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Les difficultés pour assurer le dépistage de la tuberculose suite à la crise de la Covid-19

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 242 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 15/07/2020
    • de PECRIAUX Sophie
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    La lutte contre le coronavirus mobilise toutes les forces du monde médical. Mais elle ne doit pas faire oublier les autres crises sanitaires qui nécessitent une importante mobilisation sur le terrain, dont notamment la lutte contre la tuberculose. Suite au confinement et à la crainte de contracter la Covid-19, de nombreuses personnes ont du mal à se rendre dans les différents centres de santé pour se faire dépister.

    De plus, les dépistages sont difficilement possibles en milieu scolaire vu que très peu d'enfants ont repris le chemin de l'école en mai et que les vacances sont là. En raison de la crise, l'ONG médicale belge de développement Action Damien craint un nombre croissant d'infections et de formes extrêmes de tuberculose. La crise de la Covid risque bien d'aggraver celle de la tuberculose au niveau des cas qui passent inaperçus et de ceux qui contaminent d'autres personnes.

    Quelles sont donc les mesures que Madame la Ministre pourrait envisager de prendre, et ce, afin de renforcer la prévention de la tuberculose et assurer une reprise des activités dans les meilleures conditions afin d'éviter une recrudescence des cas de tuberculose ?
  • Réponse du 05/10/2020
    • de MORREALE Christie
    Rappelons d’abord, même si c’est toujours trop, que la Belgique est un pays à faible incidence de tuberculose (< 10/100 000). Environ 1 000 cas de tuberculose sont détectés chaque année, dont moins de 250 en Région wallonne. La tuberculose affecte préférentiellement les populations les plus vulnérables et tend à se concentrer dans les grandes villes.

    La gestion des groupes à risque est l’un des axes du contrôle de la tuberculose dans les pays à faible incidence.

    Dans notre pays, deux groupes à risque bénéficient d’un dépistage systématique : les demandeurs d’asile et les détenus. À leur arrivée en Belgique, les demandeurs d’asile sont dépistés à l’Office des Étrangers ou au niveau des lieux d’accueil. Ce dépistage est réalisé par Fedasil et la Croix-Rouge. En ce qui concerne les détenus, ils sont dépistés à l’entrée et un TCT (test cutané tuberculinique) est effectué après 3 mois. Le service médical de chaque prison réalise ce dépistage. Pendant la crise de la Covid-19, ces dépistages ont continué à être organisés malgré le ralentissement des activités (ex. s’agissant des demandeurs d’asile, des rattrapages seront organisés dans les lieux d’accueil).

    Pour ce qui est du milieu scolaire, la tuberculose ne fait plus l’objet d’un dépistage systématique de tous les élèves. Il s’agit de cibler les élèves à risque qui sont prioritairement les primo-arrivants issus des pays à haute prévalence. Par ailleurs, le médecin scolaire recherche les signes d’appel de manière systématique chez les élèves à risque lors des bilans de santé (les bilans de santé sont obligatoires pour tous les élèves selon une fréquence définie par l’Arrêté du Gouvernement de la CF de 2002) ; (précarité, contact récent avec une personne atteinte de tuberculose, retour de pays à haute prévalence). Ce sont les SPSE (Service de promotion de la santé à l’école) et les CPMS-CF (Centre psycho-médico-social de la Communauté française) qui ont la responsabilité d’organiser ce dépistage. Actuellement, les élèves ne fréquentent plus l’école et il appartient aux parents de solliciter le système de soins « classique » en cas de symptômes (toux persistante, fièvre, et cetera). La reprise des activités scolaires au terme des vacances d’été permettra au milieu scolaire de jouer à nouveau un rôle dans la prévention de la tuberculose.

    Il est probable que la diversion des soins de santé vers le virus de la Covid-19 ait provoqué des délais dans le diagnostic des cas de tuberculose pendant la période de confinement. D’un autre côté, le confinement lui-même a dû restreindre le nombre de contacts à la bulle « familiale », ce qui a dû avoir un effet compensatoire sur la transmission.

    En outre, les mesures d’hygiène préconisées en vue de limiter la propagation de la Covid-19 contribuent à limiter la propagation de la tuberculose étant donné que le mode de transmission est similaire.

    Il faut savoir que le Fonds des affections respiratoires, chargé de coordonner les activités de prévention et de surveillance de la tuberculose en Région wallonne, a aussi continué ses activités pendant la période de confinement, en adaptant quelque peu les procédures de suivi des patients pour respecter les règles de distanciation sociale et d’hygiène.

    Vu la levée des plans d’urgences hospitaliers, les patients se rendent à nouveau à l’hôpital et l’accès au diagnostic (en particulier la radio et l’examen des crachats) est redevenu normal. Il est possible que l’on observe une augmentation temporaire du nombre de cas à la suite de leur accumulation durant le confinement et dans ce cadre.

    Les rapports épidémiologiques 2020 et 2021 nous diront si la crise Covid-19 a eu un impact sur l’incidence de la tuberculose en Belgique.