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L'élevage intensif de dindes

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 327 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 14/07/2020
    • de LEPINE Jean-Pierre
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    En octobre 2019, GAIA filmait trois élevages intensifs de dindes en Flandre occidentale. C'est avec effroi que nous avons pu découvrir les images montrant des conditions d'élevage terribles : des hangars fermés contenant des milliers de dindes, des animaux à l'agonie, des carcasses en état de décomposition avancée, des sols recouverts de matières fécales, des dindes présentant de graves problèmes locomoteurs et des fractures ouvertes, des animaux enduits de fèces, incapables de satisfaire un besoin aussi vital que de se nettoyer le plumage, des comportements de picage entre congénères, témoignant de hiérarchies perturbées.

    À ce jour, l'élevage des dindes n'est pas encadré. En effet, alors que chaque année, en Belgique, plus de 750 000 dindes sont élevées et abattues pour la consommation, aucune réglementation belge ou européenne n'encadre les conditions de vie des dindes en élevage. Par conséquent, il n'existe aucune limitation légale de surface de l'élevage ni de limitation relative au nombre de dindons pouvant être détenus dans des hangars. La décision est ainsi laissée à l'éleveur, qui peut entasser autant de dindes d'élevage que possible, avec pour résultat une densité extrême de ces élevages, à tel point qu'il est impossible d'ajouter des dindons sans augmenter significativement le taux de mortalité.

    L'association dénonce la non-prise en compte du bien-être de l'animal et le règne sans concession de la rentabilité. Et pour que ce soit rentable, la pratique en vigueur veut qu'on les entasse au maximum en un minimum de superficie. Selon GAIA, on compterait deux élevages de dindes en Wallonie, mais ceux-ci relèvent de l'élevage extensif et biologique. La Flandre, quant à elle, en compte 25, où les pratiques d'élevage intensif posent de sérieuses inquiétudes relativement au bien- être animal.

    Madame la Ministre a-t-elle pu prendre connaissance de cette campagne de GAIA ? Confirme-t-elle l'existence de ces deux élevages extensifs et biologiques en Wallonie ?

    À quels contrôles éventuels sont-ils soumis ?

    Si le problème semble se poser surtout au nord du pays, il n'en demeure pas moins qu'il est très probable que ces dindes atterrissent dans les assiettes de nos concitoyens wallons.

    Aussi, à cet égard, y voit-elle un créneau d'action en vue de promouvoir davantage cette filière avicole wallonne auprès des « consommacteurs » wallons, éventuellement en collaboration avec le collège des producteurs ?

    Je pense notamment à l'adaptation du label néerlandais Beter Leven/Meilleure vie, qui pourrait trouver écho auprès d'un public toujours plus sensible à la cause animale.

    A-t-elle interpellé son homologue flamand, Ben Weyts, à ce propos ?

    Envisage-t-elle de le faire ?

    En dialogue éventuel avec le Ministre flamand du Bien-être animal, envisage-t-elle de travailler sur une législation spécifique ?
  • Réponse du 01/09/2020
    • de TELLIER Céline
    Je confirme que le secteur de l’élevage de volaille en Wallonie est actuellement plutôt orienté vers l’élevage de qualité différenciée et/ou biologique, qui comprend des parcours extérieurs et privilégie souvent l’utilisation de souche à croissance plus lente.

    Actuellement, plus de 50 % des aviculteurs wallons sont dans ce type d’élevage et il me revient que le plan de développement du secteur prévoit que la grande majorité des nouveaux élevages se développeront dans ce modèle de production différenciée.

    La législation wallonne actuelle permet de contrôler les élevages de dindes en Wallonie. Le Code wallon du Bien-être animal exige que « toute personne procure à l’animal qu’elle détient une alimentation, des soins et un logement ou un abri qui conviennent à sa nature, à ses besoins physiologiques et éthologiques ».

    L’arrêté royal du 1er mars 2000 concernant la protection des animaux dans les élevages fixe les conditions générales dans lesquelles les animaux destinés à la production d’aliments doivent être élevés ou détenus. Ces normes concernent la formation du personnel, l’inspection par le responsable, la tenue de registres des animaux et de leurs traitements, la liberté de mouvement, les bâtiments et équipements.

    Des normes wallonnes plus spécifiques au bien-être des dindes n’ont, en effet, pas été définies jusqu’à présent, ni au niveau européen ni au niveau wallon.

    Afin de répondre à cette situation, et notamment après des échanges entre GAIA et mon Cabinet, j’ai demandé au Conseil wallon du bien-être des animaux de me formuler des recommandations concernant des règles spécifiques de bien-être animal qui devraient être appliquées dans de tels élevages. Le Conseil doit me rendre un avis pour début de l’année prochaine, au plus tard. Une législation basée sur ces recommandations devrait permettre d’éviter toute dérive éventuelle.

    Mon administration a des contacts réguliers avec la Flandre. Le Conseil flamand du bien-être des animaux a été averti des travaux qui se mettent en place. Une fois rendu public, l’avis wallon sera transmis pour information à l’administration flamande.