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La présentation d'un plan pour une cohabitation harmonieuse avec le loup

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 290 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 02/07/2020
    • de MAUEL Christine
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Madame la Ministre a présenté le 19 juin au barrage de la Gileppe son Plan pour une cohabitation harmonieuse avec le loup en Wallonie. Ayant une vocation très pratique, ce plan a été élaboré avec l'aide de nombreux acteurs publics tels que le Département de la Nature et des Forêts, le Département de l'Étude du milieu naturel et agricole ainsi que des acteurs du Réseau loup.

    L'objectif est d'accompagner l'installation du loup en Wallonie en vue de protéger les individus et leurs habitats ainsi que de faciliter la cohabitation avec les acteurs de terrain. En effet, sa présence devenait inéluctable vu l'augmentation de la population en France ou en Allemagne.

    Des solutions telles que le renforcement de la protection de l'espèce, des mesures de détection et de suivi par le Réseau loup, d'élargissement des possibilités d'indemnisation ainsi que des actions de sensibilisations ont été présentées.
    Le choix du barrage de la Gileppe n'est pas dû au hasard puisque la plupart des loups détectés en Wallonie se trouvaient dans les Hautes-Fagnes. Il s'agit d'un enjeu assez important pour les éleveurs de la région car des attaques de loup ont déjà eu lieu. En effet, un éleveur de Jalhay a constaté que trois de ses agneaux ont été attaqués en septembre et a trouvé le corps sans vie de son bélier le soir de Noël.

    Il est utile de laisser la nature reprendre ses droits mais aussi d'apporter des solutions concrètes aux éleveurs qui ont peur d'être lésés.

    Madame la Ministre peut-elle détailler son Plan loup ?

    Quels seront les nouvelles indemnités prévues pour les éleveurs en cas d'attaque avérée du loup ?

    Quelles seront les démarches à suivre pour un éleveur qui pense que son bétail a été attaqué par un loup ?

    De quelle manière le Réseau Loup, la DNF et le DEMNA vont-ils prendre part à l'exécution du plan ?
  • Réponse du 24/07/2020
    • de TELLIER Céline
    Le Plan concernant la cohabitation avec le loup s’articule autour de quatre objectifs opérationnels, déclinés en une quinzaine d’actions concrètes et pour une période de cinq ans.
    Ces objectifs concernent :
    - le suivi de la présence et de l’installation du loup ;
    - la protection des individus et la gestion d’éventuelles situations problématiques ;
    - l’appui aux éleveurs, qui vise à la fois la protection des troupeaux et les indemnisations ;
    - la communication et la sensibilisation des différents acteurs et du grand public.

    À la suite de la concertation menée dans le cadre du Plan, j’ai décidé d’élargir l’indemnisation aux dommages :
    - subis par les animaux appartenant à des éleveurs amateurs (hobbyistes),
    - attribués de manière certaine, mais aussi probable au loup,
    - sur des animaux de rente ou dont la valeur est particulièrement élevée, et
    - aux chiens de conduite et de protection, et aux chiens de chasse. Les frais vétérinaires inhérents aux animaux blessés seront également remboursés.

    Tout éleveur qui pense avoir subi une attaque de loup doit contacter le Réseau loup dans les heures suivant la découverte des dommages, soit via le système d’alerte en ligne, soit via le DNF. Le Réseau loup diligentera immédiatement une analyse de terrain et rédigera un rapport d’expertise. En fonction des conclusions de ce rapport, l’éleveur pourra ou non prétendre à une indemnisation. La procédure complète est décrite sur le site reseauloup.be.

    Les principaux postes budgétaires de ce plan concernent le suivi scientifique, les mesures de protection des troupeaux et les indemnisations, et la sensibilisation. Ce second poste sera évidemment très dépendant de l’évolution de la situation, laquelle est particulièrement difficile à prédire. Le budget prévu pour 2021 est de l’ordre de 100 000 euros.

    Le plan n’anticipe pas une potentielle surpopulation de loups. Durant cette période, il est en effet peu probable que la Wallonie doive faire face à l’installation d’un nombre d’individus ou de meutes qui justifierait la gestion d’une « surpopulation ».

    En dehors de l’élevage pour lequel des budgets spécifiques sont prévus, l’impact économique potentiel de l’installation du loup est, à ce stade, jugé insignifiant.

    En effet, l’annulation d’activités n’est pas à l’ordre du jour si ce n’est pour préserver la quiétude d’une reproduction, dans une zone restreinte et pour une période limitée. L’impact économique potentiel sera pris en compte dans la décision et sera mis en balance avec les bénéfices pour l’espèce. D’autre part, le renforcement des mesures de protection permettra de diminuer le nombre d’attaques sur troupeaux par des chiens, qui sont quantitativement plus importantes que les attaques de loup.

    De façon générale, à quelques exceptions à proximité des tanières en période de reproduction, l’exercice de la chasse sera maintenu dans les zones de présence du loup. La perte de valeur du territoire de chasse est loin d’être évidente compte tenu, d’une part, de l’effet limité de sa prédation par rapport aux densités actuellement élevées de gibier et, d’autre part, des bénéfices de la réduction des densités de grand gibier pour l’écosystème forestier.

    L’attrait touristique des massifs forestiers occupés par le loup pourrait quant à lui être renforcé, avec de retombées indirectes positives pour les communes concernées.

    Un premier bilan sera tiré au plus tard au terme de la période d’application de l’actuel Plan loup sur la base de l’expérience accumulée durant cette période.

    Le Réseau loup, le DNF et le DEMNA sont trois acteurs majeurs du Plan loup qui interviennent dans la mise en œuvre de presque toutes les actions, tantôt en tant que pilote, tantôt en tant que partenaire. Il m’est impossible de donner tout le détail ici, mais sachant que pour chacune des actions, le plan loup comporte un tableau qui indique notamment l’identité de l’organisme pilote et de ses partenaires clés. J'invite dès lors à le consulter sur le site web reseauloup.be.

    Enfin, l’arrêt récent de la Cour européenne de justice confirmant la protection du loup, quel que soit le milieu qu’il fréquente est en accord avec le cadre légal existant au niveau européen et wallon. Cet arrêt confirme donc les mesures de protection fixées par la législation wallonne et relayées dans le plan loup.