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Le développement de la filière ovine

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 352 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 02/07/2020
    • de PECRIAUX Sophie
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    En 2017, l'élevage ovin était au plus bas en Wallonie, une étude avait été mise sur pied qui a abouti au « Plan stratégique ovins » 2019-2029.

    Il semble que ce Plan fonctionne. En effet, le secteur est en pleine expansion et de nombreux jeunes agriculteurs sont assez emballés par ce type d'élevage.

    Il nécessite un investissement faible et le retour sur investissement est rapide.
    Il s'agit d'un exemple concret et efficace de circuits courts, la production étant vendue directement aux bouchers et restaurants.

    Cette pratique présente donc de nombreux atouts agronomiques, environnementaux et économiques, mais aussi sociétaux, car elle crée un lien entre agriculteurs.

    En effet, des partenariats sont créés entre éleveurs et cultivateurs, créant des SIE(surfaces d'intérêt écologique), les moutons s'occupent du sol des pâturages, sur lesquels ils résident de septembre à avril, évitant ainsi l'utilisation par les cultivateurs de produits phytosanitaires, pour leurs cultures d'avril à septembre.

    Le « Plan stratégique ovins » a été mis en place en 2019, l'expansion de ce type d'élevage semble en hausse, Monsieur le Ministre a-t-il des informations complémentaires sur ce succès ? Dispose-t-il d'une première évaluation de ce Plan ?

    Ce Plan est en lien étroit avec les idées du Plan européen « Farm to Fork », et est un exemple de circuits courts attrayants. Pourrait-il nous indiquer les mesures prises afin d'informer au mieux les consommateurs actuellement en forte demande de changement d'habitudes alimentaires ?

    Le seul point noir du développement de cette filière circuit court, est le manque d'abattoirs en Wallonie. Quelles mesures pourrait-il envisager afin de remédier à cette situation ?
  • Réponse du 13/07/2020
    • de BORSUS Willy
    La Wallonie a perdu la tradition de l’élevage ovin au début du 20e siècle. Bien qu’étant aujourd’hui une activité « marginale » dans le paysage agricole wallon, ses atouts en font une activité qui attire de jeunes agriculteurs depuis quelques années. Il faut noter que le taux d’approvisionnement en viande ovine est de 13 %. Ajoutons à cela que la consommation belge est équivalente de 1,4 kg de carcasse de viande ovine soit 1,1 kg de viande par an. Les explications de ce succès sont nombreuses : investissements réduits, valorisation de bâtis existants, retour de trésorerie rapide, mais aussi possibilité de mettre en place l’activité de manière progressive (du hobby à agriculteur avec possibilité de mener son élevage en activité complémentaire) et bien entendu le manque d’offre locale vis-à-vis de la demande. Plus récemment, la prime couplée ovine, les difficultés rencontrées par le secteur bovin allaitant, mais aussi le développement de pratiques de pâturage innovantes et écologiquement intensives venant en complément de cultures existantes (comme le pâturage des SIE, mais aussi des vergers, vignes, pépinières de sapins de Noël …) ont également participé à ce développement.

    Le Plan stratégique ovin accompagne et renforce donc cette dynamique, qui émane à la base de la volonté propre du secteur ; le plan permet avant tout d’orienter l’action publique de façon efficiente. Nous pouvons compter 492 exploitations de 30 brebis et plus, pour un total de 44 978 brebis dans ces exploitations considérées comme professionnelles et globalement, sur le territoire wallon, on retrouve 73 775 brebis pour 5 243 détenteurs au total. Il y a un taux d’augmentation de 3,2 % du nombre de brebis annuellement. Ce taux est moins marqué que l’évolution connue entre 2010 et 2015 qui était de 9,8 %.

    Les données actuellement disponibles permettent difficilement de déjà mesurer pleinement l’impact du Plan stratégique dont la mise en œuvre a démarré il y a quelques mois seulement. L’évolution récente la plus marquée est certainement l’augmentation du nombre d’abattages d’ovins en Wallonie : ce nombre a presque doublé depuis 2018. En 2019, on peut estimer le nombre d’abattages à 836 tonnes carcasses et le potentiel de consommation en Wallonie est de 5103 tonnes carcasses. Il avait déjà plus que doublé entre 2014 et 2018. Si l’augmentation observée en 2019 est surtout due à une redirection de flux flamands vers l’abattoir d’Ath, elle traduit également, au même titre que l’évolution observée entre 2014 et 2018, la professionnalisation et la structuration naissante du secteur en filières de commercialisation. Dans les faits ainsi que dans son Plan stratégique, le développement de la filière ovine, soutenu par le Collège des Producteurs, passe par des filières de commercialisation « de proximité » et qualitatives qui concentrent prioritairement l’écoulement de leurs produits vers la boucherie indépendante.

    Le Plan stratégique et ses filières prônent davantage l’adaptation d’outil (équipements spécifiques) et de lignes d’abattage pour favoriser une qualité et une accessibilité adaptées à l’ovin que le développement de nouveaux abattoirs ; le maintien des abattoirs aujourd’hui existants et leur accessibilité à tous les éleveurs ovins restent une priorité pour le secteur.

    L’information du consommateur est encore au stade de démarrage. Il est à noter que les fonds de promotion spécifiquement disponibles pour le secteur sont extrêmement faibles étant donné l’importance des cotisations du secteur. Toutefois, dans le développement de sa politique promotionnelle « Viande de Chez Nous », l’APAQW a intégré la viande d’agneau au même titre que les autres viandes, et ce sous la bannière « Agneau de Chez Nous ». Ce concept global, qui vise à mettre en avant des modes de production locaux autour d’une consommation de viande raisonnée, devrait donner une plus grande visibilité à la production ovine locale.