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La décolonisation de l'espace public

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 259 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 15/07/2020
    • de VANDEVOORDE Anouk
    • à DERMAGNE Pierre-Yves, Ministre du Logement, des Pouvoirs locaux et de la Ville
    La décolonisation de l'espace public est une étape importante dans le cadre de la lutte contre le racisme. En continuant à glorifier les figures coloniales, nous ne faisons qu'entretenir et renforcer une image stéréotypée des Africains.

    Comment la Région wallonne pourrait-elle participer à la décolonisation de l'espace public ?

    Quelles sont les ambitions de Monsieur le Ministre en la matière ?
  • Réponse du 19/08/2020
    • de DERMAGNE Pierre-Yves
    Dans le flot des prises de position qui ont récemment accompagné cette importante question, j’ai retenu une formule qui pourrait assez bien traduire ma position sur le sujet : « l’histoire, on ne l’efface pas, on l’explique » (Philippe Walkowiak, Le fantôme encombrant de Léopold II, RTBF.be, 12 juin 2020).

    À défaut, en effet, le risque est grand de gommer, d’occulter ou de sembler nier l’histoire de la colonisation, qui est une partie de l’histoire de ce pays ; avec pour risque corollaire de tomber dans les travers que l’on veut justement combattre : la négation voire la haine de l’autre, le racisme et la discrimination.

    En ce sens, une initiative bruxelloise mérite toute notre attention. Ainsi, sur la proposition de la secrétaire d’État Nawal Ben Hamou, c’est à travers sa commission « Égalité des chances » que le Parlement bruxellois va, dans un premier temps, se pencher sur la liste de noms « controversés » et ce, avec l’éclairage d’experts de la décolonisation, mais aussi d’associations actives dans la défense du droit des femmes. Les citoyens seront, eux aussi, amenés à se faire entendre.

    À l’échelle wallonne - sans attendre le plan interfédéral de lutte contre le racisme - notre Parlement pourrait s’inspirer de cette initiative et tracer, à destination des communes, les grandes lignes d’un modus operandi participatif portant sur le traitement à réserver à l’héritage colonial du paysage urbain et des noms de rues. Il s’agirait, par exemple, d’étudier la manière la plus appropriée d’ajouter des éléments de contextualisation, auprès des statues et bustes contestés.

    Au-delà, parce qu’il faut également s’attaquer aux causes fondamentales des discriminations, il conviendra sans doute d’associer aux travaux, la Fédération Wallonie-Bruxelles, compétente à plus d’un titre ; via l’enseignement, bien sûr - par un meilleur enseignement de la colonisation, mais aussi par l’éducation civique et à l’esprit critique qui doit armer chacun pour aborder son environnement matériel comme les flux toujours plus massifs d’informations immédiates - et via la culture, aussi, au sens le plus large et le plus émancipateur du terme.

    C’est donc au départ d’une initiative parlementaire, émanant du cœur de la démocratie, que le travail pourrait efficacement être mené en Wallonie. Une initiative que je soutiendrai et à laquelle mes administrations ne manqueraient pas de participer.