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Le soutien complémentaire apporté au secteur des voyagistes en vue de pallier les difficultés liées à la crise sanitaire de la Covid-19

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 407 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 24/07/2020
    • de COLLIGNON Christophe
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Comme d'autres, le secteur des agences de voyages a été particulièrement touché par l'impact de la crise du coronavirus. Depuis le mois de mars, le principal travail des voyagistes a consisté en l'organisation des reports de voyages de leurs clients, sans qu'aucune rentrée financière ne s'amorce réellement pour ce secteur, nonobstant la réouverture des agences aux alentours du 15 juin dernier.

    Toujours d'actualité, la fermeture de nombreuses frontières empêche encore le secteur de vendre les produits touristiques hors Europe.

    Au niveau national, la perte pour le secteur des voyagistes atteindrait aujourd'hui le milliard d'euros. Interviennent dans cette estimation : des frais de réservation déjà payés, mais non récupérés (et qui ne le seront sans doute jamais) à concurrence de quelque 300 millions d'euros, des frais non récupérables de rapatriement forcés de leurs clients à l'étranger d'environ 300 millions d'euros et une perte de marge d'environ 400 millions d'euros.

    Il me revient que la situation serait encore plus critique pour les entreprises exploitant plusieurs succursales en Wallonie. Si les aides mises en place par le Gouvernement wallon leur ont permis de bénéficier d'une indemnité compensatoire unique de 5 000 euros, celle-ci ne prend pas en compte le fait que leurs charges sont proportionnelles au nombre d'agences qu'elles représentent.

    Comparant les aides octroyées par les différents Gouvernements régionaux, les représentants du secteur des voyagistes précisent que la Flandre octroie une aide de crise de 4 000 euros et une prime de relance de 2 000 euros par succursale (maximum quatre), ainsi qu'une aide-journalière de 160 euros (du 17 mars au 7 juin) à chacune d'entre elles.

    À titre exemplatif, une société dont l'une des agences est établie à Huy précise que si ses bureaux avaient été installés au nord du pays, le montant des aides se serait élevé à 77 120 euros, contre les 5 000 euros en Wallonie.

    Le Gouvernement wallon a-t-il été sollicité par le secteur des voyagistes relativement à leurs difficultés et à un renforcement des aides publiques à leur égard ?

    Considérant le fait que leur activité n'est toujours pas pleinement effective, en raison notamment de l'inaccessibilité de nombreuses destinations de voyage, le Gouvernement wallon ne pourrait-il pas envisager d'accorder un soutien financier complémentaire à ce secteur ?
  • Réponse du 11/08/2020
    • de BORSUS Willy
    Le secteur des agences de voyages représente en effet l’un des secteurs particulièrement touchés par l'impact de la crise liée à la Covid-19.

    J’ai eu l’occasion de rencontrer certains représentants du secteur le 15 juillet dernier, lesquels m’ont exposé plus en détail leur situation particulièrement difficile.

    Les agences de voyages sont en effet confrontées au report de voyages de leurs clients, à l’annulation des voyages scolaires, au manque de rentrée financière suite à la restriction des déplacements hors Europe et aux dernières restrictions en ce qui concerne les voyages en Europe.

    Pour rappel, le 20 mars dernier, le Gouvernement décidait d’octroyer une indemnité compensatoire unique et forfaitaire de 5 000 euros à l'entreprise totalement fermée ou à l'arrêt en conséquence des mesures contre le coronavirus Covid-19.

    À cet effet, le Gouvernement a approuvé l’arrêté du Gouvernement wallon du 20 mars 2020 relatif à l'octroi d'indemnités compensatoires dans le cadre des mesures contre le coronavirus Covid-19 (M.B 23.03.2020) modifié par la suite par l’arrêté du Gouvernement wallon du 26 mars 2020 (M.B 30.03.2020).

    Bien conscient que certains secteurs subissent toujours pleinement l’impact de la crise liée à la Covid-19, soit parce qu’ils sont toujours à l’arrêt sur base de décision du Conseil national de sécurité, soit parce que leur activité est intrinsèquement liée aux décisions relatives aux évènements de masse, soit parce que leur activité est limitée en raison de la restriction en ce qui concerne les voyages à l’étranger, le Gouvernement a ainsi décidé, le 9 juillet dernier, de débloquer un montant complémentaire de 55,8 millions d’euros afin d’octroyer une indemnité compensatoire complémentaire de 3 500 euros à ces secteurs particulièrement touchés, le secteur des agences de voyages est éligible à cette nouvelle aide qui est complémentaire avec la première aide de 5 000 euros, mais également avec les aides apportées au niveau des outils économiques et financiers.

