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La lutte contre les féminicides

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 226 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 10/07/2020
    • de VANDEVOORDE Anouk
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Le 22 juin, un homme a tué son ex-compagne à coups de couteau, parce qu'il n'acceptait pas leur séparation. Quatre enfants ont ainsi perdu leur maman. Il s'agit de la 12e victime de féminicide cette année.

    Un féminicide n'est pas un meurtre comme un autre. De tels crimes mettent en lumière un problème de société et relèvent, de ce fait, de la responsabilité collective.

    La Belgique a ratifié la Convention d'Istanbul qui a pour but de prévenir et de lutter contre les violences à l'égard des femmes. Mais, malgré le caractère contraignant de cette convention, à peine 20 % des mesures qui s'y trouvent sont d'application chez nous.

    Chaque semaine qui passe sans mesure prise est un risque de plus pour une femme quelque part dans notre pays.

    Quels sont les moyens d'action de la Région wallonne pour lutter contre les féminicides ?
    Et, plus largement, pour faire en sorte que la Convention d'Istanbul soit appliquée ?

    Quelles actions Madame la Ministre a-t-elle effectuées depuis le début de la législature pour aller en ce sens ?

    Quelles sont ses ambitions en la matière ?
  • Réponse du 31/08/2020
    • de MORREALE Christie
    Le 22 juin dernier, deux femmes ont été tuées par leur (ex)compagnon en Belgique. Ce qui porte à 12, selon le décompte des associations de terrain, le nombre de féminicides en 2020.
    La crise sanitaire a également été propice à une recrudescence des violences conjugales.
    Nous ne pouvons plus tolérer qu’en Belgique des femmes se fassent encore tuer des coups de leurs compagnons ou peinent à trouver de l’aide pour sortir de ces situations.

    La lutte contre les violences faites aux femmes nécessite une conjonction d’actions allant de la prévention, à la protection des victimes, jusqu’à la répression des auteurs. Nous ne pourrons avoir d’impacts réels dans notre Belgique fédérale, que si nous unissons nos forces pour agir en cohérence à tous les niveaux de pouvoir. Les défis à relever sont importants. Il s’agit bien là des objectifs de la CIM Droits des femmes qui s’attèle actuellement à travailler en priorité sur cette question précise des violences faites aux femmes.

    Nous travaillons également avec mes homologues de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Bénédicte Linard, et de la Cocof, Barbara Trachte à l’établissement d’un Plan intrafrancophone de lutte contre les violences faites aux femmes. Ce Plan devrait voir le jour au début de dernier trimestre de cette année.

    Ces travaux s’inscrivent bien évidemment sur base des recommandations réalisées par la Société civile, mais aussi sur base de celles effectuées par le GREVIO dans son rapport intermédiaire adressé à la Belgique quant à la mise en œuvre de la Convention d’Istanbul sur notre territoire.
    Toutefois, en ce qui me concerne, j’ai déjà pris une série de mesures visant à renforcer la prévention et la protection des femmes en Région wallonne.

    Dans le cadre du budget initial 2020, j’ai souhaité renforcer considérablement les moyens mis à disposition des associations de terrain luttant contre les violences faites aux femmes. Le budget a ainsi été augmenté de 400 000 euros, passant à plus de 1 million d’euros, pour permettre la mise en œuvre du décret du 1er mars 2018 relatifs à l'agrément et au subventionnement des services et dispositifs d'accompagnement des violences entre partenaires et des violences fondées sur le genre. À terme, ces budgets permettront d’agréer une quinzaine de structures avec des subsides structurels.
    En outre, nous avons dû prendre des mesures adaptées à la crise sanitaire. En effet, les appels à la ligne d’écoute violences conjugales ont triplé pendant cette période. Ainsi, la ligne a été renforcée par l’ouverture d’un poste d’écoute supplémentaire et en élargissant le chat de 2h/semaine à 10h/jour. L’augmentation des appels et la gestion du chat étaient alors gérées par du personnel d’associations partenaires mis en télétravail.

    À l’heure de la reprise des activités dans le cadre du déconfinement, la ligne doit encore faire face au double d’appels par rapport à sa situation « habituelle ». Par ailleurs, le personnel venu en renfort de manière temporaire n’était plus disponible et le personnel de la ligne d’écoute était, quant à lui, épuisé psychologiquement par plusieurs semaines de travail intense avec un public extrêmement fragilisé.

    Au vu de ce contexte, j’ai décidé d’accorder à la ligne d’écoute « Violences conjugales » un subside spécifique de 41 730 euros, afin d’engager du personnel permettant ainsi de maintenir pendant cette période de transition un troisième poste d’écoute et le « chat », pour la période allant du 1er juin au 31 décembre 2020.
    Une campagne de communication pour encourager les victimes à signaler les actes de violence a également été menée durant la crise sanitaire entre la mi-avril et fin mai. Elle devrait faire l’objet d’une relance à l’automne.

    Par ailleurs, suite aux engagements pris dans le cadre de la CIM Droits des femmes du 8 mai dernier, un courrier signé conjointement avec mon collègue Pierre-Yves Dermagne a été adressé aux chefs de corps de toutes les Zones de Police de la Région wallonne. Il leur est recommandé de rappeler les victimes de violences conjugales s’étant manifestées avant la crise. Si cette mesure doit s’effectuer avec prudence, elle est susceptible, selon les Pôles de ressources en violences conjugales, de générer un véritable sentiment de sécurité chez les victimes.

    De même, je suis en train de mettre en place les relais pharmacies pour les victimes de violences conjugales, à l’échelle de la Région wallonne ; et ce, en collaboration avec les associations de pharmaciens (dont l’APB et l’AUP), les villes qui ont déjà mené de tels projets pilotes ainsi que les pôles de ressources « violences conjugales ». Cette mesure, qui devrait pouvoir être concrétisée avant l’automne, constituera un nouveau relais de proximité non négligeable pour les victimes.