un montant de 500 euros par mois durant les 2 premières années (pour les jeunes ne disposant pas du CESS), durant la première année pour les jeunes détenteurs du CESS, maximum, et, lors de la dernière année, de 250 euros durant les 6 premiers mois et 125 euros durant les 6 derniers.
    Au-delà des aides « Impulsion », les jeunes peuvent également bénéficier d’autres dispositifs comme le PFI, les APE, SESAM, les premiers engagements ou les Articles 60-61.

    Le FOREm propose en outre une offre de services à destination des jeunes depuis de nombreuses années, notamment via son accompagnement qui sera d’autant plus efficient qu’il vient d’être réformé sous l’appellation TIM pour Talents Impulsion Mobilisation, comme le prévoit DPR.

    Cette réforme de l’accompagnement, orienté coaching et solutions, s’inscrit dans la dynamique de la garantie « jeunes », qu’elle renforce encore. Les actions menées depuis 2015 par le FOREm seront encore optimisées par la prise en charge des jeunes par des conseillers spécialisés, développant une expertise adaptée aux différents publics et par l’optimisation des synergies avec les différents acteurs de l’insertion, mutualisant leurs ressources, outils et méthodologies dans le cadre du portefeuille de projets « Garantie Jeunesse ».

    Rappelons également, que la Garantie Jeunesse est l’engagement de tous les états membres européens à lutter contre le chômage des NEETS (Not in employement education or training) de 15 à 25 ans (bientôt 30 ans), en leur proposant des actions visant leur insertion sur le marché du travail, dans les 4 mois qui suivent la fin de leur scolarité ou la perte de leur emploi.
    Cet engagement est formalisé par un plan d’action de chaque état membre, qui se décline autour de 9 thématiques :
    1. S’outiller pour mieux comprendre et mieux prendre en charge les jeunes ;
    2. Adapter le processus d’accompagnement à l’emploi et dans la formation ;
    3. Lutter contre le décrochage des jeunes en formation ;
    4. Développer l'identification des compétences ;
    5. Intensifier les liens avec l’entreprise ;
    6. Développer des liens avec l’école ;
    7. Favoriser la transition à l’emploi
    8. Développer des actions visant l’accroche et le retour des NEETS sur le marché de l’emploi ;
    9. Développer l’esprit d’entreprendre.

    Ces différentes actions, coordonnées par le FOREm, font l’objet d’un Comité de pilotage wallon, présidé par le cabinet de la Ministre de l’Emploi et de la Formation, sur la base d’une décision du Gouvernement wallon du 2 septembre 2015.

    Diverses actions ont été développées par le FOREm et ses partenaires, dans le cadre du Plan wallon introduit auprès de la Commission européenne, pour permettre aux jeunes de s’insérer dans l’emploi. Parmi celles-ci, la possibilité donnée au demandeur d’emploi de conforter son projet professionnel via les « essais-métiers » a été revue et optimisée en 2017.

    Cet outil d’orientation a été affiné et permet désormais :
    - de tester et de confirmer son projet professionnel dans un domaine d’activité,
    - ou de découvrir au moins 2 métiers, quand le jeune ne s’est pas encore positionné sur un métier précis. Les essais métiers lui permettent ainsi de construire son projet professionnel.

    En 2019, ce sont 375 découvertes de domaines d’activité, 372 découvertes métiers et 2 847 confirmations de projets professionnels qui ont été réalisées.
    Outre les essais-métiers, le FOREm propose, dans son offre de services, des formules de stage de mise en situation professionnelle (MISIP) qui permettent de s’acculturer à la réalité du monde de l’entreprise, aux conditions de travail et aux exigences d’un métier.
    Du côté des stages, plusieurs formules comme le stage de transition professionnelle ou la formation en alternance permettent aux jeunes d’acquérir une première expérience en entreprise. Depuis le début de la Garantie jeunesse, 3 596 stages de transition ont été initiés.

    Quant à la formule de l’alternance, que celle-ci soit initiée par le FOREm ou par l’IFAPME, elle est encadrée par un contrat de formation professionnelle qui permet au jeune de conserver le droit aux allocations d’insertion en compléments d’autres avantages liés à ce contrat, notamment :
    - la suspension de la dégressivité des allocations de remplacement ;
    - la dispense du contrôle de la disponibilité sur le marché du travail.

    Pour booster la formation alternée des demandeurs d’emploi, et en particulier des jeunes, des mesures ont en outre été prises dans le cadre du déconfinement pour assouplir les conditions d’accès au dispositif à tous les jeunes, qu’ils soient bénéficiaires d’allocations de remplacement ou non, et qu’ils aient suivi ou non un cursus qualifiant préalable…

    Si l’octroi d’allocations d’insertion aux NEETS qui reprennent le chemin de la formation n’est pas encore à l’ordre du jour, il convient toutefois de mentionner que la formation alternée des demandeurs d’emploi leur donne accès à une prime de formation de 350 euros/mois. Dans le cadre d’une convention d’immersion professionnelle ou d’un PFI, ce montant peut même être supérieur, en fonction de la formation suivie. L’avant-projet de décret relatif à la réforme de l’accompagnement des chercheurs d’emploi, que je viens de proposer au Gouvernement wallon, inscrit d’ailleurs la formation en milieu de travail comme un des leviers de l’accompagnement et de l’insertion sur le marché de l’emploi et donne une base légale aux MISIP et stages en entreprise.

    Notons aussi que le demandeur d’emploi souhaitant suivre une formation de plein exercice pour se préparer à un métier en pénurie bénéficiera :
    - du maintien de ses allocations avec une dégressivité stoppée à la deuxième période de dégressivité.

    C’est également dans cet esprit que le projet « Coup de Boost », mené par le FOREm et les organisations syndicales, dans le Hainaut, est désormais étendu aux bassins de Liège, Namur et Arlon. Ce dispositif associe l’animation collective et les entretiens individuels, deux modes d’accompagnement complémentaires visant à exploiter la dynamique motivante du groupe, tout en proposant un accompagnement adapté et personnalisé pour chaque jeune.

    L’insertion des jeunes sur le marché du travail est une priorité. Elle sera également au cœur de l’optimisation des aides à l’emploi et à la formation dans le cadre de l’évaluation concertée avec le groupe des partenaires sociaux (GPSW).