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La culture de nouvelles céréales

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 353 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 02/07/2020
    • de HARDY Maxime
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le changement climatique, la chaleur et le manque de pluies sont à l'origine d'un changement des plantes cultivées sur nos terres agricoles. Le quinoa, notamment, aime la chaleur et n'a pas besoin de beaucoup d'eau. Un bel exemple donc de résilience sur base des changements climatiques.

    Cette céréale, que l'on pourrait confondre avec de la semoule, est généralement cultivée en Amérique du Sud. Mais depuis quelques années, elle a fait son apparition en Belgique et depuis peu, dans le Hainaut. Cette céréale est déjà très prisée par les consommateurs. Le changement des habitudes alimentaires, la volonté du citoyen de consommer local et diversifié met le vent en poupe à ce type de culture. Le seul « souci » reste le prix.En effet, le quinoa cultivé en Belgique, meilleur en goût, coûte plus cher que celui importé d'Amérique du Sud qui parcourt pourtant des milliers de kilomètres, car les agriculteurs belges doivent être rémunérés au juste prix.

    La solution, c'est de motiver les consommateurs belges à consommer local en priorité, ce qui est bon pour l'économie et l'emploi local, mais surtout qui a un bien meilleur bilan carbone. Si la demande suit, le quinoa ou d'autres céréales comme la lentille pousseront sans doute davantage dans nos champs.

    Que pense Monsieur le Ministre du développement de ce type de culture de céréales ?

    Quelles mesures pourraient être prises afin d'aider les agriculteurs à leur développement ?

    L'APAQ-W a-t-elle déjà envisagé la promotion auprès des consommateurs de ce type de céréales, notamment par le biais d'initiatives comme #jecuisinelocal ?
  • Réponse du 13/07/2020
    • de BORSUS Willy
    La défense des facettes les plus traditionnelles de l’agriculture wallonne n’empêche évidemment pas de soutenir la créativité et la diversification. Il y a, en effet, un intérêt économique à soutenir des offres susceptibles de rencontrer les nouvelles demandes des consommateurs. La culture du quinoa en Wallonie illustre parfaitement ce potentiel de diversification. Et cette culture n’en est probablement qu’à ses débuts.

    Il existe de nombreuses variétés de quinoa qui s’adaptent à diverses conditions de production. Que ce soit pour les céréales importées ou pour les céréales de nos régions, la sélection variétale est la voie indispensable tant pour disposer de plantes mieux adaptées à nos conditions de production, que pour obtenir des produits correspondant mieux aux attentes des consommateurs et des transformateurs.

    Du point de vue de la recherche, la sélection et l’amélioration variétale de céréales sont des procédures longues et coûteuses. Il y a donc lieu de focaliser les efforts sur celles qui, à 15-20 ans, répondront le mieux d’une part aux attentes des consommateurs et d’autre part aux défis climatiques et environnementaux. Le choix n’est pas simple. Il doit faire l’objet d’un large consensus et doit s’intégrer dans une démarche sous régionale avec les pays limitrophes afin de se répartir la charge de travail.

    Au travers des conceptions du Plan stratégique de la recherche agronomique en Wallonie, et en étroite collaboration avec l’élaboration du Plan stratégique du Développent de l’Agriculture biologique, une réflexion au sein de la Wallonie est en cours.
    Le CRA-W conduit depuis des années des activités d’amélioration de l’épeautre et fournit près de 70 % de la filière wallonne en variétés adaptées à leurs besoins, tant de production et de transformation. Le CRA-W, en concertation avec le secteur, envisage de reprendre la sélection de froment et d’orge brassicole en agriculture biologique. Au travers du projet de Recherche PHENWHEAT qui porte sur la caractérisation de la dynamique de croissance de variétés de froments d’hivers résistantes à différents stress abiotiques et biotiques au moyen d’une plateforme de phénotypage de proximité à haut débit, le CRA-W contribue à la démarche européenne de caractères des céréales permettant de mieux relever les défis climatiques et environnementaux.

    Par ailleurs, actuellement, le centre pilote « Centre Pilote Céréales et Oléo-Protéagineux » (CePiCOP) n'a jamais fait d'essai en quinoa et n'a pas encore eu de demandes sur le sujet de la part des agriculteurs. Des demandes pourraient toutefois se présenter et des actions en ce sens pourraient être ajoutées au programme.

    Pour ce qui concerne les importations extra européennes de quinoa, soja et autres céréales et légumineuses, la question doit être envisagée selon une approche globale de mise en œuvre du « Green Deal ». Si, à juste titre, l’Union impose à ses producteurs une série de mesures afin de contribuer au développement durable et à la lutte contre le changement climatique, il est nécessaire que ces mêmes conditions soient exigées des produits importés, ou qu’une barrière tarifaire sanctionne les dommages à l’environnement, à la biodiversité ou au climat.

    Pour ce qui est enfin de la promotion, l'APAQ-W valorise cette production originale et locale depuis plusieurs années au travers de différentes actions, notamment les campagnes de promotion du bio qui mettent cette culture en avant.

    Ainsi, lors d’éditions antérieures, la Semaine bio a mis en avant comme ambassadeur de la Semaine des producteurs de quinoa, notamment un des fondateurs de la société Graines de Curieux. Le chapiteau « En Terre bio », soutenu par l’APAQ-W, accueille sur son marché des producteurs de quinoa. Et l'an dernier, l’Agence a mis en avant la Ferme du Bois Bouillet, l'un des ambassadeurs de la Semaine 2019. Ce producteur a intégré cette culture dans sa rotation.

    Plus largement, le site Biomonchoix valorise cette production. Reste que si l’APAQ-W veille d’ores et déjà à stimuler la demande, l’offre doit maintenant se développer. Une concertation devra avoir lieu avec le Collège des producteurs de manière à intégrer les perspectives de progression de cette production dans les plans de développement des filières wallonnes. Sur la base de l’évolution de cette offre, l’APAQ-W amplifiera évidemment son travail de promotion.