    Par ailleurs, je souhaite rappeler que les entreprises du secteur ont accès au soutien spécifiquement mis en place au niveau de nos outils économiques et financiers pour les aider à gérer les conséquences de la crise « Covid-19 » et à relancer le moment venu leurs activités.

    Je pense notamment au produit spécifique lancé par la SOWALFIN, accessible via sa filiale SOCAMUT : le prêt « Ricochet ». Ce prêt permet de soutenir la liquidité de nos indépendants et PME, particulièrement critique en ce qui concerne notamment les secteurs les plus touchés par la crise liée à la Covid-19. Je reste convaincu que ce type de prêts permet un soutien plus adapté pour les secteurs qui subissent un impact sur un plus long terme, au vu des montants plus importants qu’il est possible de mobiliser même si je suis bien conscient qu’un prêt représente de nouvelles charges pour l’avenir …

    Pour rappel, il peut être fait appel via leurs banques au prêt « Ricochet » de la SOWALFIN dont les caractéristiques sont les suivantes :
    - jusqu’à 45 000 euros via un crédit court terme de la banque de maximum 30 000 euros ;
    - le crédit court terme de la banque est garanti par la SOCAMUT à 75 ;
    - un prêt subordonné de la SOCAMUT de maximum 15 000 euros est accordé conjointement au prêt bancaire ;
    - ce prêt est remboursable après une franchise en capital de 6 mois maximum.

    Le prêt « Ricochet » vient s’ajouter aux interventions classiques en garantie et cofinancement SOWALFIN/SOCAMUT, ainsi qu’aux solutions spécifiques en place au niveau du Groupe SOWALFIN dans le cadre de la crise Covid, ces produits intervenant alors davantage en soutien à la solvabilité de ces entreprises.

    Par ailleurs, le dispositif « Ré-Action » de la SOGEPA, programme d’accompagnement économique et financier aux entrepreneurs de moins de 10 personnes qui traversent une période de difficultés passagères a également été mis sur pied.

    Le mécanisme de soutien financier peut prendre trois formes :
     
    Une intervention anticipative lorsqu’une entreprise est en passe de se retrouver en situation de retournement, c’est-à-dire en situation de difficulté. Il s’agit typiquement d’une structure qui n’obtiendrait pas de ligne de crédit auprès d’un organisme prêteur inquiet sur les perspectives d’avenir de l’activité. Cette intervention s’inscrit dans le respect de la règle européenne « de minimis» ;
     
    Une intervention selon les conditions « Fast-Track » de la SOGEPA (1 euro public pour 1 euro privé). Il s’agit ici d’opérer un partenariat avec d’autres organismes prêteurs lors de l’intervention financière. Le partenariat public-privé permet de jouer un effet de levier et de soutenir l’entrepreneur dans ses besoins. Le montant de participation de la SOGEPA est plafonné à maximum 100 000 euros sous forme de prêt ou de participation au capital dans le respect des lignes directrices de la SOGEPA.
     
    Une intervention pour les très petites entreprises déjà en retournement. En l’absence de contrepartie privée, la SOGEPA peut soutenir une entreprise selon les règles européennes « de minimis » à concurrence de maximum 25 000 euros sur la base d’un projet économiquement viable.

    Pour les entreprises en retournement, la SOGEPA peut garantir seule 75 % d’un montant maximal de 2,5 millions d’euros par bénéficiaire. Le dossier est à introduire directement auprès de la SOGEPA.

    Pour combler les besoins urgents de trésorerie des entreprises, la SOGEPA et Wallonie Santé proposent des prêts sans contrepartie privée pour un montant maximal de 200 000 euros avec une franchise de remboursement de 1 an et avec un taux d’intérêt fixe de 2 %.

    J’ai à cet effet mis en relation les représentants des agences de voyages que j’ai eu l’occasion de rencontrer le 15 juillet dernier avec les outils économiques et financiers et il me revient que des contacts ont été pris depuis lors par certains voyagistes, avec la SOWALFIN et avec la SOGEPA, afin de leur proposer des solutions d’accompagnement adaptées.

    Nous continuons, avec le Ministre-Président et mes collègues du Gouvernement à suivre de très près la situation socio-économique et plus particulièrement les secteurs très lourdement touchés par les difficultés et l’incertitude complémentaires actuelles.