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Le nourrissage des sangliers

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 401 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 15/07/2020
    • de FLORENT Jean-Philippe
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le 12 novembre passé, j’interrogeais Monsieur le Ministre sur les mesures prises afin de diminuer le nourrissage des sangliers, et ce afin de diminuer la surpopulation de ces derniers et par la même occasion de diminuer les dégâts occasionnés aux cultures et pâtures.

    Pour solutionner ce problème crucial de nos forêts wallonnes, la Déclaration de politique régionale prévoit de réduire significativement le recours au nourrissage qui participe à l'augmentation des populations de sangliers dans nos forêts. La DPR prévoit plus précisément de conditionner les périodes et méthodes de nourrissage aux critères suivants : les nourrissages ne pourront avoir pour objectif que d'éviter des dégâts aux cultures et pâtures; et ils devront soutenir une diminution de densité des populations. Je pense que c'est là le point essentiel.

    À cette époque, il annonçait que des mesures allaient être prises pour diminuer la population de ces suidés ; des prélèvements importants (surtout au-dessus du sillon Sambre et Meuse), et après analyse, une révision du nourrissage.

    Il l'a souvent répété, le nourrissage n'est pas le seul responsable de la surpopulation de sangliers. On peut le rejoindre sur ce constat. Mais il n'en demeure pas moins que dans un contexte de « sur-surpopulation », selon ses propres termes, le nourrissage se justifie difficilement.

    Quel est le calendrier de travail en ce qui concerne la mise en œuvre de la DPR sur le nourrissage ?

    Quelles restrictions sont proposées pour le nourrissage ?

    Comment concrètement le nourrissage peut-il être limité à l'intention d'éviter les dégâts aux cultures et aux pâtures ? Quels contrôles sont mis en place ?

    À quelles périodes le nourrissage sera-t-il autorisé ?

    Monsieur le Ministre a-t-il des données actualisées des densités de sangliers et de grands gibiers dans les forêts wallonnes ?
  • Réponse du 27/07/2020
    • de BORSUS Willy
    Comme on le sait, le sanglier est par nature susceptible d’entraîner des dégâts à l’agriculture et le fait que ses populations soient devenues importantes, non seulement accentue ce risque, mais en entraîne aussi d’autres, que ce soit sur le plan sanitaire vis-à-vis des élevages, sur celui de la sécurité routière ou encore sur celui de la perte de biodiversité.

    Cela fait un certain nombre d’années déjà que la nécessité de gérer cette espèce en veillant à mieux intégrer tous les intérêts en jeu est apparue. La crise de la peste porcine africaine est venue rappeler cette nécessité et, dans ce cadre, l’Europe elle-même a la volonté de voir tous ses États membres adopter un plan de gestion global de cette espèce de gibier.

    La problématique du nourrissage est un des éléments de ce plan de gestion global et la déclaration de politique régionale le concernant est venue rappeler ce que la loi sur la chasse exige déjà depuis 1994, à savoir que ce nourrissage du sanglier ne doit plus avoir pour seul et unique but que la dissuasion en vue de prévenir les dégâts aux cultures. Il faut croire que la question de savoir à partir de quand un nourrissage est dissuasif ou ne l’est plus, n’est pas si simple puisque je constate que la réglementation en la matière a fait l’objet d’arrêtés du Gouvernement wallon en 1995, en 1997, en 2003, en 2012 et en encore 2015. Il n’y a pas de matières au niveau de la chasse qui ait été autant de fois modifiées depuis l’adoption du décret du 14 juillet 1994 sur la chasse ayant notamment soumis le nourrissage à la réglementation.

    Dès le début de mon mandat, j’ai mené des actions concrètes permettant d’accentuer la pression de chasse sur les populations de sangliers. J’en veux pour exemple, le plan de tir expérimental au sanglier mis en œuvre dans les Conseils Cynégétiques où les populations de sangliers sont les plus élevées (soit dans les Conseils Cynégétiques ayant prélevé en moyenne plus de 60 sangliers/1000 ha de bois lors des 5 dernières années. Cela représentait 15 Conseils Cynégétiques « Grand Gibier ») ou bien encore, l’allongement des périodes de chasses au sanglier dans le cadre de l’arrêté fixant les dates d’ouverture de la chasse entre le 01/07/2020 et le 30/06/2025.

    Pour la fin de l’année, je déposerai au Gouvernement un plan de gestion global du sanglier qui a priori devrait prévoir différentes mesures réglementaires, à savoir :
    1) L’instauration d’un plan de tir au sanglier pour les zones les plus vives en sangliers ;
    2) Le renforcement des mesures de destruction du sanglier sur la base de l’expérience que nous avons acquise dans le cadre de la lutte contre la peste porcine africaine, ce renforcement devant concerner plus particulièrement les zones où la présence du sanglier n’est pas souhaitée, je songe ici au nord de la Région et aux zones périurbaines ;
    3) Une révision de la réglementation concernant effectivement le nourrissage. À ce stade je ne me prononce pas sur la période à retenir pour autoriser le nourrissage dissuasif, mais la détermination de celle-ci ne peut sans doute pas se faire indépendamment du problème de la responsabilité en matière d’indemnisation des dégâts. Je souhaite en tout cas que les règles soient simples et comme mentionnées par l'honorable membre, contrôlables, sous peine de passer à côté de l’objectif. Elles doivent bien entendu être le fruit d’une large concertation.

    Mon administration m’a déjà fait des propositions concernant le premier point, elle doit encore m’en faire concernant les deux suivants. Mon intention est de soumettre à la fin de l’été ces propositions à la discussion de groupes de travail à mettre en place au sein du Pôle « Ruralité » Section « Chasse », qui, comme le sait l'honorable membre, est l’organe d’avis officiel spécialement mis en place pour conseiller le Gouvernement dans cette matière et qui réunit des représentants de tous les intérêts en jeu.

    Au niveau des statistiques, on a, à nouveau, franchi la barre des 6 000 cerfs abattus lors de la saison de chasse qui vient de s’achever au 30 juin (6 077 - + 9 % par rapport à la saison précédente). En ce qui concerne, le sanglier, on a encore battu le record de prélèvement, avec plus de 36 000 animaux abattus (36 300 - + 8 % par rapport à la saison précédente). Au niveau des populations sur pied, elles sont encore estimées au printemps pour le Cerf, grâce notamment à des comptages nocturnes contradictoires (DNF/chasseurs) aux phares sur des circuits préétablis. Mais ceux-ci n’ont malheureusement pas pu se faire cette année en raison de la crise sanitaire. L’estimation des populations de sangliers est quant à elle pratiquement abandonnée, celle-ci étant extrêmement sujette à caution et difficile depuis que le nourrissage est limité et les hivers peu enneigés. La crise de la PPA a bien montré que l’on sous-estimait très largement les populations de sangliers. D’une façon générale, on constate que l’évolution des populations sur pied suit celle des prélèvements. J’espère toutefois que, pour le sanglier, les records de prélèvement successifs de ces 3 dernières années ont permis de diminuer les densités.