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Les centres de prévention du suicide et la crise sanitaire de la Covid-19

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 199 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 29/06/2020
    • de LEKANE Laure
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    En Belgique, plus de 2 000 personnes se donnent la mort chaque année. Un taux qui, lorsqu'on le standardise afin de mener des comparaisons internationales, place notre pays dans les mauvais élèves européens.

    Un problème de santé publique majeur qui pourrait s'aggraver dans les prochains mois suite au coronavirus. C'est du moins ce que craignent les centres de prévention du suicide en première ligne face à cette problématique.

    Perte d'emploi, précarité… il faut s'attendre à des répercussions dans les mois voire potentiellement les années à venir. Pendant le confinement, l'offre de soins au niveau des hôpitaux, des services de santé mentale, des psychologues et des psychiatres indépendants a également été moins large. Des gens n'ont pas pu bénéficier du suivi qui leur aurait été habituellement proposé. Cette crise peut potentiellement constituer la goutte d'eau qui fait déborder le vase face à l'augmentation des facteurs de risque. On s'attend à ce que la détresse soit plus grande et les crises suicidaires plus aiguës.

    Quels sont les moyens mis en œuvre afin de renforcer l'accompagnement des bénéficiaires des centres de prévention du suicide en Wallonie ?

    Comment Madame la Ministre va-t-elle assurer que la prise en charge des bénéficiaires des centres de prévention du suicide se fasse de manière générale ?
  • Réponse du 31/08/2020
    • de MORREALE Christie
    Le suicide est effectivement un problème de santé publique majeur. Il est exact que le centre de prévention de suicide et les professionnels de la santé mentale craignent une augmentation du nombre de suicides liés aux conséquences de la crise sanitaire de la Covid-19.

    Le 25 juin dernier, Sciensano a publié les résultats de la 3e Enquête de Santé de la Covid-19, qui a eu lieu entre le 28 mai et le 3 juin 2020. Ce 3e volet s’intéresse plus particulièrement au vécu des Belges durant le déconfinement. Il met en lumière les conséquences indirectes de l’épidémie et de la levée progressive des mesures de restriction sur la santé et sur le mode de vie des citoyens.

    Concernant la santé mentale, les troubles anxieux (16 %) et dépressifs (15 %) parmi les personnes de 18 ans et plus sont moins fréquents que lors de la première enquête de santé de la Covid-19 (respectivement 23 % et 20 %), mais restent malgré tout plus largement présents qu’avant la crise. Ces troubles touchent principalement les personnes habitant seules ou en situation monoparentale et les personnes présentant une situation financière instable.
    « Les troubles anxieux et dépressifs peuvent, entre autres, être à l’origine de pensées et comportements suicidaires ».

    Il ressort de l’enquête que 8 % des personnes de 18 ans et plus ont indiqué qu’elles avaient sérieusement pensé à mettre fin à leur vie au cours des 3 derniers mois, et 0,4 % ont même tenté de le faire. Les tendances suicidaires lors de ces 3 mois de crise se révèlent plus fréquentes qu’au cours des 12 mois précédant l’enquête de santé de 2018 (4 % de la population de 18 et plus ans ayant pensé au suicide et 0,2 % ayant fait une tentative).

    Conscient de ce risque, de l’impact global de la crise sur la population et comme j’ai déjà eu l’occasion de l’exposer devant l'honorable membre, sur ma proposition, le Gouvernement wallon a pris une série de mesures le 22 avril dernier, pour accroître les moyens de la santé mentale en Wallonie, dans le cadre de la crise de la Covid-19 et notamment concernant la prévention du suicide.

    Le Centre de Prévention du suicide et d’accompagnement « Un pass dans l’impasse » a pu engager, durant une période d’un an, un professionnel supplémentaire pour assurer les entretiens psychologiques, l’accompagnement du deuil après suicide, mais aussi l’écoute téléphonique.
    60.000 euros a été dégagé pour cela.

    Dans un second temps, la crise de la Covid-19, compte tenu de son impact économique et social, a eu des effets sur la santé mentale des indépendants qui ont dû fermer leur établissement, magasin, entreprise, sur lequel repose souvent l’intégralité de leur source de revenus. Afin d’éviter des situations d’ultime désespoir et de risque suicidaire, et pour répondre aux besoins croissants des indépendants en détresse, le Centre de référence de prévention du suicide a développé, sous l’impulsion du Gouvernement wallon, le projet APESA Wallonie (Aide Psychologique pour les Entrepreneurs en Souffrance aiguë).

    APESA Wallonie est un dispositif actif à partir de ce 15 juillet 2020. Cette subvention représente un montant de 126 000 euros complémentaires durant une période d’un an.

    Le projet se déroulera en deux phases :
    * Dans un premier temps, la mise en place d’une ligne d’écoute téléphonique gratuite pour les indépendants en détresse. Dès ce mercredi 15 juillet 2020, deux professionnels formés en prévention du suicide sont amenés à effectuer des entretiens par téléphone. Les indépendants pourront les joindre au 0800/300.25, du lundi au vendredi de 8h30 à 17h.
    * Dans second temps, la mise en place d’un réseau de sentinelles en prévention du suicide pour les indépendants en détresse : les membres des Tribunaux de l’entreprise, les comptables, les syndicats, les banques… seront sollicités en vue d’être formés à repérer les indépendants en détresse et qui ont besoin d’aide. Leur rôle sera de lancer une alerte afin qu’une prise de contact soit initiée par un psychologue auprès de l’indépendant en détresse en vue de lui apporter un soutien psychologique.

    Au total, c’est donc un montant de 186 000 euros qui vient d’être investi dans la prévention du suicide pour l’ensemble de nos concitoyens afin de faire face aux conséquences de cette crise sans précédent.