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La maltraitance des aînés

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 219 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 10/07/2020
    • de DURENNE Véronique
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Le 15 juin était la Journée mondiale dédiée à la lutte contre la maltraitance des personnes âgées pour se rappeler que ces violences concernent 15 % des plus de 75 ans en Europe.

    En 2019, l'Agence wallonne « Respect Seniors » a reçu 3 318 appels. Dans Sudpresse il y a quelques jours, le directeur de l'agence indiquait que 855 situations avaient pu bénéficier d'un accompagnement l'année dernière, mais que ces chiffres ne constituaient que la face cachée de l'iceberg.

    La situation est loin d'être évidente puisque dans un cas sur quatre, c'est le senior qui appelle, mais pour le reste il s'agit d'un proche ou d'un professionnel. « Respect Seniors » cherche alors à rentrer en contact avec l'aîné, l'accord de celui-ci étant impératif pour que l'agence puisse intervenir. Nombre d'entre eux préfèrent que l'agence n'intervienne pas, car ils retirent souvent un bénéfice secondaire à rester dans cette situation. Si la personne présente une déficience cognitive, l'agence entame alors une réflexion afin de savoir si il faut intervenir dans l'intérêt de l'aîné ou selon sa volonté.

    Madame la Ministre dispose-t-elle des premiers chiffres concernant l'année 2020, et de ceux concernant la période de confinement ? Le cas échéant, que peut-elle en dire comparativement aux données des années antérieures ?

    Où sont constatés la plupart des cas de maltraitance ? Est-ce plutôt à domicile ou en institution ? Sont-ils plutôt d'ordre psychologique, physique ou encore financier ?

    La France a lancé en 2018 une campagne de sensibilisation intitulée « Brisons le silence », afin de promouvoir leur numéro d'écoute 3977. À l'instar de l'initiative française, quels sont les dispositifs de communication déployés en Wallonie ?

    Les risques des multiples formes de maltraitance envers les personnes vulnérables peuvent augmenter pendant le confinement. Cela s'est-il produit en Wallonie ? Quels sont les dernières données et le cas échéant, les premiers enseignements ?
  • Réponse du 31/08/2020
    • de MORREALE Christie
    Depuis 2008 avec la création de l’ASBL Respect Seniors, la maltraitance des aînés est reconnue comme un problème de santé publique en Wallonie. En ce qui concerne le dernier rapport d’activités pour l’année 2019, nous savons que si 37 % des familles prennent contact avec l’ASBL - contre 20 % des professionnels - pour signaler un acte de maltraitance, il n’en reste pas moins que les aînés sont de plus en plus nombreux (25 %) à témoigner de leur vécu. Signe que les campagnes de sensibilisation et les formations réalisées depuis plusieurs années auprès des professionnels et du grand public commencent à avoir un impact. L’aîné ose en effet de plus en plus agir par lui-même et pour lui-même. Nous savons aussi que plus de 65 % des victimes sont des femmes. Plus les personnes sont âgées et plus le risque de maltraitance est important dans la mesure où ¼ d’entre elles ont plus de 80 ans. Depuis des années on constate que la maltraitance des aînés est plus élevée à domicile (65,8 %) qu’en institution (25 %). Les formations continues relatives à l’amélioration continue des pratiques en MR(S) constituent certainement une plus-value et renforcent cette prise de conscience des professionnels. Parmi les auteurs désignés, 65 % sont des membres de la famille - dont 64 % d’entre eux sont des enfants et 20 % un conjoint – et un peu plus de 13 % sont des professionnels. Enfin pour répondre à la demande concernant la typologie de maltraitance, nous savons que la maltraitance psychologique reste pointée de manière importante (près d’un tiers des appels). La maltraitance financière reste présente dans près d’un appel sur cinq. Les maltraitances civiques ainsi que les négligences sont désormais de plus en plus évoquées signalant combien les choix des aînés sont parfois bafoués. La maltraitance physique, bien que présente, reste la forme de maltraitance la moins évoquée. D’après les premières estimations, cette tendance se poursuit en 2020.

    Comme mentionné dans l’interpellation écrite, en 2019 sur 3 318 appels 855 ont été suivis d’un accompagnement. D’après les premiers chiffres enregistrés au 30 juin 2020 (il s’agit de chiffres bruts qui doivent être pris en termes de tendance), il y a eu 2251 appels et 471 suivis d’accompagnements et 279 appels de la Covid-19. Les chiffres montrent une augmentation des appels reçus de 28 % au niveau des appels totaux et de 10 % pour les appels relatifs aux situations de maltraitance.

    Ces statistiques permettent ainsi à Respect Séniors d’organiser des actions d'information et de sensibilisation plus ciblées. Outre les informations via le site Internet (69 000 visites en 2019) et les réseaux sociaux, l’ASBL organise des séances de prévention auprès des professionnels du domicile et des MR(S), mais aussi auprès du grand public. En 2019, 7 427 personnes ont ainsi été sensibilisées.
    Enfin en 2019, 165 professionnels ont été formés à la problématique de la maltraitance envers les aînés.

    Il s’agit notamment de faire connaître l’ASBL, d’ouvrir à la réflexion quant aux ressources à mobiliser afin de prévenir la maltraitance, ainsi que de transmettre une grille de lecture permettant d’appréhender différentes situations de maltraitance.