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La menace écologique du projet de golf d'Arlon

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 271 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 29/06/2020
    • de DUPONT Jori
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Pour Natagora, c'est un véritable désastre écologique doublé d'une grave inconscience que constitue le projet de golf d'Arlon, pour lequel une très courte enquête publique a lieu en plein (dé)confinement.

    Un projet qui consiste à édifier un golf en détruisant 46 hectares de zones humides riches en biodiversité et des hectares de landes sèches, puiser de manière déguisée dans un ruisseau à chabot, qui permet la survie de milieux rares dont la restauration a été financée par les subsides publics européens au sein du camp militaire de Lagland, pour arroser les jolies pelouses dont profiteront quelques privilégiés, construire un projet à la viabilité douteuse tandis que les autres golfs de la province se portent au plus mal. Le tout en se basant sur un approvisionnement en eau calculé sur les précipitations d'il y a 20 ans dans un ruisseau asséché ces dernières années, et enfin détruire à long terme les sols en les arrosant lourdement d'engrais.

    Tous les avis naturalistes, qu'ils proviennent d'associations citoyennes, de l'administration des eaux et forêts ou du DEMNA sont catégoriques et se positionnent contre le projet.

    Madame la Ministre compte-t-elle bloquer ce projet qui, il me semble, ne rentre pas du tout dans les objectifs de la Déclaration de politique régionale ?

    A-t-elle déjà pris des contacts avec Natagora, les promoteurs et/ou la Ville d'Arlon ?
  • Réponse du 26/08/2020
    • de TELLIER Céline
    La RS Properties, porteur du projet « Golf d’Arlon » prévoit de réaliser trois parcours de golf et une académie, accompagnés de 14 lodges de 100 m² et de divers bâtiments dont un club-house, un hôtel, un restaurant, des bureaux, un centre de bien-être, et cetera. Le projet prévoit également l’aménagement de voiries, de 4 parkings et de locaux techniques dont une station de lavage des véhicules et une station de distribution du carburant avec citerne de 20 000 litres. La superficie totale concernée est de 217,5 hectares.

    Ce projet d’importante envergure est, comme l’ont relevé mon administration et les associations que l’honorable membre cite, situé à proximité des sites Natura 2000 « Camp Militaire de Lagland » (BE 34058) et « Bassin du ruisseau de Messancy » (BE34062).

    Le site Natura BE 34058 « Camp militaire de Lagland » comprend différents types de milieux humides et marécageux très sensibles à la qualité et à la quantité d’eau, dont le marais du Landbruch, un des plus vastes et le mieux conservé des marais de la Haute-Semois. Ce site Natura 2000 héberge également deux espèces de poissons d’intérêt communautaire : le Chabot et la Lamproie de Planer.

    Le ruisseau de Lagland, exutoire naturel des eaux en provenance du futur golf, se jette précisément dans le site Natura 2000 BE 34058 « Camp militaire de Lagland » ce qui fait craindre des impacts importants sur les habitats et espèces sensibles de ce site.

    En effet, les prélèvements très importants d’eau, estimés à 135 000 m³ par an en saison de végétation, auront un impact significatif sur le débit du ruisseau de Lagland.

    Par ailleurs, la fertilisation envisagée pour ce projet est de nature à altérer la qualité de l’eau du Ruisseau de Lagland et à endommager de façon irréversible les habitats du site Natura 2000 qu’il alimente.

    Compte tenu des risques importants évoqués ci-dessus, mon administration a remis un avis défavorable sur ce projet, estimant que « le projet est de nature à compromettre la cohérence du réseau Natura 2000 et à nuire à la bonne connectivité des sites pour les espèces pour lesquelles ces sites ont été désignés. »

    En ce qui me concerne, je n’interviendrai dans la procédure qu’en cas d’éventuel recours sur la décision qui sera prise par le collège communal d’Arlon.