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La pénurie de main-d'oeuvre agricole

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 354 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 02/07/2020
    • de SAHLI Mourad
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le Gouvernement wallon s'est inscrit résolument dans une optique de soutien à l'agriculture solidaire, en favorisant les circuits courts, en soutenant les producteurs locaux, en prévoyant le lancement de l'alliance « emploi environnement alimentation », ou encore en inscrivant l'agriculture dans l'économie circulaire, notamment en réduisant les émissions de polluants atmosphériques et de gaz à effet de serre et en promouvant les pratiques de protection des sols.
    Cet engagement vise à accélérer la transition vers une alimentation durable, de soutenir les producteurs locaux, de favoriser des régimes alimentaires sains, de respecter et restaurer les écosystèmes et de développer l'emploi local.

    La crise de la Covid-19 nous a toutefois révélé la fragilité de notre système actuel et a provoqué un manque de main-d'œuvre étrangère qui effectuait des missions de travaux saisonniers. Nous avons assisté à l'appel au secours des producteurs qui ne trouvaient de main-d'œuvre ni locale, ni venant de l'étranger.

    Monsieur le Ministre peut-il nous faire part de son avis sur la question ?

    Peut-il nous faire un premier bilan de la plateforme « Jobs Easy-Agri » ?

    Par ailleurs, ne serait-il pas opportun d'entamer les discussions avec le secteur pour examiner les besoins afin de former plus de main-d'œuvre locale de manière à pouvoir réduire le besoin de main-d'œuvre étrangère tout en favorisant l'emploi au sein de nos régions ?

    Dans ce domaine, la question des salaires est primordiale. Compte-t-il interpeller le Fédéral sur cette question des salaires ?
  • Réponse du 13/07/2020
    • de BORSUS Willy
    La plateforme « Jobs Easy-Agri » a permis à 5 829 personnes de s’inscrire comme demandeur d’emploi saisonnier dont 26 % sont des étudiants et 27 % des chômeurs. 3862 annonces de disponibilité ont été postées. En plus des inscriptions, plus de 400 personnes ont sollicité par téléphone et par email les services du Collège des Producteurs dans le cadre de l’opération.

    87 producteurs se sont inscrits sur la plateforme comme « recruteur » et d’autres ont pu consulter les annonces de disponibilité, soit sans s’inscrire (avec accès restreint aux données des annonces), soit au travers des services liés à la collaboration avec le FOREm (qui a mobilisé ses conseillers sectoriels pour faciliter les démarches de présélection pour les producteurs). Des acteurs de la transformation (moulins, fromageries…) ont également sollicité la plateforme pour pouvoir utiliser le site pour rechercher de la main-d’œuvre.

    Suite aux retours des producteurs, il s’avère que :
    - les demandes de la majorité des producteurs nécessitant des besoins limités en main d’œuvre ont été rencontrées au travers de différentes démarches (disponibilité de main d’œuvre familiale et de proximité (amis et connaissances), plateforme easy-agri, liens avec le FOREm) ;
    - une vingtaine d’entreprises plus importantes ont trouvé des solutions au travers de main d’œuvre saisonnière UE (plus l’entreprise est grande, plus le besoin d’expérience et d’efficacité est manifeste).

    Suite au retour des personnes ayant posté une annonce, il s’avère que 11 % ont été contactées par un producteur et un quart de celles-ci ont effectivement été travaillé pour un producteur dont près de la moitié pour des périodes dépassant 3 semaines.

    Concernant les démarches pour favoriser plus de main d’œuvre locale, si des partenariats existent et doivent continuer à se développer entre le secteur et les acteurs de la formation, dont le FOREm, il faut toutefois relever que deux facteurs restent essentiels face à la question d’attractivité des métiers de main d’œuvre agricole :
    - la pénibilité (travail physique, horaire…) ;
    - les niveaux salariaux.

    Sur la question des salaires, les fédérations agricoles sont impliquées au niveau fédéral, notamment au travers des commissions paritaires, mais la clef du succès restera fortement dépendante de la valeur que voudront bien donner les consommateurs aux biens alimentaires produits. En effet, si l’on prend l’exemple du secteur horticole dans lequel la main d’œuvre représente en moyenne 40 % des coûts de production, seule une approche reconnaissant la valeur du travail lors de l’achat du produit permettra de renforcer l’attractivité salariale pour la main d’œuvre locale. Nous œuvrons dans ce sens en soutenant la démarche de labellisation « Prix Juste Producteurs » mise en place par le Collège des Producteurs.