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Alzheimer - Etablissement d'un rapport similaire à celui établi en France.

  • Session : 2005-2006
  • Année : 2006
  • N° : 68 (2005-2006) 1

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  • Question écrite du 16/03/2006
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à VIENNE Christiane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    Au mois d'octobre 2005, j'interrogeais Madame la Ministre sur le rapport de l'Office parlementaire d'évaluation de politiques de santé de la République française sur la maladie d'Alzheimer.

    Dans sa réponse, Madame la Ministre m'informait qu'elle n'avait pas encore pris connaissance de ce rapport. Néanmoins, après analyse, elle devait juger de l'opportunité de faire établir un rapport similaire, éventuellement en commun avec les autres niveaux de pouvoir concernés.

    Pour rappel, le rapport de l'Office parlementaire d'évaluation de politique de santé de la République française concerne les différents aspects des problèmes liés à la maladie d'Alzheimer qui relèvent de politiques et de niveaux de pouvoir différents.

    Depuis lors, Madame la Ministre a-t-elle pu procéder à l'analyse du rapport de l'Office parlementaire d'évaluation des politiques de santé de la Réublique française sur la maladie d'Alzheimer ? Envisage-t-elle d'établir un rapport similaire à ce qui a été fait en France pour la Région wallonne en matière de maladie d'Alzheimer ? Quels sont les acteurs qui seront éventuellement contactés et concernés par ce rapport ?

    Madame la Ministre envisage-t-elle de consulter et de concerter les autres niveaux de pouvoir en vue d'établir de la manière la plus efficace qu'il soit ce rapport sur la maladie d'Alzheimer.
  • Réponse du 05/04/2006
    • de VIENNE Christiane

    J'ai pris connaissance du rapport réalisé par l'Office parlementaire d'évaluation des politiques de santé de la République française sur la maladie d'Alzheimer et les maladies apparentées, déposé le 11 juillet 2005 par Madame la Députée Cécile Gallez.

    Ce volumineux ouvrage, réalisé avec la collaboration scientifique de l'Université Victor Segalen Bordeaux 2, aborde effectivement l'ensemble des problèmes liés à la maladie d'Alzheimer sur les plans médical et socio-sanitaire.

    De sa lecture, il ressort qu'il y aurait aujourd'hui en France près de 880.000 personnes atteintes par la maladie d'Alzheimer. Si l'on sait en outre que les membres de la famille qui participent à l'aide de la personne malade peuvent également être affectés dans leur état de santé (près de la moitié des aidants souffriraient de dépression) c'est près de trois millions de Français qui seraient, directement ou indirectement, concernés par cette maladie.

    En outre, en France, plus de 220.000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année et le nombre de malades pourrait atteindre 1,2 million de personnes en 2020 et 1,5 million de personnes en 2040.

    Sur la base des données actuellement disponibles, les perspectives d'évolution de cette maladie, dont la prévalence augmente avec l'âge, ne sont malheureusement pas positives. En effet, actuellement les traitements médicamenteux ne parviennent qu'à retarder son évolution et l'efficacité des thérapeutiques non médicamenteuses cognitives ne sont pas démontrées, sauf peut-être pour ce qui concerne les approches psychosociales..

    Le coût de la maladie est aujourd'hui estimé à 0,7% du PIB, il pourrait être de 1,3% en 2020 et de 2% en 2040. La moitié de ces coûts sont supportés par les familles (aides informelles non marchandes comprises).

    Le Ministre de la Santé, Xavier Bertrand, souhaite retenir la maladie d'Alzheimer comme grande cause nationale pour l'année 2007.

    Au-delà de ces constats, le Plan Alzheimer 2004-2007 préconise une cohorte d'actions visant à améliorer la qualité de vie des malades et de leurs familles, en référence au système français de prise en charge des personnes âgées , lequel est avant tout axé sur une approche médicale et psychiatrique ; parmi celles-ci, on trouve celles qui visent à :

    - améliorer le diagnostic (qui ne concernerait qu'un cas sur deux) par l'extension des centres mémoire de recherche et de ressource et les consultations mémoire ;
    - développer des places d'accueil de jour et de nuit en petites unités ainsi que des hébergements temporaires (il est prouvé que le maintien habituel au domicile présente des avantages thérapeutiques et financiers par rapport à l'institutionnalisation systématique) ;
    - accroître le nombre de personnels par structure (huit à dix personnes supplémentaires) et leur prodiguer une formation adéquate ;
    - améliorer la connaissance de la maladie et de ses traitements par l'accroissement des moyens de recherche ;
    - évaluer scientifiquement l'efficacité des différents types de traitement ;
    - améliorer la formation des médecins généralistes sur le sujet ;
    - améliorer la coordination entre le champ social, le champ sanitaire et le champ judiciaire ;
    - diminuer les facteurs de risques vasculaires, et notamment l'hypertension, dont l'incidence sur le développement de la maladie semble démontré ;
    - développer, sensibiliser à la maladie et former adéquatement le personnel des services d'aide à domicile ;
    - étudier les possibilités de travail en commun au sein des réseaux des professionnels de la santé en analysant la possibilité de déléguer des tâches médicales aux infirmières ;
    - assurer une territorialisation de proximité de la coordination ;
    - former et désigner des infirmières coordinatrices (case managers), qui sur le plan individuel, auraient pour tâche de dresser un bilan des aides disponibles (publiques ou assurances) afin de mettre en place un plan d'aide cohérent personnalisé (…).

    Pour ma part, je ne pense pas qu'il soit utile de commanditer pour la Région wallonne un rapport analogue, l'étude française comportant des éléments de comparaison avec les autres pays européens et démontrant une homogénéité territoriale de la fréquence et de l'évolution de la maladie.

    Par contre, ce rapport pourrait servir de point de départ à une réflexion sur les moyens d'action à développer en Région wallonne pour assurer une prise en charge adaptée des personnes touchées par la maladie. A cet égard, je tiens cependant à insister sur le fait que, bien souvent, on a tendance à assimiler à la maladie d'Alzheimer toute une série de comportements liés à une désorientation de la personne âgée. Aussi, j'estime qu'il serait d'abord important d'en définir précisément les contours et d'en assurer un diagnostic approprié.