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Les papillons

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 282 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 29/06/2020
    • de DUPONT Jori
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Selon le WWF en 2019, près de 30 % des espèces animales et végétales sont menacées de disparition en Wallonie.

    Les pesticides auraient même eu raison des papillons belges, notamment en Wallonie. Selon l'ONG, sur les 115 espèces wallonnes recensées en 2010, 18 se seraient déjà éteintes alors que 13 seraient actuellement en danger critique. En priorité, ce sont les papillons de jour qui semblent être les plus menacés. Selon l'association Natuurpunt, 30 % des papillons sont en danger d'extinction dans le pays, alors que le niveau européen se situe autour de 9 %.

    Madame la Ministre est-elle au courant de cette situation ?

    Quel monitoring fait-elle de cette situation ?

    A-t-elle pris contact avec le WWF suite à cette étude ?

    Quelles mesures va-t-elle prendre ou a-t-elle pris pour lutter contre cette menace pour la biodiversité ?

    Clairement les pesticides sont ici mis en cause par le WWF, que compte-t-elle faire contre l'utilisation des pesticides ?
  • Réponse du 25/09/2020
    • de TELLIER Céline
    Le suivi des espèces menacées de papillons de jour est assuré par le Département de l’Étude du Milieu naturel et agricole en collaboration avec le Groupe de Travail Lycaena, rassemblant de nombreux naturalistes bénévoles, lequel est subventionné annuellement depuis 1990.

    Ces données contribuent au rapport 2018 de l’état de l’environnement wallon (http://etat.environnement.wallonie.be/contents/indicatorsheets/FFH%205.html) duquel sont issus les chiffres cités par le WWF. La fiche concernant l’état des espèces se base sur la méthode développée par l’IUCN pour définir leur statut de menace.

    Il importe de préciser que le nombre d’espèces éteintes concerne des espèces qui ont un jour existé en Wallonie, mais sont parfois éteintes depuis plusieurs décennies.

    Les causes de régression des populations de papillons sont multiples. Outre l’artificialisation du territoire et certaines pratiques de gestion forestière, cette situation résulte principalement de l’intensification de l’agriculture. De nombreuses pratiques telles que le recours aux engrais et aux pesticides, la réalisation d’aménagements fonciers (drainage…) et la perte d’éléments du paysage comme les haies y contribuent largement.

    Selon les scientifiques qui étudient les papillons de jour, l’intensification de la gestion des prairies présente une forte responsabilité dans le déclin de ce groupe d’insectes.

    En effet, les prairies naturelles, dites « maigres » sont riches en fleurs et accueillent une grande diversité d’espèces de papillons de jour. Ce type de prairie a dramatiquement régressé suite à l’épandage d’engrais de synthèse qui favorisent les graminées au détriment des plantes à fleurs. De plus, les fauches de plus en plus précoces et répétées ou le pâturage avec des charges en bétail élevées ne sont pas compatibles avec le maintien des populations de papillons en raison des mortalités radicales qu’elles infligent aux jeunes stades de développement de ces insectes (œufs, chenilles, chrysalides).

    Le maintien des prairies maigres naturelles résiduelles et la restauration de nouvelles surfaces constituent des priorités d’action.

    Les mesures agri–environnementales, les projets de restauration d’habitats dans les sites Natura dans le cadre du PwDR, ainsi que les projets Life constituent des outils qui s’adressent notamment à ces priorités.

    Je compte poursuivre et amplifier cette dynamique. À ce titre, la Commission a retenu 3 projets LIFE que j’ai déposés au Gouvernement en début d’année. J’ai également affecté 2,3 millions d’euros supplémentaires pour soutenir les projets de restauration d’habitats via le PwDR. 

    L’impact des pesticides ne doit pas être négligé compte tenu de leur impact dans le déclin de nombreuses espèces répandues.

    Pour limiter les effets néfastes de l’utilisation de ces substances nocives, plusieurs mesures ont été adoptées dont les deux dernières en date sont :
    - l’interdiction de vente d’herbicides (totaux ou sélectifs) de synthèse aux usagers amateurs (Arrêté royal du 16/09/2018) ;
    - l’interdiction d’utiliser des produits phytopharmaceutiques (PPP) par les gestionnaires d’espaces publics sauf rares cas (chardons, rumex et Espèces Exotiques Envahissantes), ceci depuis le 1er juin 2019.

    De manière plus générale, comme prévu par la DPR, mes services préparent la « Stratégie biodiversité 360° » qui doit fixer pour la décennie 2020 – 2030 des objectifs qui s’adressent aux principales causes de régression de la biodiversité de façon transversale et qui comportera des mesures qui devraient favoriser l’ensemble des groupes vivants et leurs habitats. Il s’agit à mon sens d’une étape indispensable pour freiner l’érosion de la biodiversité.