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La loutre d'Europe

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 284 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 29/06/2020
    • de DUPONT Jori
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Selon le WWF en 2019, près de 30 % des espèces animales et végétales sont menacées de disparition en Wallonie.

    Après la disparition du lynx, du vison et de la rainette verte en Wallonie, la loutre d'Europe pourrait être la prochaine espèce sur cette triste liste. Alors que dans les années 1980, elle était signalée sur les rives de la Lesse, de l'Our, de l'Ourthe et de la Sûre, sa population semble aujourd'hui se réduire comme peau de chagrin.

    Un programme de réaménagement des berges a été mis en place il y a quelques années afin d'encourager sa réimplantation naturelle.

    Quelles sont les conclusions de ce programme de réaménagement ?

    Où en est la situation de la population de loutre en Wallonie ?

    Que compte mettre en place Madame la Ministre ?
  • Réponse du 10/09/2020
    • de TELLIER Céline
    Je remercie l’honorable membre pour son intérêt relatif aux espèces protégées. Je commencerai par préciser certains éléments en lien avec son intervention :
    - le vison d’Europe est menacé dans son aire de répartition, mais aucune population de cette espèce n’a jamais été recensée en Belgique, même au siècle dernier ;
    - si le lynx a été observé à partir des années 90 dans l’Est de la Belgique, il s’agissait vraisemblablement de quelques animaux échappés ou relâchés illégalement. Il semble néanmoins qu’un lynx ait été observé récemment dans la vallée de la Semois.

    Le dernier rapport de la Région wallonne auprès de l’Union européenne pour la période 2013-2018, préparé par Département de l'étude du milieu naturel et agricole avec le soutien de l’ULiège a confirmé la présence de la loutre dans trois bassins versants à savoir l’Our, l’Ourthe et la Semois.

    Au cours de la période de rapportage précédente, la présence de la loutre n’avait pu être confirmée que sur un seul bassin versant et l’on craignait la disparition de la loutre à court terme, ce qui ne fût heureusement pas le cas.

    L’espèce reste cependant très peu présente et il y a lieu de souligner que les estimations d’effectifs faibles sont complexes à réaliser, en particulier pour la loutre, étant donné qu’elle est difficile à détecter, se déplace sur de grands domaines vitaux (jusqu’à 40 km de cours d’eau) et peut être confondue avec d’autres espèces (castor, rat musqué, ragondin).

    Le bilan précis du plan loutre 2011-2021 n’est pas encore établi. On peut cependant citer quelques-unes des actions qui ont été menées :
    - prospections régulières pour la détection d’indices de présence de loutre ;
    - restauration de nombreux habitats sur les bassins de la Sûre, de l’Ourthe et de l’Our dans le cadre du projet LIFE loutre ;
    - efforts importants pour l’amélioration de la qualité des masses d’eau dites naturelles. Ceux-ci concernent tous les bassins dans lesquels la loutre était renseignée au cours des trois derniers exercices de rapportage auprès de l’UE. 71 % de ces masses d’eau naturelles sont de qualité bonne à très bonne ;
    - poursuite de la cartographie des berges de cours d’eau au regard de leur potentiel d’accueil pour la Loutre (plus de 1 000 km de berges analysées) ;
    - sensibilisation des agents de la Direction des cours d'eau non navigables pour la préservation/recréation d’habitats favorables au regard des résultats de ces inventaires : brochure, contacts ciblés ;
    - travaux de reméandration, de gestion et de restauration de la ripisylve, réalisés ou prévus à court terme sur diverses masses d’eau (Eau blanche, Eau noire, Our, Strange…) ;
    - installation récente d’un « loutroduc » sous la nationale 4 à Tenneville ;
    - nombreux aménagements pour favoriser la libre circulation des poissons.

    Du point de vue de la qualité piscicole, les analyses de l’Université de Liège réalisées à partir de pêches électriques entre 2013 et 2018 dans les bassins versants où la loutre est présente indiquent que les besoins alimentaires quotidiens de la loutre peuvent être rencontrés sans difficulté.

    En ce qui concerne la qualité des habitats, on note certaines améliorations notamment sur la Semois : les inventaires menés en 2019 montrent une augmentation du nombre et de la distribution de structures disponibles par rapport aux relevés réalisés en 2006-2007. Cette amélioration s’explique surtout par un développement important de la population de castors dont les terriers sont a priori propices à l’accueil de la loutre.

    Les efforts doivent se poursuivre, particulièrement en ce qui concerne la résolution des points noirs que constituent les traversées de route les plus accidentogènes.

    Mon administration analyse actuellement le bilan précis du Plan loutre 2011-2021 et prépare sur cette base un plan actualisé qui devrait couvrir la période 2021-2030. Ce plan prendra également en compte la progression des populations au-delà de nos frontières, notamment dans le Limbourg néerlandais, en Allemagne et en France, à partir desquelles des individus pourraient un jour s’installer en Wallonie.